12/10/2003
L'Usine, Genève
Depuis quelque temps, l'Usine nous donne l'occasion de voir des groupes qui ont joué un rôle important dans l'évolution de la scène alternative tels Cathedral, Ministry, Killing Joke ou dernièrement Laibach. C'est donc assez logiquement que les géniteurs du death metal suédois du début des années 90, Entombed, qui ont fait beaucoup de chemin depuis la transition opérée par Wolverines Blues nous ont rendu visite (après un passage il y a quelques années). Le public de cette soirée n'était ainsi plus vraiment celui du metal extrême présent, mais un public à l'imagerie plus urbaine avec casquette bien en avant (qu'il s'agisse de casquette militaire ou autres), look qui servira d'ailleurs de trait d'union entre les différentes formations se succédant, chaque groupe ayant sa casquette de rigueur.
C'est ainsi les Belges de Blutch qui ouvrent les hostilités avec un style que je situerais quelque part entre le Bleach de Nirvana et le doomcore de Crowbar (l'organisation évoque les Melvins dans la promotion) pour une prestation devant un public encore réduit qui se multipliera pour le passage de Bongzilla.
Bongzilla pratique un metal stoner lourd, entraînant, psychédélique avec parfois des passages lourds et lents un peu à la Cathedral mais avec un côté qui s'accorde bien à leur look " hippie urbain à casquette ", fumeurs de joints (étant des apologistes des drogues).
Une nouvelle rupture est établie avec la prestation de Disfear et leur crust metal, sorte de rencontre entre le son suédois et le punk (le groupe sur les affiches était présenté comme du " evil rock'n'roll "). A noter que de Disfear comporte maintenant en ses rangs le célèbre Thomas Lindberg, lui aussi personnage influant de la scène death metal suédoise du début des années 90, puisqu'il n'est autre que l'ancien chanteur de l'excellent et défunt At The Gates. Et il a joué au sein de nombreuses formations depuis (The Crown, etc). Une bonne prestation, très énergique avec un Thomas Lindberg déchaîné et qu'on sent passionné. Son timbre de voix dans Disfear se révèle en fait plus proche de l'ancien chanteur (de vieux titres ont d'ailleurs été joués) que de At The Gates.
Nine, qui semble attendu du public (pour ma part groupe inconnu) leur succède, pratiquant (toujours avec les fameuses casquettes de rigueur) un metal urbain et puissant, suédois avec des touches nouveau punk, voire même neo metal.
La place est ensuite cédée aux compatriotes d'Entombed qui entrent au son d'une cloche. Mais cela est dans une optique assez kitsch telle la grosse croix renversée représentée sur la batterie (imagerie d'ailleurs jamais utilisée à la grande époque) ou encore le t-shirt humoristique " The satanic crew " de l'un des membres. La première impression, pour moi qui n'avait pas suivi leur évolution, c'est celle d'un retour aux sources du death metal ou plutôt celle de la marque typique Entombed qui ressort nettement (le son grave suédois). Peut-être est-ce dû à la mauvaise qualité du son. Un son assez pourri qui colle à la prestation de musiciens se donnant avant tout à fond et s'éclatant. Dès le début les références cultes se font entendre avec l'excellent Stranger Aeons de Clandestine (album où ne figurait pas Lars Goran-Petrov). La période Wolverines Blues est aussi honorée avec l'excellent Hollowman, Demon, Out of Hand... La grande surprise se produit lorsque, pour achever le concert, après deux rappels tout de même, le groupe entreprend de nous jouer l'inattendu et excellent Left Hand Path du culte album du même nom sorti en 1990. D'autant plus inattendu que le groupe jouera le morceau dans son intégralité, malgré des pauses, suscitant d'ailleurs en moi la question de savoir si le groupe jouera ou non l'excellente outro de ce morceau (unique dans leur carrière), ce qu'ils firent à mon grand plaisir malgré un son de qualité moyenne. Le groupe quitte ainsi la scène après de nombreuses salutations et pour ce qui concerne Ulf Cederlund (un des rares membres d'origine), après avoir serré de nombreuses mains. Un concert qui a été donc très agréable notamment pour les adeptes de la première période d'Entombed (les anciens fans aujourd'hui plus âgés se sont d'ailleurs manifestés lors des vieux titres). C'est peut-être l'occasion de jeter une oreille sur leur dernier CD Inferno.