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Satyricon : Now, Diabolical

SATYRICON - Now, Diabolical

Roadrunner Records, 2006

Black Thrash Metal, Norvège

CD

Satyricon est, comme vous le savez sans doute déjà, l'un des groupes phares de la scène Black Metal norvégienne des années 90. Ses 3 premiers disques, dans une veine Black Metal médiéval, n'ont pas pris une seule ride et sont encore pour beaucoup des références.
Le groupe essaie cependant depuis près de 7 ans, au grand dam des fans de la première heure, de revisiter le genre dans le but de lui insuffler un peu de fraîcheur: en 1999 sortait « Rebel Extravaganza », un Black Metal froid et futuriste mâtiné d'effets electro, et 3 ans plus tard « Volcano », album culte pour ma part, bien que peu apprécié du fait qu'il soit sorti sur une major... Ce disque incarnait pour moi le visage éclatant d'un nouveau Satyricon : sombre et classieux. En cette année 2006, le groupe refait enfin surface avec « Now, Diabolical », juste après avoir signé chez Roadrunner Records. Je m'attendais évidemment à une nouvelle réussite du groupe, une musique originale et novatrice comme presque tout ce que le groupe avait produit jusqu'alors. Je m'étais bien malheureusement fourvoyé...

Avant la musique en elle-même, la première chose qui peut surprendre est le packaging du disque, son design général: le nom de l'album annonçait d'entrée une œuvre centrée sur le satanisme et tout ce qui en découle... Et là, on peut dire que Satyricon n'a pas fait les choses à moitié! La pochette du disque, représentant une sorte de gargouille démoniaque, fait vraiment pâle figure par rapport à celle de son prédecesseur; les titres des chansons et leurs paroles sont, eux, écrits en caractère gothiques, et l'on peut voir les 2 membres du groupes poser devant de gigantesques flammes. Ce n'est pas laid, mais presque aucun cliché n'est évité et on sent bien que Satyricon a cédé à la facilité pour mieux attirer le chaland: dès lors, on ne doute plus de l'aspect commercial de la chose.

Après ce premier contact plutôt rebutant avec l'objet, parlons à présent de ce qu'il contient. La première chanson, éponyme de l'album, débute sur un lourd riff aux influences thrash plus que prononcées (ce qui n'est d'ailleurs pas pour déplaire), et se laisse plutôt agréablement écouter. Si elle n'est guère transcendante, cette piste nous montre Satyricon sous un nouveau jour, mais toujours rutilant et plutôt hargneux. On est tout de même soulagé d'entendre que Satyr ne s'est pas contenté de nous livrer un « Volcano 2 ».
Malheureusement, la suite est d'un tout autre niveau... Le massacre commence dès la seconde piste, qui fait aussi office de single: « KING ». D'une banalité affligeante, c'est sans nul doute la plus mauvaise chanson de cet album, et accessoirement la plus mauvaise chanson jamais composée par Satyricon.
Si les chansons suivantes ne sont pas géniales non plus, loin de là même, après la vraie douche froide qu'est « KING » on se force presque à les apprécier. Il ressort tout de même, après plusieurs écoutes, quelques morceaux de bravoure: « The Pentagram Burns », bien que très répétitive, se laisse finalement écouter sans trop broncher, « That Darkness Shall Be Eternal » possède un break plutôt inspiré, et le blast-beat récurrent de « The Rite Of Our Cross » donne un peu de dynamisme à un album qui en manque cruellement.
Et c'est là qu'on en arrive à la dernière piste... Qui, à elle seule, justifierait presque l'achat du disque ! Il est même difficile de croire qu'une telle chanson se trouve sur celui-ci, tant elle contraste avec les autres compositions. Longue, lente et oppressante, avec un final réellement apocalyptique, elle nous montre (enfin) le vrai visage de Satyricon. Satyr hurle, grogne, chuchote même parfois, et le jeu de Frost est impeccable: l'album se termine de fort belle manière.

Malgré d'indéniables qualités, la dernière galette en date de Satyricon est une vraie déception. Les ambiances sont moins travaillées, les chansons moins inspirées, et sur beaucoup de titres Frost semble s'être endormi derrière sa batterie... « Now, Diabolical » a beau être bien au dessus de beaucoup de productions récentes, il est frustrant de voir que le groupe est sans doute passé à côté de quelque chose de gigantesque. Espérons que, pour le prochain album studio, Satyr ne se repose pas à nouveau sur ses lauriers.

Krieg - 06/10