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Feigur : I, Pestilence

FEIGUR - I, Pestilence

Occultum Productions, 2008

Depressive Black Metal, France

Album CD

Feigur est une jeune figure de la scène black metal qui pourtant, par une certaine imagerie (pochette sublime et élégante à souhait) et surtout une musique forte est déjà peinte d'une virtuosité inéluctable. I, Pestilence est le premier opus de ce one-man-band français.
L'œuvre de Feigur a pour but de se heurter violemment à l'existence par des ondes de désespoirs, de clameurs maladives, d'interminables nappes abyssales quelquefois apaisées par des mélodies d'ode à la nature sauvage.
En effet I, Pestilence est une progression dramatique qui se meut dans une marrée d'ombres langoureuses piste après piste. Le premier prémisse du disque commence par \"Forêt De Brume\" dans un rythme lancinant et hypnotique soutenu opiniâtrement par des riff distordus. L'ombre y est dessinée impitoyablement jusqu'à laisser entrer une légère lueur par quelques notes vagabondes de piano, allégorique d'une prière sur un paysage de clarté au détriment de la rature humaine.
C'est donc dans cet teoptique principale que Feigur orchestre son néant. Suintant un Black Metal froid et décadent glissant timidement sur des notes lointaines et mélodieuses qui cependant, trempent dans une homogénéité sans cesse torturée. On ne peut écouter cet opus dans la cécité d'un monde humain désuet et clownesque. Certaine piste comme \"The Suicidal Perfection\" y assure une perdition cérébrale sans précédent face au regard meurtrier et hypocrite de l'homme. L'apathie et le dégout sont mêlés aux guitares dissonantes qui se couchent sur une voix à vif dans la trépidation. Dans cette éclipse totale pourtant, parfois se glisse une méditation poétique de la nature dans une chorégraphie de parties acoustiques de guitares et de piano mineurs sur des éléments de la nature. Un dualisme de pureté sauvage et de vomissures humaines sont donc de la partie et assure une élégance dans la douleur.
Dans une scène où le black metal dépressif est assez pauvre dans les atmosphères, Feigur fait preuve d'originalité à y mettre beaucoup de soins grâce à une basse intelligente et des synthétiseurs lyriques, offrant un contenu authentique au cœurs des sentiments obscurs évoqués lors des cinq pistes que l'on ne vois pas défilés. C'est peut-être le seul défaut de ce disque: un temps un peu trop court par rapport à l'immensité talentueuse du contenu. Mais I, Pestilence reste une œuvre dont on doit se délecter de son cru si énivrant, que les ténèbres elle-même rougissent d'une aussi belle mîme.
Enfin si vous aimez les désastres spirituels et les spleens sans fin, Feigur reste donc une formation déjà indispensable. La suite se prépare en février. De mon point de vue, je pense que cela est événementiel pour le black metal dépressif. Car Feigur fera surement parler de lui.

Lord Of Corpse - 8/10