La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Hate Forest : Battlefield

HATE FOREST - Battlefield

Slavonic Metal, 2003

True raw black metal, Ukraine

Album CD

Je ne fais pas dans l'originalité en choisissant de commenter un album de Hate Forest. Un album ? Non : l'Album ! Si vous devez retenir quelque chose de dithyrambique de ce groupe ukrainien, c'est bien la chose \"Battlefield\".

Il représente l'oeuvre la plus aboutie et la plus mature du groupe dans sa formule, où chaque morceau est devancé d'une introduction, chants slaves, complaintes féminines relatant des légendes ou des épisodes tragiques de leur histoire, personnelle ou nationale. Le plus abouti dans la solennité des titres où les riffs de guitares côtoient sons de cloches et synthés, dans la barbarie et l'aspect martial de l'ensemble, enfin dans l'inquiétante atmosphère qui s'en dégage.

L'album est martelé de l'implacable son impersonnel et froid de la batterie, limite casserole par instant, mais elle arrive à imposer un son. Le rythme lancinant s'efface et laisse place à l'extension belliqueuse des tambourins.

La voix, elle, ne change pas par rapport aux autres albums, pas de surprise et elle est toujours aussi caverneuse, d'une harmonie parfaite avec ce que le groupe veut nous imposer : deux sociétés claniques s'affrontant. Les images disparates se syncrétisent dans une globalité, forment une ouverture vers un au-delà.

Un morceau attire surtout mon attention, évidemment le quatrième qui est, et le prélude d'une confrontation puis le déroulement de la bataille, et sa conclusion. Le rythme lent et mi-tempo de début s'efface pour une batterie, rapide et froide, efficace tandis que les tambourins et riffs rivalisent dans le sinistre du tableau.

On termine par des roulements de tambours, entrelacés de cloches qui ajoutent au tragique de la scène une pointe de recueillement. Hate Forest est alors impérial dans sa posture de maître et de vainqueur tant sur \"le champ de bataille\" que dans la structure du titre.

L'outro est une surrenchère dans le macabre de l'album : c'est une conférence, un lot de lamentations de babouchkas et de veuves éplorées. On les imagine très bien aux enterrements de proches, enveloppant le cimetière et accompagnant les défunts jusqu'au charnier.

Une phrase de l'Edda est particulièrement appropriée pour cette galette monstrueusement excellente : \"Toutes choses passeront, ne resteront que la mort et la gloire des morts.\"

Le tout forme un hors-classe qui passe à la postérité, un black haineux qui contamine, on peux même dire qu'on touche au sacré.

Une dernière mise au point pour tous ceux qui baffouaient Hate Forest en le résumant à sa voix death : plantage complet pour vous lorque la finesse s'allie à la brutalité, la gravité des accords et l'obscénité des pleurs. C'est une charge en règle contre le passable et une plaidoirie poétique sacralisée par un génie, une expression de ce qu'on peut faire de mieux dans le black.

A bon entendeur...

Mönnos