Ossuaire Records, 2017
Black Metal, France
Album CD
Nous avions laissé Fhoi Myore dans les limbes pourpres de l'excellent split partagé avec Wyrms en 2015. Le voilà de retour avec ce qui n'est finalement que son deuxième véritable opus longue durée. Mais, toujours adeptes du format court, les Niçois accouchent avec Per Antiquum Chaos Divina Animae Fides d'une offrande aussi ramassée (37 minutes au jus) que son titre est à rallonge. Dans ses entrailles tendues bouillonne toutefois une intensité fielleuse que charrient des compositions aussi épiques que labyrinthiques qui, tel un cataclysme, emportent tout dans leur sillage, ne laissant que mort et désolation.
Conjuguée à une technique de plus en plus affûtée, loin de ses tâtonnements pubères, la brutalité épidermique dont il ouvre les vannes, commande au groupe une création rageuse, sans doute la plus incisive de son œuvre, laquelle ne laisse aucun répit à l'auditeur qui en termine la pénétration douloureuse, à genoux, la tête basse et néanmoins prêt à tendre la joue gauche en ouvrant la bouche pour accueillir le nectar empoisonné des Français. Sans jamais débander, ces derniers martèlent un black metal cosmogonique et tentaculaire dont la rapidité torrentueuse se heurte parfois à des lourdes falaises (Le royaume des coprophages).
Mis bout à bout, ces cinq saillies qui s'enchaînent, dressent dans la nuit un bloc cyclopéen dont la globalité monstrueuse n'est visible qu'une fois les dernières mesures de Rituel cosmique achevées. C'est alors que Per Antiquum Chaos Divina Animae Fides s'offre à nous, fier et agressif, la hampe noire tendue vers des sphères célestes inconnues. A l'unisson d'une violence organique, les musiciens creusent de ténébreuses galeries à l'intérieur de ce monument plongé dans des abysses indicibles qu'aucune lumière ni espoir ne parviennent à atteindre. A ce titre, Notre guerre est un modèle de black metal sans concession qui, après une intro aux percussions militaires, se voit lacéré par des guitares tranchantes comme un scalpel tandis que, vortex haineux, le chant venu des enfers de Sreng des sept épées, en poisse de sang les sombres et rocailleuses cavités. En dix minutes, tout est dit avec une malfaisance chaotique et reptilienne tout ensemble alors que le morceau éponyme monte encore d'un cran supplémentaire en terme de bestiale férocité. Il faut attendre la longue - et superbe - entame du Banquet des cendres pour reprendre notre souffle, pause cependant de très courte durée avant que les éléments se déchaînent à nouveau.
Publié par Ossuaire Records et paré d'un bel artwork dû au fidèle Tedd (Wyrms), Per Antiquum Chaos Divina Aniame Fides dévoile un Fhoi Myore maître de son art, démiurge d'un black metal torrentiel grondant d'une puissance millénariste.