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Old Black : Vagäbond Öf Hell

Black Pandemie Production / Acid Vicious, 2023

Black 'n' Roll, France

EP CD

Old Black n'est pas un groupe très pressé ni vraiment fertile. Depuis 2006, année où il a vu la nuit, deux démos, un split et un premier album (Just Fucking Christ) se sont succédé en l'espace de douze ans, aujourd'hui enfin complété non par une seconde offrande longue durée mais par un EP. En sachant que tout ça ne dépasse jamais les 35 minutes au jus, c'est peu dire que les Français se montrent plutôt avares de leur semence, cradingue et maléfique comme il se doit.

Mais finalement, on s'en fout pas mal, l'intérêt de Old Black étant ailleurs, niché dans la fente ce black (forcément) primaire plus que primitif dont la sainte trinité sexe, drogue et rock'n'roll forme le combustible délicieusement impie et blasphématoire. Au départ, jouet d'un seul gaillard (Old, par ailleurs nouveau chanteur de Kveste), ce one-man band s'est mué depuis en un vrai groupe, un bassiste et un batteur ayant été recrutés. Cela ne change sans doute rien à l'affaire pourtant Vagäbond Öf Hell marque une légère évolution par rapport à Just Fucking Christ en ce sens que, imbibé de mauvais whisky et le manche planté dans les profondeurs poilues, il appuie davantage sur l'accélérateur d'un black'n'roll qui sent sous les bras et pisse de l'huile de vidange. Bécane crachée de l'enfer, cuir et cul nourrissent le credo de cette petite poignée de saillies poisseuses mais toujours aussi rudimentaires.

Mais en tétant les mamelles de Motörhead plus que celles du metal noir bas du front, bestial et satanique, quoique toujours souillé d'un stupre mazouté, Vagäbond Öf Hell fait plus que surclasser son prédécesseur, il sait nous donner envie de taper du pied, de sucer des bières et nous file tout simplement la trique des grands jours, épaisse et gonflée de cambouis. Les clochards ont raison de serrer le frein à main, dressant une turgescence rampante ('Petröl') qui leur inspire des riffs certes basiques mais qui opèrent comme des scalpel labourant la chair et la mémoire ('Fishgirl').

Le quart d'heure que dure cette rondelle, unissant les forces obscures de Acid Vicious et de Black Pandemie Production, suffit autant à rassasier notre gosier qu'à témoigner que les coups de boutoir graisseux conviennent mieux à Old Black que les pénétrations diaboliques. Echappé de l'enfer, ce qui est désormais un véritable groupe, nous revient donc plus en forme que jamais et à l'avenir, on l'espère, moins paresseux et plus prolifique !

Childeric Thor - 8/10