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Eye Of Solitude : Sui Caedere

EYE OF SOLITUDE - Sui Caedere

Kaotoxin Records, 2012

Doom Death Metal, Royaume-Uni

CD

S'il ne reste plus grand chose aujourd'hui de ce qu'on a baptisé, un peu exagérément à en croire Greg Mackintosh (PARADISE LOST) pour qui cette scène n'a jamais vraiment existé, la sainte trinité du UK Doom, entre un MY DYING BRIDE en pilotage automatique, un ANATHEMA qui cherche désespérément à échapper à sa (vraie) famille, alors que c'est cette dernière qui le soutient encore et non pas celle qu'il cherche à draguer désormais, et un PARADISE LOST toujours convaincant mais plus gothic que Doom, la perfide albion continue d'accueillir des marchands de spleen biberonnés (ou pas) à ce fameux triptyque. Eye Of Solitude est de ceux-ci.

Musiciens aux dents longues, ces jeunes anglais n'ont pas chômé depuis 2010, année qui a vu naître le groupe puisque Sui Caedere marque leur seconde sortie du caveau après The Ghost et sans compter un EP. Sachant qu'ils ne sont pas avares de leur semence qui leur fait remplir à ras bord leurs albums, on ne peut qu'applaudir à deux mains une générosité qui se double d'une inspiration certaine.

Alors oui, fruit de la copulation entre la mélancolie gothique britannique pour les ambiances automnales empreintes d'une sombre poésie et ces câbles de guitares misérables (\"A Note To Say Farwell\") d'un côté et de l'école scandinave pour les gorges profondes de son chanteur ainsi que cette brume de claviers mortuaires (\"Those Who Don't Return) de l'autre, Eye Of Solitude n'innove en rien. Oui, du haut de ses 78 minutes, Sui Caedere illustre que ses auteurs ont oublié que la durée idéale d'un album reste celle imposée par le vinyle et que par conséquent ils auraient été inspirés de se livrer à quelques coups de ciseau bienvenus, ce qui aurait permis à cet ensemble de paraitre plus digeste qu'il n'est, même si le menu défile finalement plus vite qu'on ne le redoutait.

Reste que la maîtrise des anglais est incontestable et que tous les fidèles de la déesse Doom dans son apparat le plus sinistre, sauront trouver dans cette seconde prière matière à ruminer leur tristesse, à épancher leur soif de souffrance mise en musique. Des perles telles que \"Yet I Breathe\" qu'irriguent ces lignes de guitares entêtantes, véritables lanternes perçant le brouillard, ou bien encore - et surtout - \"Totem Of A Pagan Through\" d'une emphase funéraire, sont les cordes qu'ils recherchent non sans un certain masochisme.

S'il n'évite pas toujours le piège de la lenteur monolithique qu'il a lui même tendu, Eye Of Solitude demeure attachant dans sa vassalité pour le Doom Death qu'il ne cherche pas à révolutionner, seulement à honorer avec le respect d'un enfant pour le travail établi par ses glorieux aînés, avec une modestie qui n'interdit toutefois pas une certaine prétention par ailleurs justifiée.

Childéric Thor - 7/10