La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Katatonia / Ephel Duath / Ensoph

21/05/2004

Transilvania Live, Milan (Italie)

Certains groupes cultes comme Katatonia méritent que l'on fasse le déplacement. D'autant plus que leurs concerts à proximité ont été annulés plusieurs fois et cette date à Milan constituait l'une des quelques rares dates cette année avant les grands festivals. Finalement, Milan n'est qu'à 3 heures de route de la Haute-Savoie frontalière. En ce qui concerne la salle du Transilvania Live située au 59 de la Via Paravia, il s'agit apparemment d'une salle spécialisée dans les musiques alternatives et admirablement décorée tel un antre sombre, typé mais pas kitsch pour autant (plaques funéraires sur lesquelles les groupes immortalisent leur passage). Elle est située dans un quartier évoquant quelque part un peu le dernier Katatonia, dans la banlieue milanaise (pas le beau Milan quoi). En ce qui concerne le public, il est sympathique, diversifié au niveau des styles de metal écouté, une majorité non typé, certains au look un peu urbain, à noter plusieurs t-shirt à l'effigie d'Opeth.

Les Italiens d'Ensoph ouvrent le concert, ayant récemment sorti un nouveau CD et dès l'ouverture du rideau (scène tel un théâtre). On plonge dans ce monde electro dark metal bizarre. Le groupe arbore l'imagerie de l'album à savoir masques à gaz, look cyber black goth, avec un chanteur agité, allant de temps à autre chanter une romance perverse auprès de la flûtiste. C'est sûrement en référence aux débuts du groupe où celui-ci apparaissait sur scène avec une troupe de théâtre. En effet, Ensoph pratique un style un peu à la The Kovenant accompagné par une flûtiste oeuvrant dans un style à la Bethzaida / Dark Reality. Une étrange alchimie qui s'avère cependant efficace. La prestation ne dure qu'une demi-heure pour laisser la place au reste de l'affiche; on notera dès le deuxième morceau une étrange et surprenante reprise du Personal Jesus de Depeche Mode.

L'Italie a toujours produit des bijoux dans l'underground mais Ephel Duath qui prend la relève ne confirme pas la règle. Si l'auditoire semblait très réceptif au groupe au vu des t-shirt portant leur nom et si Ephel Duath en est à son troisième album chez Earache Records, la prestation de ces peut-être stars du metal national fut assez déconcertante. Certes nous ne remettrons pas en question l'étalage technique des musiciens qui semblaient aisément maîtriser la technique musicale et tourner en dérision la facilité avec laquelle ils s'en acquittaient. Mais le résultat était quant à lui assez déroutant : des mélodies étranges et dissonantes, des changements de rythme, des airs à la panthère roses. Il en est de même pour la prestation visuelle : deux musiciens portant la cravate non à la Laibach mais cravate brillante rigolote, avec des mimiques de dérision, assez qu'un chanteur qu'on imagerait sans peine sorti de l'asile. Il s'agit là d'un style de metal extrême technique avec des structures jazz : original, maîtrisé, drôle mais très saoulant.

Arrive enfin le tour des Suédois de Katatonia. La prestation débute avec Ghost of the Sun avec Blackheim aux backing vocals. Très bon son : la tendance du concert est donné. Les morceaux alterneront entre le moins accessible dernier album mais néanmoins très bon Viva Emptiness et l'excellent Last fair deal gone down avec entre autres le tube Teargas, d'autres comme Tonight's Music, Sweet Nurse, Dispossession en premier titre de rappel. Les morceaux du dernier opus passent bien sur scène (d'ailleurs composé dans cette optique) avec des morceaux comme l'excellent Evidence ou Wealth, A Premonition. Les albums précédents sont aussi mis à l'honneur avec Black Session de Tonight's Decision (1999) mais aussi de l'excellent Discouraged Ones (1998) avec Stalemate et le superbe Deadhouse. La surprise viendra lors du rappel avec le culminant Murder du second album cultissime Brave Murder Day (sorti en 1996) avec la voix dark de l'époque. Celle-ci était originellement faite par Micke Akerfeldt d'Opeth et ce pour achever un rappel de trois titres de ce concert inoubliable (à mettre à côté de l'excellent concert de Tiamat en 2002 à Vevey). On regrettera bien sûr l'absence de titres rendant hommage à la période Dance of December's Souls (1993). Un concert au final à la hauteur des attentes pour un groupe culte qui a su se renouveler à chaque album et évoluer toujours avec réussite, passant d'un dark doom à un gothic metal. Et toujours ce fond commun qui consiste à distiller à l'aide de la musique des émotions mélancoliques et dépressives avec sobriété, sincérité, maturité et profondeur.

Katatonia - Live In Milan, 21/05/2004

Katatonia - Live In Milan, 21/05/2004

Sites web

Adnauseam