Deus Ex Machina Division, 2010
Black Metal atmosphérique, France
CD
Originaire des Alpes, Graf-von-Feigur meneur de Feigur a déjà bien pu déclencher enthousiasme et espoir face à une demo très bien reçue par la critique underground française (d'ailleurs une chronique est disponible sur ce webzine). Cet opus attendu depuis 2009 déjà, nous arrive enfin entre les mains et il saura se montrer à la hauteur de nos espérances.
Effectivement, si la première demo s'avérait être un monument d'obscurité et de féérie funeste qui méritait simplement de murir, ce nouveau chapitre fait preuve d'un progrès remarquable. Tout d'abord, me voilà face à un artwork aéré, simple et sinistre : des branches d'arbre de période automnale sous fond de ciel grisâtre (un peu comme The Mantle d'AGALLOCH). Mais venons-en à la musique. L'atmosphère est plus travaillée et elle se montre encore plus éthérée et distante; le clavier renforce ce sentiment d'apesanteur sous fond d'ambiance ectoplasmique et poétique. Et quand je parle de poésie, je ne fais pas référence à toutes ces plaisanteries gothico-romanesques, mais plutôt à un véritable désespoir, de l'existentialisme pur et de l'émotion à l'état brute. Les lignes guitares sont la plupart du temps jouées dans un registre de mi-solos lents et planant aux mélodies mélancoliques. On trouve aussi certains passages épiques comme sur le titre Die Herrschaft Des Eises/Leichenschmaus , qu'on croirait presque influencé par ANGANTYR ! Par contre, il faut préciser que la plupart du temps la saturation guitare n'a pas vraiment d'effet d'ampleur, elle est même faible et se veut très discrète, préférant jouer la carte de l'esthétisme funéraire, en accentuant les notes aigües. Un passage hors du commun qui prouve encore une fois la diversification et le point fort de cet album, c'est l'envoutante technique \"ballad\" à la basse rebondissante sur le morceau Desolation . Les rythmes sont down-tempo , entrainants dès que nécessaire, ils accompagnent en parfaite harmonie l'ensemble des instruments. La voix est profonde et maladive, gémissante et souffreteuse, dans le registre BLOOD RED FOG / BETHLEHEM avec bien plus de réverbération. Seul quiproquo de l'album : la durée. En effet l'album s'avère bien trop court, on a seulement le temps de pénétrer dans une autre dimension que nous voilà vite arrêtés dans notre élan !
Donc, au final, cet album constitue un petit bijoux d'atmosphères nocturnes et fantomatiques soutenu par une ambiance travaillée à la perfection. Je pense que l'objectif est atteint, Feigur est désormais une entité unique au sein de la scène underground. En attendant le prochain, je conseillerais cet album aux partisans de DROWNING THE LIGHT et du Par Hauts Bois et Vastes Plaines de FORTERESSE.