Deathrash metal, France
Mai 2012
Assurément, les musiciens de No Return ne sont pas nés de la dernière pluie. En activité depuis 1989, No Return thrashe et tient la distance en se renouvellant. leur huitième assaut, intituléInner Madnessest sorti au printemps 2012. Dans cet opus, s'en est bien fini des synthés: place à un feeling heavy du meilleur effet... L. Chuck D., le nouveau hurleur, et Alain, le guitariste vétéran du gang sans retour répondent à nos questions.
1.Hailz ! Les présentations ne sont plus nécessaires, les loosers qui ne vous connaitraient pas encore depuis 1989 n'ont qu'à lire l'interview précédente faite par votre serviteur en 2005 en marge d'une date sur Annemasse...Rappelez-nous juste, pour l'anecdote, la préhistoire du groupe d'avant 1989 : quel était le nom et le style de l'entité qui allait devenir No Return ?
L. Chuck D. : Houla, comme disait ma Mère-Grand !
La formation a commencé sous le nom d'Evil Power avec style très proche de celui de No Return et pour cause. Une démo a d'ailleurs vu le jour en 1987 qui se nommait « First Invasion », introuvable aujourd'hui bien évidemment.
2.En avril 2012, vous sortez votre huitième assaut, intitulé Inner Madness. Quels ont été les retours de la production précédente ? Et avez-vous déjà des (petits) échos du petit dernier, au moins par les médias Metal ?
L. Chuck D. : Manipulated Mind sorti en 2008 a eu de très bons échos dans la presse et les quelques dates qui ont été effectuées derrière ont connues un succès indéniable. Toutefois la disparition de notre label de l'époque n'a sûrement pas aidé cet opus à la bonne promotion et distribution de celui-ci. On ne peut donc pas juger de manière factuelle les retombées de cette production, mais nous avons tout de même décidé de continuer dans la même voie. Quand au petit dernier de la famille les retours sont dithyrambiques et cela nous rend grand plus qu'heureux car nous avons mis tout ce que nous avions dans cet album.
3.La valse du line-up de No Return continue : pour les membres, pardon du jeu de mots, mais c'est un peu « no return » ! Comment expliquez-vous cela ? Problèmes de compatibilité d'emploi du temps ou.... Ambiance de chiottes dans le groupe (rires) ?!
L. Chuck D. : Le Metal en France ne peut être vécu que comme étant une passion. Dans un couple lorsque la passion s'estompe ce dernier perdure tout de même car il a toutes les raisons existentielles de continuer sa route ensemble. Il n'en est pas de même dans le monde de la musique où les sacrifices sont quotidiens. Beaucoup de talents se sont arrêtés en chemin et on laissé leur carrière musicale sur le bord de la route pour se consacrer à des activités plus rémunératrices. Maintenant après 23 années de bons et loyaux services je pense que nous devrions tous féliciter et remercier Al1 d'avoir su continuer dans l'adversité plutôt que de s'attarder sur des changements de line-up qui sont inévitables. Il est depuis toujours le garant de la longévité et de la composition de No Return. Quand à l'ambiance de chiottes dans le groupe je ne peux te le confirmer ou te l'infirmer étant donné que je n'ai jamais suivi aucun membre du groupe dans cet endroit.
Alain : Je pense que lorsque tu intègres un groupe comme No Return qui a un historique il faut bien penser que rien n'est acquis bien au contraire. Il ya un esprit musical à respecter et un travail quotidien qui s'impose et malheureusement nous avons eu par le passé pas mal de personnes versatiles, volatiles, voire opportunistes qui ont tendance à oublier ces facteurs essentiels. Le problème réside surtout dans la non sincérité des gens et de leur honnêteté vis-à-vis d'eux même et du groupe. Tu ne le vois pas forcément au début car ces personnes te disent être motivées mais le gros problème c'est que sur la longueur il n'y a pas grand monde et leur travail n'est pas en adéquation avec ce qu'il est nécessaire de fournir. Ceci dit je t'avouerai que ce qui m'importe avant tout est de faire perdurer au fil des albums l'esprit thrash de No Return, et comme je compose l'intégralité musicale du groupe celui-ci est toujours présent et c'est ce qui fait l'identité du groupe.
Je pense donc qu'il faut arrêter de stigmatiser No Return par rapport au line-up car il y a beaucoup d'autres groupes qui subissent la même chose et que l'important c'est la qualité musicale des albums et non pas le départ de musiciens ou de pseudos-musiciens. Par exemple Death et Annihilator , pour ne citer qu'eux, ont subi de fréquents changements de line-up ce qui ne les a pas empêchés de sortir de très bons albums car l'essence même du groupe est restée présente.
4.Voilà qui est dit ! Et pour les labels, c'est un peu la même danse, pourquoi ? Volonté de progresser ou difficulté de trouver un label avec un engagement stable envers No Return.... ?
L. Chuck D. : Comment continuer avec un Label qui n'existe plus ? Dans ce questionnement tout est dit. Là aussi je préfère insister sur la qualité de notre partenariat avec Great Dane Records qui prend notre avenir à cœur. Le travail fourni est simplement exceptionnel, Raph et Geoff se donnent comme jamais pour promouvoir cet album et c'est bien là la seule chose qui compte à nos yeux.
5.L'époque des samples qui avait lancé le groupe dans les années 2000 est belle et bien révolue... De qui est venu ce feeling heavy, surtout dans les soli ? cet aspect mélodique avait déjà débuté dans le CD précédent, me semble-t-il...je me trompe beaucoup en citant l'ambiance posée par DEATH ou (old) LOUDBLAST ?
L. Chuck D. : Oui, je te le confirme l'époque des samples est derrière nous, mais le fond est toujours le même. Comme je te le disais plus haut dans cette interview c'est Al1 qui est à l'initiative des compositions, ce feeling lui appartient donc et cette patte est reconnaissable sur les 7 autres albums de NR de manière plus ou moins marquée il est vrai. Dire que l'ambiance se rapproche d'un groupe au génie comme Death ne me semble pas dénué de sens et est même plutôt flatteur. Toutefois je ne vois pas ni comment ni pourquoi Loudblast, qui a sensiblement le même âge que nous, aurait pu d'une quelconque manière nous influencer, et l'inverse est également vrai. L'équilibrage du son concocté au studio Ste Marthe doit aussi augmenter ce sentiment, et ceci est bien entendu voulu de notre part.
6.De quoi traitent les nouveaux textes (toujours écrits dans la langue de Shakespeare) ? Et comment Chuck a participé à sa manière à leur mise en boite, alors qu'il vient d'intégrer vos rangs... ?
L. Chuck D. : J'ai intégré les rangs de NR depuis 2 ans désormais. Lorsque je suis arrivé j'ai eu la chance d'avoir des partenaires qui m'ont laissé m'exprimer. Les textes tournent autour de la mort, en effet des évènements très personnels ont entouré mon arrivée au sein du groupe. Un de mes amis a été assassiné dans les rues de Provins pour avoir refusé de prendre 5 jeunes en stop. Il a passé plusieurs semaines dans le coma avant que son cœur ne lâche définitivement. Ceci m'a profondément marqué, d'autant plus que ses assassins tous mineurs au moment des faits ne risque que 8 ans d'emprisonnement. 4 vies brisées pour 8 années de punition, n'est-il alors pas légitime de se poser des questions sur notre système judiciaire ? Sur Inner Madness je pose ces questions sur le comment nous devrions réagir devant de tels actes. Je n'apporte aucune réponse et je laisse chacun donner la répartie qui lui convient. Personnellement j'ai désormais choisi mon camp et le fait d'avoir libéré ma haine sur cet album m'a fait l'effet d'une thérapie.
7.Et y a-t-il un lien entre les textes et les engrenages de cette cover grise qui semble finalement bien indus? D'ailleurs, qui en est l'auteur?
L. Chuck D. : Il existe un lien évident entre la thématique principale de l'opus et sa pochette. En effet, la mort n'est que le résultat final de la vie et du temps qui passe. Nous nous représentons le temps à travers nos horloges et leurs engrenages, ce qui est paradoxal dans le sens où le temps est infini alors que la comtoise cessera son mouvement que l'on croyait pourtant perpétuel. C'est LC Graphiste qui est à l'origine de cette magnifique représentation, tu pourras retrouver toutes ses œuvres sur http://www.lc-graphiste.fr/
8.Chuck, tu pousses aussi la braillante dans CARNAL LUST : pas trop dépaysée avec No Return ?
L. Chuck D. : Mon amour pour le Metal est simplement immodéré. Avoir la chance de pouvoir être dans deux formations ne partageant pas un style commun me convient parfaitement. Alors, dépaysé oui bien entendu, mais quelle expérience extraordinaire !
9.Alain, tu es le plus ancien du groupe. Comment es-tu arrivé indemne jusque là depuis 1989 ? Il parait que tu es prof, comment réagissent tes élèves ou tes collègues à ton activité musicale dont le genre ne doit pas être à la mode dans les cours de récré ?
Alain : Je pense que seule la passion de la musique me fait tenir depuis toutes ces années. Au-delà des problèmes de labels et de musiciens parfois trop opportunistes, tant que ta passion reste saine et intacte tu as toujours foi en ce que tu fais, et la longévité du groupe ne s'explique que par cela. Je suis effectivement prof à coté de No Return, et les élèves comme les collègues réagissent très bien au fait que je fasse de la musique. Cela permet également de rendre moins caricatural l'image que l'on se fait, souvent à tort, d'un enseignant.
10.Etes-vous prêts pour promouvoir Inner Madness sur scène? Des dates sont-elles déjà prévues à cet effet ?
L. Chuck D. : Non, non, cette fois ci nous allons rester dans notre local de répétition à composer le prochain album que nous ne défendrons pas non plus sur scène.... Plus sérieusement nous avons déjà commencé la promotion de cet album sur scène et la réception des nouveaux morceaux va au delà de nos espérances. Plusieurs choses se profilent et des dates sont déjà confirmées. Pour la rentrée il est encore un peu trop tôt pour confirmer les quelques surprises que nous vous préparons.
11.Allez, pour finir, avouez à un vieux thrasheur comme moi quels (bons) groupes de thrash tournent actuellement sur les platines de chacun !?
L. Chuck D. : Oups, je suis plutôt dans une période Death pour ma part. Vallenfyre, Withdrawn et Asphyx polluent mes esgourdes avec un bonheur non feint.
Alain : Forbidden et Testament restent incontournables sur ma platine.
A bientôt sur la route !