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Hellixxir : Corrupted Harmony

HELLIXXIR - Corrupted Harmony

Symbol Musik/Season of Mist, 2011

Thrash metal, France

Album CD

Malgré le décès en 2011 de leur bassiste/chanteur Camille après l'enregistrement, les thrasheurs grenoblois ont souhaité lâcher leur deuxième opus baptisé Corrupted Harmony ; cette musique postmortem mettra sans doute en valeur le côté sombre de cet album à celui qui sait y prêter une oreille attentive. Avec Hellixxir, pas de thrash nerveux à l'américaine ou à l'allemande façon années 1980, ni du gros thrash à la suédoise des années 2000. Hellixxir propose une musique très variée, dans laquelle les riffs incisifs ont autant de place que ceux plus mélodiques, laissant la place à de nombreuses ambiances bien travaillées, surtout dans les titres de fin de l'album. Les morceaux sont souvent bâtis autour d'une rythmique thrash bien trouvée, donc bien entêtante, et de nombreux arrangements fouillés mettront en valeur cette ossature, toujours avec beaucoup de subtilité. Ainsi, la set-list de Corrupted Harmony est-elle bien variée et regorge d'ambiances différentes, sans jamais toutefois perdre le fil du thrash. Oui, la force de Hellixxir est de rester thrash, sans réellement tomber dans le progressif. A l'opposé total d'un SODOM ou d'un TANKARD aussi ravageurs que linéaires, les titres de Corrupted Harmony s'identifient bien entre eux, tels le titre éponyme (le quatrième) avec son riff thrash bien killer, encadré par un sample, ou ce « Oppressions » (le cinquième), bien rugueux, très old school, rappelant un peu les premiers méfaits sonores de DEATH ou d'AGRESSOR. De nombreuses sorties mélodiques, comme l'intro de Constant Fear, évoquent même la virtuosité d'un MEGADETH. Cette direction musicale est à mon sens le meilleur moyen de se démarquer d'une scène qui a presque tout dit dès les années 1980, et qui s'est auto-suicidée, tellement elle était obnubilée par une course effrénée vers la rapidité maximale. De son côté, la production est bonne, sans surgonflage, à part le chant de Camille, dont la voix polyvalente (cri rageur ou gutture éraillée) aurait peut-être méritée d'être plus en avant, alors que sa basse, elle, claque vraiment bien dans le mix. En bref, ce troisième assaut de Hellixxir se veut moderne, en portant autant d‘émotion sombres dans ses mélodies que d'agressivité dans ses gros accords bien gras. Une originalité à défendre !

Autocratôr - 08/10