Season Of Mist, 2016
Black Metal, Suède
Album vinyle
DRUDKH ne reste jamais absent très longtemps, crachant sa semence païenne et atmosphérique à un rythme soutenu, entre offrandes longue durée, rares EP et splits, exercice initié par une alliance avec Winterfylleth en 2014 et poursuivi cette année coup sur coup avec One Who Talks With The Fog / Pyre Era, Black ! et Betrayed By The Sun / Hägringar qui voient les Ukrainiens s'associer respectivement aux Norvégiens d'Hades Almighty puis au suédois Grift.
Encore une fois, certains jamais mécontents ou d'autres ayatollahs restés bloqués sur ses premiers méfaits, argueront que Roman Saenko serait inspiré de rompre avec cette frénésie créatrice qui ne donnent, selon eux, plus rien d'aussi bons que Forgotten Legends (2003), Autumn Aurora (2004) et Blood In Ours Wells (2006), sommet inaccessible, il est vrai, d'une carrière qui pourtant continue à s'enrichir, quand bien même elle ne surprend plus guère. Il faut cependant être sourd ou de mauvaise foi pour ne pas reconnaître la valeur de A Furrow Cut Short, dernier album en date, gravé en 2015 et dans le sillage duquel s'inscrit naturellement ce second split livré en quelques mois.
His Twenty-Fourth Spring et Autumn In Sepia se révèle être ainsi deux pièces épiques dans la lignée de ce que le groupe forge depuis ces dernières années. La première d'entre elles démarre sur les chapeaux de roues, martelant un black metal fielleux et rapide comme un torrent en crue, jusqu'à cette fissure qui vient briser cette cadence effrénée. Le tempo se fait plus lancinant et cette mélancolie coutumière étend alors un tapi automnal dont les guitares grésillantes sont les fils de désespoir. Le titre, certainement un des plus beaux composés depuis longtemps par les Ukrainiens, se poursuit ensuite, plus noir encore, creusé par le chant abrupt de l'indéboulonnable Thurios. L'autre morceaux s'avère tout aussi réussi, fait de ce même bois sinistre et majestueux, avec cette basse qui claque et ces choeurs empreints d'une noble solennité tandis que les ambiances agressives galopent à travers de vastes paysages aux couleurs de feu.
One-man band, Grift se fend lui aussi d'une doublette aux dimensions étirées, gravitant autour des neuf minutes au jus. A la tristesse forestière de DRUDKH succèdent des émotions blafardes, cafardeuses qu'égrène une guitare squelettique cependant que le maître des lieux, Erik Gärdefors, hurle dans une nuit engluée par le froid. Tavelé de mélodies obsédantes, 'Källan' renoue avec les atmosphères désenchantées de mise sur Syner notamment. Quant à Cirkeln, une longue partie instrumentale l'entraîne à mi chemin dans une sente plongée dans l'obscurité. Et si on préfère la partition des Ukrainiens, le Suédois n'a pas à rougir de la comparaison, artisan d'un black enraciné dans la froide terre nordique.
Quatre pistes, deux groupes et un même sentiment de désespoir gravé dans une nature austère.