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Ars Moriendi

Dark/Ambient, France

26/06/2012

Géniteur d'un musique profondément personnelle et originale, Arsonist s'est livré à l'exercice de l'interview pour nous dévoiler quelques pans de son univers :

1 - Salut Arsonist, peux-tu présenter Ars Moriendi pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore ?

J'ai fondé Ars Moriendi en 2001 après le split de SOLIPSIS, projet black/death que je composais avec mon camarade TP. Au départ AM devait être un projet "Medieval Ambient", mais des guitares saturées ont fait leur apparition dès la première démo "Extrême Onction" (2001). L'ensemble est resté totalement instrumental sur les 2 premiers albums autoproduits, puis j'ai commencé à intégrer quelques parties de chant black à partir de "Venefica" (2003). La musique d'AM a ensuite évolué au fil des albums vers quelque chose de plus black tout en restant épique et expérimental, et surtout en cherchant à évoluer en permanence.

2 - Pourquoi avoir enregistré tant de démos avant de sortir un album complet ?

D'abord je préfère parler d'albums autoproduits plutôt que de démos. Chacun d'entre eux dure entre 40 et 60 minutes et possède un concept, une histoire propre. Ce qui différencie ces albums des deux derniers, c'est qu'il n'ont pas été sortis par un label, mais ils font indéniablement partie de l'évolution d'Ars Moriendi. Pour répondre plus précisément à ta question, si j'ai sorti autant d'albums autoproduits, c'est tout simplement parce que aucun label ne m'a contacté avant "L'Oppression du Rien". Par ailleurs, j'invite les gens qui s'intéressent de près à AM à découvrir ces albums.

3 - Tu joues une musique très personnelle et introspective, est-ce la raison pour laquelle tu n'as aucun collaborateur dans ton projet ?

J'ai toujours souhaité qu'AM soit "ma chose", un univers construit de A à Z par mes soins tant sur le plan musical que textuel. Je n'ai par conséquent aucun compromis à faire. C'est une approche très différente de celle que l'on peut rencontrer au sein d'un groupe mais c'est également très intéressant car le projet aboutit à une véritable représentation de soi en musique. Cette démarche rapproche le musicien de ce que l'on rencontre dans d'autres arts solitaires comme la peinture et la sculpture, ce qui est difficile à atteindre au sein d'un groupe.

4 - Quelles sont tes influences (musicales ou autres) ?

A l'image de la musique d'Ars Moriendi, mes goûts sont extrêmement larges et éclectiques. J'écoute beaucoup de black mais aussi du death, du heavy, du thrash...Hors metal, Elend et Ulver sont assurément des influences majeures pour moi.

5 - Le nom du groupe, inspiré des Arts de bien mourir, fait référence à une perspective chrétienne d'aborder la Mort, pleine de repentir et d'espérance en l'Au-delà. Es-tu proche de cette attitude face à la Grande Faucheuse ?

Pas vraiment, étant athée, le repentir et l'espérance dans un au-delà paradisiaque ne font pas vraiment partie de mes préoccupations. Les Ars Moriendi sont une très belle illustration de l'emprise d'une religion sur les esprits, et plus généralement sur l'ensemble d'une civilisation. Ils revêtent également une dimension historique. C'était donc un nom parfait.

6 - Te sens tu faire partie de la scène Underground ? Celle-ci a-t-elle favorisé ton émergence ?

Oui, Ars Moriendi fait assurément partie de la scène underground. Mon projet jouit d'une reconnaissance encore toute relative et restreinte même si la sortie des deux derniers album lui a permit de sortir quelque peu de l'ombre. J'ai noué de nombreux contacts au fil des ans, et pas mal de mecs de la scène qui appréciaient beaucoup Ars Moriendi ont grandement contribué à le faire connaître. Je pense notamment à mon ami Geisterber qui fait beaucoup pour la scène clermontoise et dont le zèle promotionnel à l'égard d'Ars Moriendi n'est plus à démontrer.

7 - Ars Moriendi en concert, ce n'est pas possible tout seul mais est-ce envisageable un jour ?

Pour le moment Ars Moriendi reste un projet uniquement studio. J'ai une femme, un travail et une thèse d'histoire en cours de rédaction. Tu comprendras donc que former un groupe, bosser une set-list et faire des concerts n'est pour le moment pas envisageable, et ne le sera probablement jamais. J'espère déjà pouvoir faire vivre Ars Moriendi encore longtemps en enregistrant d'autres albums.

8 - Outre la Horde Noire, comment s'élabore ton plan visant à la domination médiatique mondiale (visibilité dans des magasines, sur internet...) ?

Tout cela reste très artisanal. Je bénéficie, via mon label, d'une bonne diffusion sur les différentes distros. Par contre, Archaic Sound n'ayant trouvé aucun label français voulant distribuer ses albums dans notre beau pays (merci SoM) je suis forcé de faire la promo moi-même. Donc envoi de cd à mes frais. Quant au magazines papier, je n'y ais pas accès. J'ai bien envoyé des promo à Metallian ou Rock Hard mais sans succès.

9 - Malgré toutes les références mortuaires de ta musique, Ars Moriendi garde t'il un bon vieux côté Sex Drugs and Rock n' Roll ?

Pas vraiment non, ce n'est pas l'esprit du projet...

10 - As-tu d'autres projets que tu souhaiterais nous faire découvrir ?

Oui, en dehors d'Ars Moriendi, je participe à d'autres projets de manière ponctuelle. Un split album devrait sorti d'ici quelques semaines sur Archaic Sound associant Ars Moriendi à Notre Amertume, projet que je partage avec Ivo Illiev, leader de Darkflight (Bulgarie). Ce dernier m'a contacté il y a un an avec plusieurs instrumentaux de sa composition pour un nouveau projet. Il m'a demandé si j'acceptais d'écrire les paroles et d'enregistrer la voix, ce que j'ai fait avec grand plaisir pour un résultat final vraiment très bon. Les morceaux d'Ars Moriendi qui figureront sur ce split ont été enregistré il y a quelques années et sont dans une veine plus mélancolique que ce que l'on trouve sur le dernier album. Sinon je participe comme bassiste au projet de mon ami Geisterber, intitulé Rein, et qui joue un black influencé par la scène ukrainienne Hate Forest en tête. Le premier album devrait être disponible dans quelques mois.

11 - A quelques semaines des élections présidentielles, la politique te semble t'elle un mal nécessaire ou la perpétuation de la domination sociale d'une élite sur la masse (ou ni l'un ni l'autre d'ailleurs) ?

Je ne suis pas anarchiste, par conséquent je considère que la politique est nécessaire pour faire fonctionner une société. Ceci étant, j'ai de plus en plus de mal à me reconnaître dans les discours et les postures. La politique est devenue trop mécanique, médiatique...tout est trop calculé et manque de spontanéité. Bref, je n'arrive plus à croire en la sincérité de ces gens...

Sargon