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Bonjour Tristesse : Par un sourire

BONJOUR TRISTESSE - Par un sourire (2015)

MDD Records, 2015

Depressive Black Metal, Allemagne

CD

Son (nouvel) artwork ne doit pas tromper : l'album que vient d'éditer MDD n'est pas la seconde offrande de Bonjour Tristesse mais seulement la réédition de son galop d'essai publié à l'origine en 2011 par Self Mutilation Services et désormais épuisé, manière de sceller aujourd'hui la résurrection de ce projet disparu trop tôt en 2012.

Façon aussi de (re)découvrir cette lame de rasoir idéale pour se taillader la peau qui, pour l'occasion, a été nettoyée, dépoussiérée. Comme il est aisé de le deviner, Bonjour Tristesse oeuvre dans le black metal suicidaire et du meilleur. Si on pouvait craindre que des relents Shoegaze viennent en polluer la matière brute, il n'en est heureusement rien, quand bien même on sent qu'ici la frontière entre les deux genres se révèle fragile, poreuse, et qu'il ne faudrait donc pas grand chose pour que le disque bascule dans ce sirop larmoyant (Tu es inscrite dans les lignes du plafond).

D'autant plus que Nathanael, l'unique maître des lieux, a déjà prouvé avec Thränenkind qu'il n'était pas hermétique à cette copulation pourtant souvent inepte. Rien de tout cela par bonheur (?) avec Par un sourire, pure macération d'un art noir dépressif dont il recycle tous les gimmicks : voix hurlée, trame lancinante, atmosphères décrépies et textes ad hoc. Trop peut-être pour totalement émouvoir. Rien de très original également et d'autres masochistes parviennent davantage à capter un sentiment de haine et de douloureuse solitude mais ça fonctionne (encore), le bassiste d'Heretoir offrant presque une leçon de DSBM à l'Allemande que l'amateur toujours à la recherche d'une corde pour se pendre ou de la bande-son pour accompagner la rumination de son spleen, ne pourra que savourer comme il se doit.

Au programme, six titres, six perles écrites à l'encre noire du désespoir, odes mélancoliques d'un jardin secret que le musicien laboure pour exprimer sa souffrance. Sa guitare tisse une toile répétitive dont les fils sont des câbles de tristesse, à l'image de Wieder Allein, pour ne citer qu'une seule de ces complaintes qui toutes ont des allures d'hymnes désolés.

Que dire d'autre à propos de cet essai, modèle du genre, si ce n'est que sa bonne tenue, même s'il n'invente rien, appelle nécessairement une suite que le retour du projet, après un hiatus de deux ans, semble vouloir annoncer...

Childeric Thor - 7.5/10