Cold Dark Matter Records, 2018
Ambient Drone ritualiste, France
EP Digital
Si par sa noirceur incantatoire et oppressante, il renvoie à leurs chères études bon nombre de groupes de black metal dont les membres sont persuadés qu'il suffit de faire la gueule, une croix renversée autour du cou en prenant la pose au milieu d'une forêt pour faire evil, N.K.R.T rivalise également avec le doom en terme de dévotion sentencieuse, de religiosité obscure. Et plus encore peut-être que ses prédécesseurs, dont un Sanctus Maclovius aux allures d'autel mystique, Confiteor convoque toute une liturgie à la fois immersive et cryptique.
De fait, il n'y a rien d'élégiaque ou de noble dans l'art que rumine Frater Stéphane qui au contraire cherche à capter la part la plus ténébreuse du dogme chrétien. Que l'offrande voit la nuit le jour de l'équinoxe d'automne, moment particulier symbolique où le soleil traverse le plan équatorial de la terre, n'est bien entendu pas un hasard tant celle-ci a quelque chose d'une communion avec des forces sombres. Puisant sa source dans la prière du même nom, qui se déroule en deux étapes, la première étant l'aveu de l'état de pécheur et la seconde, la demande de pardon, Confiteor épouse donc ces deux temps.
Ces cantiques résonnent d'une puissance souterraine qui monte crescendo. Voisinant avec les vingt minutes, Cantvs I n'est d'abord habité que par ce chant liturgique qui souffle comme un écho funèbre. Peu à peu, il s'accompagne de sonorités grêles, de bruitages inquiétants, qui grondent et font trembler les voûtes de cette crypte humide et lugubre. Le chant se transforme en psalmodies rituelles et diaboliques. On sent dans notre chair, la faute, le péché, comme la morsure d'un fouet. Plus le psaume avance plus il se mue en une sorte d'émanation drone presque aux confins d'un harsh noise crépitant où l'abstraction se conjugue à une opacité enveloppante, symbolisant une intercession sinistre. Cantvs II est le moment de la repentance. Aux paroles de pardon se mêlent nappes dark ambient désincarnées et injonctions hurlées. Mais loin de laver le pécheur de ses souillures, cette cérémonie ne fait au contraire que l'enfoncer dans les abysses du mal dont il ne peut se délivrer.
Toute la force, charbonneuse et tellurique, de N.K.R.T réside dans cette manière qui n'appartient qu'à lui de matérialiser à la fois la suie malfaisante de l'âme humaine et la dimension noire de ces rites de contrition masochiste et mystique.