De Tenebrarum Principio, 2012
Black Metal, France
EP
Un (petit) coup de gueule pour commencer (c'est un vieux con qui parle)... Pourquoi ne proposer cet EP qu'en format digital, quand bien même ces quatre titres étaient originellement conçues pour un split avorté avec Dark Managarm ? Parce que, déjà, nostalgique des vinyles et de la bonne vieille cassette audio des familles, on a bien du mal à trouver un quelconque charme à de simples fichiers MP3, alors quand en plus la qualité de la musique en présence justifie à elle seule l'existence d'un vrai support physique, on ne peut s'empêcher de faire la gueule. Voilà, c'est dit ! On imagine que l'opération est plus rentable pour De Tenebrarum Principio, l'actuel label de Moonreich, d'autant qu'un EP de 20 minutes n'est bien entendu pas le truc dont on vendra des cagettes entières.
Ceci étant, sa nature immatérielle n'empêche pas Curse Them d'être un objet en tout point intéressant en cela qu'il confirme tout le bien qu'on pensait de ces Franciliens, depuis Zoon Politikon et plus encore grâce à Loi Martiale, leur jet séminal. Comptant désormais dans leur rang Macabre, à la basse, dont on suit avec intérêt le project de true black dépressif, Mortis Mutilati (on ne saurait trop vous conseiller à ce titre le récent Sombre neurasthénie ), le groupe ose offrir en guise d'intro des bribes d'un chant religieux islamique, appel à la prière dont on devine qu'il n'est que le prélude à une débauche de haine, véritable matrice des religions d'hier et d'aujourd'hui, thème en adéquation avec le concept guerrier développé par ses auteurs. Slay The Prophet démarre ensuite sur les chapeaux de roue, déchiré par de vicieux et malsains breaks, avant que de repartir comme en 40 par le biais de blasts déchaînés, tandis que des riffs implacables le sillonnent. En presque 8 minutes, Moonreich prouve qu'il est un groupe sur lequel il faudra vraiment compter à l'avenir !
(Bonne) impression confirmée par The Serpent Presaging, aux aplats plus lourds bien que toujours rapides puis par le titre éponyme lui aussi écartelé par des crevasses mid-tempo où les guitares vous labourent la chair tel des scalpels au goût de rouille. Peu familier de Christian Death dont il est une reprise, nous n'émettrons pas d'avis concernant Deathwish, si ce n'est qu'il se fond sans heurts dans un menu dont l'érection ne se ramollit jamais.
Dommage vraiment que l'on doive se contenter d'un support digital, Curse Them mérite mieux... Pour autant, sans cela, ces titres auraient-ils été publiés sous une autre forme ou auraient-ils rejoint une oubliette pour y demeurer à jamais ? N'est-ce pas cela qui au final aurait été dommage ?