Visceral Circuitry Records, 2024
Doom Death, Espagne
EP CD
On peut être certain d’une chose, lorsque Gabriel S. édite un album que ce soit avec Nihilistic Holocaust ou Visceral Circuitry Records, ce ne sera pas un machin policé ou à la mode mais au contraire un truc bien old school. Rien de surprenant donc qu’il ait cette fois-ci jeté son dévolu sur Mirror, one-man band espagnol qui macère dans le jus putride d’un death doom baveux à souhait. Ce qui l’est plus peut-être est le format sous lequel il publie la bestiole. Au CDr glissé dans un digipack soigné, la bonne vieille tape des familles aurait ainsi été plus adaptée.
Ce n’est toutefois qu’un détail qui ne grève en rien l’intérêt de ce mini-album dont les dix-huit minutes exhalent le fumet sinistre d’un death à l’ancienne, le frein à main serré, l’accordage plus bas que terre, les vocalises d’outre-tombe qui râclent. On pense au UK Doom, les vieux Paradise Lost ou Anathema lorsqu’il n’avait pas encore viré sa cuti pour un rock atmosphérique chiant comme un dimanche pluvieux.
Plantés dans un caveau brumeux et rapide comme une limace shooté au Valium par boîte de douze, ‘Planet Death’ et ‘The Stygian’ grouillent de cette sève à la fois granitique et pestilentielle qui fait trembler les murs et ouvre dans le sol des crevasses desquelles s’échappent de funestes remugles. Bref, du doom death comme on l’aime et tel qu’il devrait toujours sonner, avec beaucoup de zombies dedans. Les deux autres titres sont plus étonnants, ‘Harvest’ parce qu’il est instrumental et (parfois) plus véloce, ce qui ne l’exonère pas de cette fièvre funèbre et doomy, ‘Funeralism’ parce qu’en dépit de son nom, il dresse des couleurs (un peu) plus mélodiques, ce qui là encore ne suffit pas à le vider tout à fait de sa moelle morbide.
Petite chose de moins de 20 minutes au jus peut-être, Harvest n’en est pas moins indispensable pour les amateurs de death doom cendreux.