La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Momentum Mortis

Monumetum mortis

Dark folk, France

Décembre 2009

Depuis quelques années, le jeune Oraku (20 ans) officie dans divers genres : black metal, indus, dark folk... Sa dernière création, The other side of Neverland, ne sort que quelques mois après la précédente ! Il s'agit un mélange de dark folk et de folk asiatique, avec des influences orchestrales marquées. Un autre album, le quatrième du projet, serait déjà en préparation...

1 - Hailz Oraku ! Tout d'abord, peux-tu nous présenter brièvement ton projet, Momentum Mortis, pour les nombreux lecteurs de LHN qui ne te connaissent pas (du moins pas encore) ?

Tout d'abord, merci beaucoup pour cette interview. Momentum Mortis est un projet de dark ambiant né en 2007. Un premier double-album est sorti en 2008, suivi d'un EP un mois après, d'un deuxième album début 2009 et me voici à présent avec ce troisième album chez Chabane's Records, un label libre. Au travers de Momentum Mortis, j'essaye surtout à faire ressortir de sombres sentiments, comme la folie, l'isolement. Au départ, je voulais évoquer simplement mes sentiments personnels, mais au fur et à mesure, j'ai eu l'envie de créer des concepts albums. C'est comme ça qu'est né Silent Sanatorium, le deuxième opus, et maintenant The Other Side of Neverland qui revisite Peter pan.

2 - Tu es donc de retour avec un nouvel album (The other side of Neverland), et un nouveau label. Quelques mois, n'est-ce pas un délai un peu court entre deux albums ?

C'est une excellente question. Je me la suis posée pendant un bon moment. Souvent, les gens ont tendance à penser que si chaque album n'est pas espacé d'un an minimum, c'est que le travail est bâclé. C'est pour ça qu'avant, je me mettais des barrières pour ne pas sortir trop souvent d'albums. Mais depuis que j'ai compris que ma musique était vraiment hors-norme (pour preuve, aucun label ne veut de moi!), je me suis libéré de ces préjugés. J'ai beaucoup de temps libre, et je fais souvent des nuits blanches. Je passe mon temps à avoir des morceaux en stock. Alors pourquoi attendre ? J'ai décidé d'offrir ce troisième album gratuitement justement pour être totalement libre. Donc, oui, quelques mois, c'est un peu court, mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas travaillé ce nouvel album ! Et pour tout avouer, un quatrième est déjà en boîte.

3 - Comment t'y prends-tu pour faire passer ta musique de la composition au son (de la puissance à l'acte si j'ose dire) ?

Souvent, je pars d'une mélodie qui se balade dans ma tête. Je prends alors ma guitare ou un piano, et je commence à écrire la partition. Ensuite, c'est un travail de château de cartes : petit à petit, je monte d'autres instruments les uns sur les autres, jusqu'à avoir un morceau qui tient la route. Vient alors le tour d'enregistrer. Je joue alors tout ce que je peux : guitare, basse, synthé, percussions. Le reste, je le joue au synthé, puis ensuite j'essaye de trouver un instrument virtuel qui sonnera le mieux. C'est vraiment fantastique de pouvoir avoir un son correct de tous les instruments du monde.

4 - The other side of Neverland est un album-concept tournant autour de Peter Pan. Pourquoi ce choix ? Y a-t-il un message que tu veuilles faire passer, est-ce une sorte d'exploration ?

Même si cela se voit moins, c'est toujours une exploration de mon "moi", de mes angoisses et mes peurs. J'utilise un thème éloigné de ma personne, mais le fait est là, à savoir que j'ai personnellement le syndrome Peter Pan. Je refuse de grandir, car le temps me terrifie. Je pense que ma vie est déjà finie, même si je n'ai que 21 ans. La vraie vie, c'est l'enfance. Voilà pourquoi je tenais particulièrement à réadapter ce thème. Mais dans ma version, Wendy se "suicide". En fait, elle saute d'une falaise du pays imaginaire, comme pour symboliser son passage à l'âge adulte. Et Peter la rejoint, quitte l'enfance de force et devient un adulte morne et triste. Métro, boulot, dodo. Il n'y a plus de rêve, il devient une machine comme tout le monde. C'est un peu ce qui nous attend tous. Je ne voulais pas bafouer l'œuvre initiale, simplement y ajouter de ma personne, et montrer en quelque sorte comment je perçois ce conte.

5 - Il y a des textes dans le livret, cependant ce ne sont pas ceux des paroles. Que sont ces textes ?

On pourrait appeler ces textes le journal de bord de Peter Pan. Ce sont des notes, des textes qui retranscrivent son histoire, ou plutôt celle que j'ai imaginé à nouveau. Ils sont parfois la traduction des paroles que je chante en anglais. Pourquoi ce choix ? Parce que chanter en français m'est insupportable, ça sonne faux ! (rires). Par contre, je tenais absolument à ce que les textes restent intacts.

6 - Tu avais révélé, dans une précédente interview, que l'album serait influencé par la musique asiatique. C'est effectivement le cas, comme on peut l'entendre à certains moments. Est-ce un retour aux sources (voir l'album Aika) ? Comment cela t'est-il venu à l'esprit ?

Depuis quelques temps, j'ai acquis du matériel qui me permet de faire une musique qui sonne correctement, ce qui n'était pas le cas avant. Donc, dans le futur, je pense que mes anciens projets vont ressortir sous une autre forme. Tu as tout à fait saisit le lien avec Aïka, qui était une démo d'un vieux projet. Aujourd'hui, quand je la réécoute, je la trouve absolument nulle : il n'y avait aucune mélodie ! Et pourtant, je voulais vraiment faire une musique folk asiatique. Maintenant, j'ai pu réaliser mon rêve au travers de ce nouvel album. J'adore les musiques traditionnelles du monde, et particulièrement d'Asie. C'est une musique faite d'images et de rêves. On se sent tout de suite pris dans des paysages fantasmés. J'espère, en tout cas, faire voyager les auditeurs.

7 - Le quatrième titre, "...and straight on till morning", reprend presque exactement la trame d'un titre que tu avais mis auparavant en ligne, et qui s'appelait alors "Rivière de coton". Etait-ce un brouillon, une esquisse ? As-tu changé d'avis en cours de route ? D'ailleurs, il me semble entendre plus d'instruments réels dans la version album du titre que dans celle mise en ligne, est-ce le cas ?

Tout à fait ! Rivière de coton est le même morceau, en version démo. Au moment où je l'ai mis en ligne, je n'avais pas encore l'idée de faire un album sur Peter Pan. C'est pourquoi je l'ai mis en ligne. Plus tard, je l'ai réarrangé, réenregistré et je lui ai ajouté d'autres paroles. J'aime bien mettre des morceaux démos, je trouve ça important de montrer son travail régulièrement.

8 - Dans l'ensemble, cet album reste fidèle au nom du projet, Momentum Mortis : les airs sont mélancoliques, malgré un côté aérien, parfois léger... Penses-tu toujours composer dans cette optique, tailler dans cette voie ?

Il est vrai qu'avec cet album, je me suis éloigné de l'idée que je me faisais de Momentum Mortis. Il est plus léger, peut être plus contemplatif. Pourtant, j'avais besoin de le faire, c'était l'évolution logique de Silent Sanatorium. C'est surtout que je ne veux pas faire deux fois le même album. J'aime surprendre, ajouter des éléments inattendus, et même choquer !
Tu parlais tout à l'heure de ma vieille démo Aika qui ressort dans cet album. Eh bien, pour le prochain Momentum Mortis, je réaliserai également un vieux rêve que je garde depuis des années : faire un album de dark ambiant avec des chants grégoriens. Encore une fois, je veux surprendre. On peut y voir un retour aux sources du premier album de MM, mais avec un côté plus inquiétant, plus "divin".

9 - As-tu d'autres sorties de prévues, notamment du côté de tes autres projets musicaux (Dir Despairs, Lyan...) ?

Effectivement. Le prochain Dir Despairs devrait sortir début janvier 2010, chez Chabane's Records. Je crois qu'il s'agit vraiment du meilleur album que j'ai pu faire avec ce projet. J'ai enfin un son de guitare qui ne fait pas casseroles ! (rires). Quant à Lyan, c'est vraiment le projet que je mets au dessus de tous. Je l'enregistre, le réenregistre, le modifie et le décortique depuis un an. J'espère qu'il pourra sortir l'an prochain, mais il reste pas mal de boulot. Les voix ne sont pas toutes faites, et il y a deux collaborations à réaliser : Ombeline Duprat de Seadem prêtera sa voix, et Vinc2 mettra certainement quelque chose sur une piste, car ce fut un énorme coup de cœur.

10 - Je te laisse le mot de la fin...

Ce n'est pas très original, mais merci encore pour ces quelques questions, pour cette plage où je peux m'exprimer. Et continuez de créer pour donner un sens à cette "fucking life" !

Geodaxia