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Dissection / Watain / Hysteria

Dissection-Watain-Hysteria 25-11-04 Lyon

25/11/2005

Ninkasi Kao, Lyon

Ce concert s'annonçait comme un des événements black metal de l'année, d'autant plus que Dissection ne faisait l'honneur de sa présence en France que pour deux dates. On peut donc souligner le dynamisme de l'association lyonnaise Hammer Of Gones. Et ce c'est pas pour faire lèche-bottes car les faits parlent vraiment d'eux-mêmes.

Hysteria (www.facebook.com/Hysteria-Deathmetal-747182888713158), un groupe lyonnais, qui ouvre la soirée. Formé en 1996, il pratique un style plutôt ancré dans le death metal, le t-shirt Aborted d'un des membres n'est donc pas trompeur. Une musique avec des relents brutaux mais sans pour autant annihiler toute mélodie bien présentes. De même, on notera la présence d'un chant parfois lorgnant vers le black. L'ensemble est plutôt bien exécuté. Ca a été en fait l'occasion pour le groupe de présenter son premier album actuellement en préparation qui succède ainsi au premier mini-CD 4 titres Abyssal Plains Of Chaos. Un nouveau groupe prometteur donc, même si je ne suis vraiment pas fan de ce style...

Les Suédois de Watain (www.templeofwatain.com) prennent ensuite le relais. On entre alors dans l'univers du black metal. Un décor très typé satanique et sombre est installé : deux grandes croix renversées de chaque côté surmontées chacune d'une bougie allumée, ainsi que des chaînes et un drapeau de fond comportant le logo du groupe, très proche de Mayhem d'ailleurs. La partie scénique allouée pour le groupe est assez réduite, délimitée par la batterie de Dissection, déjà installée à l'arrière. Watain a déjà sorti deux albums : Rabid Death's Curse récemment réédité en CD et Casus Luciferi chez les français de Drakkar Productions. Pourtant, je ne connaissais ce groupe que de nom et je dois dire que cette prestation m'a vraiment fait une très bonne impression. Le style du groupe est un black assez primaire, sombre, puissant avec parfois des passages plus lancinants pour un ensemble proche du Mayhem de la bonne époque. D'ailleurs, le chanteur au timbre de voix assez sombre qui n'est pas sans rappeler le visuel de Dead, dans ses postures ou dans son look très destroy, en l'occurence un t-shirt de Mayhem en lambeau. C'est en tout cas vraiment une bonne aubaine pour ce très bon groupe d'assurer la première de ce Rebirth of Dissection Tour. C'est en tout cas une très bonne prestation que nous a desservie là Watain. Un détail m'a vraiment surpris, à la fin de la soirée : le groupe alors sans maquillage et signant des autographes. J'ai pu remarquer que le chanteur portait, entre autres, le premier logo de Tiamat imprimé sur son perfecto. Pas surprenant lorsqu'on connaît les excellents débuts du cultissime Tiamat mais surprenant que de nouveaux groupes s'y intéressent.

Il est ensuite venu le moment de céder la place à Dissection (www.dissection.se). Un décor à nouveau très typé est installé. Tout d'abord, un grand décor de fond est installé, comportant une représentation de la faucheuse ailée, représentation de la mort souvent utilisée par le groupe. De même, sont installées, de chaque côté de la batterie disposée d'ailleurs en hauteur, des panneaux représentant l'insigne de Dissection (croix renversée avec un " six " à trois extrémités surmontée d'un chandelier) sur lesquels reposaient une bougie allumée. Et vers 22h00, la prestation qui va durer aux alentours de 1h30, incluant un rappel, débute sur l'intro de l'album Storm of the Light's Bane, At the Fathomless Blood. Après, le line-up, avec entre autre un membre d'Aborym au look assez martial, entre sur scène pour nous desservir un nouveau morceau plutôt puissant. D'autres titres nouveaux seront joués, environ trois, si je me rappelle bien, dont un dans ce style unique black death mélodique avec choeurs féminins au synthé. Peu de nouveaux morceaux au final donc, même si un nouvel album est annoncé, et si John annonçait avoir préparé des idées lors de son séjour en prison. Cette tournée est avant tout celle de le " renaissance " de Dissection. Après ce long silence, la présentation est déjà faite par la sortie l'année dernière de Live Legacy un live enregistré au Wacken en 1997. Car en effet, Dissection était en pleine ascension après la sortie en 1995 de l'excellent Storm of the Light's Bane chez Nuclear Blast, succédant ainsi au déjà très bon premier album The Somberlain sorti en 1993 chez No Fashion, lorsque son leader John Nödtveidt a été incarcéré en 1997 suite à l'assassinat d'un homosexuel. Comme de nombreux musiciens de la scène black de cette époque ayant été incarcérés, John jouit d'une certaine réputation et admiration auprès de fans de black. Ainsi on pouvait entendre quelques " Mort aux pédés ", à un moment traduit en " Kill the queers ", ce qui a d'ailleurs laissé John impassible. Surtout que Dissection n'est pas en première instance un manuel de combat contre les pédés (d'ailleurs Faust d'Emperor, emprisonné pour les mêmes raisons, devrait rejoindre le groupe à la batterie dès sa remise en liberté...). Les textes sont un peu plus profonds tout de même. Concernant le fameux Storm of the Light's Bane, cet album de référence de black / death. Attention cepedant. Le style dit black / death ne signifie pas à mi-chemin entre black et death, un peu comme Behemoth le fait avec réussite ou d'autres avec moins de bonheur. Mais ce style de black très mélodique puise dans ce metal puissant et émotionnel qu'était par exemple le death mélodique suédois de Dark Tranquillity). L'ensemble de l'album a été donc joué, de l'excellent Night's bBlood (premier titre de Dissection que j'ai entendu, dès la sortie du CD, sur un sampler du magazine anglais Terrorizer !) avec son excellent passage mélodique ou encore Where Dead Angels Lie, Unhallowed ou encore le très mélodique Thorns of Crimson Death avec un John imperturbable malgré un problème avec un ampli. C'est d'ailleurs le mot que j'utiliserais pour résumer cette prestation : perfection. L'exécution est très propre, presque comme si on écoutait le CD et il n'y a aucun ratage. Les musiciens semblent exécuter tous les morceaux avec une grande aisance, vraiment très professionnels. Le titre d'outro au piano No Dreams Breed In Breathless Sleep a même été exécuté en pré-enregistrement comme intermédiaire entre deux titres, donnant l'occasion à quelques voix de crier " mort aux pédés ". Mais là, était-ce sur cette douce mélodie pour honorer John ou pour dire " c'est quoi cette mélodie de pédé ? ". La mélodie est pourtant un élément indissociable de la musique de Dissection. Il y a également d'autres titres ayant été joués comme ce titre en hommage à la Countess Bathory, déjà joué lors de la tournée de Storm..., ou encore des morceaux du très bon CD The Somberlain (de 1993) comme le titre éponyme et quelques autres comme Heaven's Damnation si je ne me trompe. J'ai donc trouvé cette prestation vraiment de qualité, très professionnelle et ça été donc un véritable plaisir de pouvoir réécouter cette musique à la fois puissante, sombre, et très mélodique associée cette fois-ci à l'image. Une soirée excellente dans sa totalité. Certains se sont plaints d'un service de sécurité parfois rude pour un concert de black... Pour ma part ça restera un de mes meilleurs concerts de black.

Adnauseam