Occultum Productions, 2022
Necrodrone, France
Album Tape
Nouvelle hostie de Sombre Présage, vicaire d'un necro drone gravé dans le marbre d'une religiosité sinistre, Céleste est à l'instar de Autre temps (2021) proposé dans une luxueuse et massive box en bois qui, outre sa version CD, renferme une bible, un drapeau et divers accessoires pour créer l'ambiance requise à sa défloration. On reconnait là le soin que Voxum apporte toujours à ses créations dont l'écoute impose un cadre, solitaire et nocturne, propice à un recueillement immersif, à une pénitence crépusculaire.
Sombre Présage n'est donc pas qu'une question de musique, de sons mais avant tout une question de foi, de périple intérieur. Chaque nouvelle offrande est pour lui l'occasion d'explorer inlassablement les sombres travées d'un drone funèbre au souffle tentaculaire. Si par sa forme robuste (trois plaintes en quarante minutes), Céleste épouse l'architecture chère à son auteur, l'œuvre n'en pas moins surprenante par son expression certes toujours aussi hantée et glaciale mais plus emphatique dans sa submersion grondante. Son titre même suggère d'ailleurs une idée d'élévation, ascension que matérialise d'emblée le morceau éponyme dont les nappes dark ambient résonnent au son du glas en une complainte enveloppante, chapelle désolée que pénètrent peu à peu des chœurs fantomatiques comme prisonniers d'une nef orageuse.
Plus hypnotique, 'Sang Noir' étire son pouls grésillant en un retable énigmatique niché depuis le fond des âges dans les arcanes d'une crypte majestueuse. Quoique parasitée par ces kystes ferrugineux, l'atmosphère se fait moins brumeuse, presque élégiaque dans son bourgeonnement céleste. Le voyage intérieur s'achève par le bien nommé 'Orage', magma pluvieux aux allures de liturgie désolée qui envahit l'espace à la manière d'une voûte imbibés de ténèbres. Le drone s'efface, s'estompe au profit d'un dark ambient contrit et asphyxié. Mais comme toujours avec Sombre Présage, on mesure vite combien chercher à en décrire la semence sacrée se révèle vain tant l'exercice peine à en saisir, à en capter la force souterraine et le pouvoir d'évocation.
Confinant à une forme de transe mystique, Céleste n'en marque cependant pas moins une étape, une évolution dans la carrière de Voxum, l'unique maître des lieux, moins sévère sans doute, plus accessible peut-être même mais pas moins tripant dans sa noirceur contemplative.