Combat Rock, 2011
Streetpunk / rock, France
Album CD
2011 : De l’eau a coulé sous les ponts, et après de nombreux changements de line-up, l’insubmersible gang à crêtes et spikes mené par Caps, le bassiste péroxydé, sort "Résistance électrique", son 7e album. Mon gène punk/rock a immédiatement été interpellé par la pêche qui se dégage de cette galette. Là où les Ramones ont pris trop de rides, où les Béruriers Noirs, Sheriff, Porte-Mentaux et autres légendes ont disparu, Charge 69 se tient toujours debout pour accoucher d’un excellent disque.
Une intro speed/thrash bien abrasive donne de suite la couleur. Car tout au long de l’écoute de 15 titres qui sont autant de bombes à défriser les perruques de glameurs, nous ne découvrons que des riffs accrocheurs et finement ciselés, sans aucun temps mort, appuyés par une section rythmique implacable. Flirtant souvent avec le thrashmetal, le guitariste Mumia assure sans se répéter. Exit ici le cliché du punk manchot... Sur scène, avec une telles set-list, ça doit vraiment être le pied ! Ensuite, les textes se révèlent très bien écrits, très actuels même : la société étriquée ("qui sort des rangs..."), le consumérisme ("Au paradis des vendus"), les conflits armés ("En lambeaux"), le système politico-médiatique ("Sans concession"), les spéculateurs ("Banskter"), ou encore la surpopulation ("Strict minimum") et la pollution ("Bientôt la fin") sont finement disséquées par le chant intelligible de Vérole (ex-chanteur des Cadavres). Pas besoin de drapeaux noir ou rouge ni d’excès de vulgarité pour avoir la critique radicale, ce qui donne finalement plus d’impact à ces lyrics non sectaires. D’étonnants textes plus intimistes ("corps et âme", "Rêves lacérés" ou "Silencio") complètent judicieusement les thématiques de cette galette.
Un dernier point fort du groupe est l'emballage : Résistance électrique est un album puissant avec un son rond et bien mixé qui passe parfaitement sur de bons amplis, mettant pour une fois la basse bien en avant. Cette puissance est d'ailleurs judicieusement illustrée par la grenade-guitare figurant sur la pochette. Bons riffs, bons textes bon son, bel artwork... Les puristes portant une épingle dans le nez depuis trouveront peut-être tout cela un peu trop propret. Car Charge 69 se positionne clairement dans le XXIe siècle. C’est peut-être cette démarche exigeante qui a permis de sortir la musique (et l’esprit) punk de leur ghetto dans les années 1990. Les metal-heads pourront donc parfaitement déguster cette rondelle abrasive !