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Samael / Cathedral / Without Face

14/02/2003

Genève, l'Usine

Les points de vue divergent mais se complètent toujours, la preuve avec cet article constitué de deux articles initialement autonomes.

Live report par Autocrator

Même si l'affiche n'était pas des plus brutales, ces groupes sont réputés, et leur passage dans la fameuse Usine de Genève, organisé par nos amis de Transit Mag m'a poussé au déplacement.

En ouverture, Without Face, groupe hongrois nous envoie sans s'imposer un metal atmosphérique non dénué d'intérêt quoiqu'un peu mollasson. Mais l'accueil peu chaleureux s'explique par le fait que le public est encore clairsemé... La première partie n'est pas toujours un cadeau !

Puis vint Cathedral, fameux groupe anglais de doom metal. Là, je ne comprends plus ! Après un ou deux titres réellement doom, le quatuor nous délivre un show de stoner rock, courant musical dont l'expansion est aussi subite qu'inexpliquée ! Il est vrai qu'ils mélangent habilement rock des seventies et metal. Leur jeu de scène rock est bien rodé. Les musiciens se font bien plaisir, la foule maintenant est au rendez-vous et commence à s'agiter (Attention, tout est relatif, on est tout de même en Suisse !). Mais ce style nouveau et leur reniement quasiment total n'est décidément pas ma tasse de thé... Informé des errements de Paradise Lost, j'affirme donc que le doom (anglais) est mort !

Enfin, Samael, la fierté nationale suisse, les maîtres incontestés de l'electro metal s'installent... Et là, nouveau choc pour moi, le black-métalleux puriste qui en était resté aux premiers albums de power black du groupe : Samael a bien changé lui aussi ! Exit les anciens titres. Par contre, le show electro de Samael est parfaitement réglé : un écran projette en fond de scène des images de synthèse qui feraient bloquer les moins défoncés d'entre nous, Vorp, chanteur / guitariste, majestueux, joue assis car il s'est pété le pied. Son charisme ne s'est toutefois pas éteint pour autant. Le batteur est installé de profil à la batterie et alterne l'utilisation de ses fûts avec celle des claviers. Battre de profil est inédit, visuellement parlant ! Le bassiste, lui, semble s'éclater comme un dingue, sous l'oeil attendri de sa femme au premier rang ! Le jeu et le son sont impeccables. La foule, conquise à l'avance, entonne parfois les classiques de Passage et Eternal. Seule concession au glorieux passé, Into the Pantagram, mais totalement revisité à la nouvelle sauce... méconnaissable! La musique de Samael possède effectivement une forte identité. Le groupe maîtrise parfaitement son nouveau style mais il aurait dû changer de nom après l'album Ceremony of Opposites !

La soirée est un succès complet, avec une salle de 500 places bien remplie et aucun incident à déplorer, malgré les allégations de l'actuelle campagne médiatique anti-métal. Il est vrai que le public suisse est mixte et bon enfant, même si le stage diving voire le headbanging lui sont inconnus !

Samael - L'Usine, Genève, 14/02/2003

Samael - L'Usine, Genève, 14/02/2003

Live report par Adnauseam

L'affiche de cette soirée était pour le moins diversifiée...

Les hongrois de Without Face ouvrent le concert avec un gothic metal classique mais honorable. On retrouve l'alternance typique de voix masculine (puissante et claire) et d'une bonne voix féminine (avec une chanteuse comme véritable leadeuse du groupe) à la manière des vieux Theatre of Tragedy et des différentes mouvances descendantes telles que Within Temptation ou Lacuna Coil. Bien que cela soit réducteur, le groupe élabore parfois des passages moins classiques mais pas pour autant géniaux. Leur prestation s'achève au bout de quatre morceaux, cédant ainsi la place à Cathedral issu d'une mouvance de doom assez différente.

Lee Dorian et ses disciples anglais semblent attendus. Après une intro puisant dans le vieux doom sabbathien lent et lourd, le leader arrive sur scène par des « Let's go », vêtu d'un manche longue étriqué et volontairement trop court. On entre alors dans cet univers de hippie mystique hanté par le spectre des vieux Black Sabbath, élaboré par ce groupe atypique qu'est Cathedral et mené par ce personnage charismatique qu'est Lee Dorian. Les titres de metal psychédélique lourd s'enchaînent accompagnés par les danses et expressions étranges de le frontman et pratiqués par un bassiste totalement possédé par cet univers étrange. La surprise sera l'exécution de ce morceau culte qu'est Ebony Tears issu du cultissime premier album de doom ultra lent et lourd de 1991, Forest of Equilibrium, où les passages seventies ne constituaient que 10% de leur musique, proportion inversée dès le second CD où les passages doom deviennent minoritaires. L'ambiance s'alourdit alors tandis que Lee Dorian s'écroule lentement le long de son micro. Puis l'euphorie reprend avec des titres étonnants comme Flowers où des passages doom établissent une rupture où Lee prend des poses figées et funéraires. Au final, le titre Reaching happiness, touching pain (1991) peut résumer ce qu'est Cathedral dans son ensemble. Cette alternance d'affliction et d'euphorie tendrait à dire qu'il faut tomber bien bas pour ensuite atteindre une sorte de joie débordante fondée sur rien car irrationnelle dès le départ et donc sans limite. Dans tous les cas, Lee semble vivre intensément tous les moments de sa musique. Entre autres, de vieux titres comme Midnight Mountain (issu du 2ème) et Hopkins (du 3ème) ont été joués (désolé j'ai pas suivi toute leur carrière,j'ai décroché dès la sortie du deuxième...). Bref une prestation très bonne. (Site officiel ici)

En attendant le début de Samael, le public a eu l'occasion d'écouter Era One, le nouveau projet très électronique et expérimental, contenant quelques remix du groupe. La prestation débute tandis que le chanteur guitariste monte sur scène avec des béquilles. Il jouera donc assis. Samael est pourtant en grande forme avec un grand déploiement d'énergie et un fan club très enthousiaste face à ces stars locales. Le show est enrichi de projections vidéos d'ambiances plutôt électroniques. Xy, crâne rasé, alternant les percussions et les machines, assure sa fonction de percussionniste par d'énormes bonds, donnant un côté industriel à la performance. Les nombreux titres de Passage se révèlent toujours aussi excellents sur scène, tout comme ceux d'Eternal dans un registre moins symphonique. Des titres de la période de Ceremony of Opposites furent également joués. Une performance, pour conclure, très professionnelle et très énergique et une soirée excellente dans son ensemble.

N.B. : Cet article a été initialement écrit pour le fanzine Sapaudiae True Metal Inc n°3

Autocrator / Adnauseam