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Panic Fest # 5

22-23 juillet 2022

Saint-Félix (Haute-Savoie)

Après trois longues années de sommeil imposées pour cause de Covid-19, le PANIC FEST est enfin de retour pour sa 5e édition. Ce festival Rock, Punk et Metal implanté à Saint-Félix (Haute-Savoie) a fait le choix honorable d’une affiche 100% française. Douze groupes à l’affiche plutôt connotés hardcore, mais il va y en avoir pour tous les gouts !


On attaque le vendredi avec un plateau de quatre groupes illustrant diverses facettes du rock : Le groupe SOUTHSIDE INC., composé d’artistes savoyards et britanniques est chargé de chauffer la scène, alors que le public arrive lentement et reste clairsemé devant ce rock de bon aloi. Il a honorablement rempli le job.

 


Les Aixois de CELTIC HANGOVER offrent un rock celtique festif et entrainant. Un quart de siècle au compteur, mais les gaillards sont toujours vaillants. Le charismatique Paul O’Toole, guitariste/chanteur irlandais est entouré de six musiciens talentueux mêlant ensemble sons des guitares, basse, violon, flûte, batterie et percussions : cela donne un show énergique et festif dans une ambiance chaleureuse.

 


Puis les Franciliens BUKOWSKI débarquent pour nous en mettre plein la vue : entrée théâtrale grandiloquente et interminable, fumigènes à gogos, lights mitraillant les yeux sans répit... Depuis 2007 et avec cinq albums au compteur (Strangers, le petit dernier de 2018), les gaillards savent ce qu’ils font : la maitrise scénique est impeccable, avec un show totalement millimétré. Leur stoner planant habilement mixé de hardcore pêchu offre un mélange assez unique, brutal et onirique, avec des touches dépressives. Le public, maintenant bien compact devant la scène, est très réceptif : les fans sont là en force. On est à la frontière du métal, mais chaque morceau balançant entre brutalité et stoner, difficile pour le métalleux de base de suivre le rythme en head-bangant ; musique du XXIe, résolument moderne et métissée, BUKOWSKI est une grosse machine fière d’elle-même, tirant son nom de l’écrivain alcoolo-maudit, même si ce gang aurait pu s’appeler plutôt FUMOWSKI !

 


Les cinglés toulonnais de ZE GRAN ZEFT étaient chargés de clôturer la soirée. Dix ans au compteur, et seulement un album, Gorilla Death Club, accouché en 2019. Là encore, on a le droit à un pari osé : le groupe reprend la bonne vieille idée de fusion rap-métal pour aboutir à un mélange unique : imaginez un Shaka Ponk en moins électro et davantage hardcore, et vous aurez un bon aperçu de ce que ZE GRAN ZEFT nous a servi. Je n’avais jamais entendu un mix pareil : musique très originale, avant-gardiste ; mais là encore, difficile de head-banguer tant les variations entre riffs puissants et planants sont nombreuses dans chaque titre. Le show est également très maitrisé, en moins clinquant toutefois que leurs prédécesseurs, ce qui n’est pas plus mal. 1 heure du mat’, on se dirige vers le camping ou la soirée est loin d’être terminée !

 


Puis le lendemain samedi 23 juillet, on monte brusquement en brutalité : les huit groupes à l’affiche sont plus connotés métal. Les Hauts-Savoyards de SEVEN YEARS OF MISFORTUNE envoient du lourd avec leur deathcore bien foutu qui dépote : la fosse encore clairsemée par 30° C, commence à s’animer avec une poignée de fanatiques ! On devine le potentiel pour cette formation somme toute récente qui possède toutefois un album à son actif : à suivre ! 

 


Les Grenoblois d’EIGHT SINS ont mis une ambiance folle avec leur gros thrashcore et leur goût pour la « poilade » : des ballons gonflables ont volé dans tous les sens, le chanteur a bien détendu l’atmosphère à coup de gags ; mais le set est également costaud : les gaillards ont déjà pondu trois albums au cours de leur 14 ans d’existence : ils ont donc su bien faire bouger la fosse qui commençait à se remplir, à coups de riffs thrash puissants et entrainants. Une bonne surprise pour le public thrasheur !

 


Après cette entrée en matière axée métal extrême, on observe un changement total d’ambiance avec GREYBORN, trio limogeais pratiquant un stoner noir et froid assez poétique ; le combo aurait mérité plutôt un set nocturne pour un meilleur rendu.

 


Retour à la brutalité : IN OTHER CLIMES, formé en 2004 et composé de Niçois, balance son metal hardcore tendance thrash avec conviction : le show est énergique, les titres assez puissants. Les musiciens sont des habitués de la scène, et ils ont déjà sortis cinq albums. Show très agréable !

 


Les PSYKUP trainent leurs guêtres depuis 1995 mais font un métal alternatif inclassable, situé quelque part entre Primus, Pantera, Strapping Young Lad et Alice In Chains. Avec cinq albums au compteur, ces bêtes de scène (Hellfest en 2018) manient bien la dérision et obtiennent un beau succès devant le public, alors qu’il fait encore jour et un peu plus frais. Pas ma tasse de thé, trop hybride et pas assez extrême pour mon cerveau reptilien !

 


Les Franciliens de POGO CAR CRASH CONTROL sont de retour au Panic Fest (voir édition #4), et leur mix de punk, hardcore et métal simple et efficace a obtenu un franc succès. Dans ce groupe au look de teenagers attardés, on notera la seule présence féminine dans une line up, avec Lola, qui détruit tout à la basse. Le dernier album, le 3e, semble encore plus mordant. Les P3C sont donc une valeur à surveiller !

 


On ne présente plus les Lillois de LOUDBLAST, véritables pionniers du deathmetal hexagonal, toujours debout trois décennies plus tard. LOUDBLAST n’a pas vieilli : avec un charisme impressionnant distille les titres classiques des années 1990 et ceux davantage hardcore des années 2000 dans un torrent de décibels s’abattant sur un public très compact massé devant la scène. Que plaisir de (re)voir ce groupe légendaire ! Il fait nuit, le light show est au top pour mettre en scène ce groupe légendaire : un régal !

 


Minuit déjà ! Dernière ligne droite pour les métalleux et punk vautrés par terre ou au bar : il faut se lever pour SHAARGHOT ! Sortis tout droit d’un univers cyberpunk, ces Franciliens envoient un industrial metal martial dans lequel on ressent la matrice RAMMSTEIN ; mais la formule est ici poussée à l’extrême, avec des gros riffs percutants portés par des beats inhumains, sans oublier l’univers scénique époustouflant des musiciens, grimés de noir dans leurs costumes post-apocalyptiques leur donnant l’air de créatures endiablées. Bref, le public a pris une pâtée sonore d’enfer, la guitare-lance-flammes achevant les derniers survivants !

 


Ce petit festival éclectique avec un esprit familial, connoté hardcore cette année engrange 1200 entrées et ambitionne de devenir le plus gros fest métal du département. et très bien organisé, avec ses 60 bénévoles mobilisés, il a su surmonter le covid, on attend avec impatience l’édition prochaine.


https://www.panicfest.fr
 

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