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No Return : Psychological Contamination

NO RETURN - Psychological Contamination

Great Dane Records, 2013

Death Thrash Metal, France

CD

Rien d'anormal à ce que Psychological Contamination soit un titre qui vous dise déjà quelque chose puisque celui-ci associe tout simplement le nom des deux premiers albums de No Return, Pyschological Torment et Contamination Rises donc, astuce trahissant de fait la nature de cette double galette, somme des opus en question plutôt que simple compilation d'ailleurs.

Réclamée depuis longtemps, les disques originaux étant épuisés et donc revendus à des prix parfois ahurissants, leur réédition vient à point nommé. Profitons-en déjà pour saluer le travail de Great Dane Records qui propose l'objet sous la forme d'un double digipack où s'additionnent ces galettes séminales, remasterisés, auxquelles quelques bonus viennent se greffer. Cette initiative miraculeuse est aussi l'occasion d'évoquer No Return, figure culte de la scène Thrash/Death hexagonale dont le parcours, chaotique en terme de ressources humaines - le guitariste Alain Clément reste le seul membre historique -, n'a finalement pas nui à son succès, trouvant dans ces changements de line-up à répétition le sang neuf propice à se régénérer. Du coup, le groupe évoque autant de choses (mais pas forcément les mêmes) aux vieux cons qui ont vécu la naissance du Death qu'aux plus jeunes l'ayant découvert avec Machinery en 2002 ou l'album éponyme, quatre ans plus tard, pour ne citer que deux jalons (plus) récents de cette carrière aussi tortueuse que sincère.

Cette sortie nous permet surtout de nous replonger dans ces disques matriciels qui devraient charrier pas mal de souvenirs chez certains. Les réécouter une bonne vingtaine d'années plus tard confirme que ceux-ci ont assez peu vieilli, ce qui est la marque des grands albums, qualificatif plutôt juste en ce qui concerne Contamination Rises , moins peut-être pour son prédécesseur, encore que pour un galop d'essai, il se révèle porteur de très belles qualités. Publié en 1990, Psychological Torment possède cette patine, ce son typique du Thrash européen de l'époque, celui de KREATOR et CORONER dont on retrouve Marky derrière la console. Il ne souffre que de peu de maladresses, propulsé par une énergie incroyable qui compense son manque d'identité, relative faiblesse eu égard à la jeunesse de ses géniteurs. Cartouches explosives, des titres tels que \"Reign Of The Damned\", \"Degeneration Of The Last Decade\", \"Electro Mania\" et surtout \"Vision Of Decadence\" émaillent le menu de leur violence acérée. Bref, on a connu pire comme un premier album.

Deux ans plus tard arrive dans les bacs Contamination Rises . No Return a déjà mûri, sa personnalité avec. Les touches Death qui ne faisaient encore qu'affleurer à la surface sur son aîné, sont devenues le socle d'une musique plus brutale, plus technique. Plus sombre également. Tom Morris, alors producteur emblématique de la scène extrême US (MORBID ANGEL), s'est chargé du son et cela s'entend. Des balbutiements Thrash, No Return ouvre d'un coup les vannes d'une lèpre puissante et vicieuse. Des cassures à tous les étages, des éruptions vocales provenant des arcanes de la terre, des riffs assassins qui arrachent tout sur leur passage, de l'immense \"Civil War\" à \"Mass Grave\", que précède \"Sorrow\", un court instrumental d'une noire sobriété, cette seconde offrande participe avec brio à la fondation du Death Metal dont il est une des oeuvres emblématiques. On comprend pourquoi.

Psychological Contamination ne couronne pas le passé d'un groupe moribond proche de la retraite, il salue au contraire la force intacte d'une formation qui n'est pas prête de raccrocher les gants.

Childeric Thor - 7/10