06/03/2004
L'Usine, Genève
Concert très attendu ce soir vu l'affiche : la salle sera vite sold out. Le public est venu de loin et de divers horizons : Français, Suisses-Allemands et cela fait plaisir au vu des salles de plus en plus désertées de Lyon par exemple. Celle-ci est d'ailleurs parfaite pour accueillir cette affiche, pas trop grande pour rentrer en contact avec le groupe et suffisamment spatiale pour atteindre le bar déjà envahi par une horde d'assoiffés aux allures païennes.
C'est à Your Own Decay, nous venant de Lausanne, que revient l'honneur d'ouvrir cette affiche culte. Dès les premières notes, le ton est annoncé avec blastbeats et tournoiements crâniens, qui font ressurgir les instincts bestiaux du public qui en veut et qui le montre. Your Own Decay joue un death brutal, rapide et efficace bien propre à la scène suisse mais qui ne m'aura pas surpris outre mesure. Leur set de quatre / cinq titres est clos par une agréable reprise-hommage à Death avec l'interprétation de Lake of Comprehension.
Ensuite entrent trois géants latinos : les Brésiliens de Krisiun. Leur death puissant est comparable à une tribu cannibale de la selve chargeant les missionnaires de la soumission. Kill, Kill, Kill Lord Jesus Christ crie la foule déchaînée sous les flammes purificatrices de riffs exécutés dans toute leur brutalité. Le blastbeat est omniprésent dans leur musique et pourtant il n'induit aucune monotonie mais une ambiance fidèle aux albums avec des solos maîtrisés. Notons la disposition originale du trio avec la batterie mise en avant sur la scène et épaulé par deux colosses. Conquerors of Armaggedon et Ageless Venomous font partie de leurs classiques joués ce soir avec une rage bien à eux.
Enfin arrive le plus attendu de la soirée : le cultissisme Morbid Angel, fondateur d'un death metal mystique et lovecraftien tout à fait original. Les quelques fumigènes recréant cette atmosphère ne suffisent pas à dissimuler la silhouette de Trey Azagthoth (guitariste leader du groupe depuis toujours), qui se fait ovationner par le public lors de son arrivée. Rappelons que le line-up de ce soir est constitué du batteur Pete Sandoval (lui aussi présent depuis le début), de Steve Tucker au chant et à la basse depuis Formulas fatal to the flesh et d'un second guitariste de session (Norman de Monstruosity). Ces guerriers du chaos font leur entrée sur Blessed are the sick ce qui provoque immédiatement l'excitation d'une masse informe de chair et de cheveux. La transe démoniaque continue avec une palette musicale de leurs nombreux albums avec des titres comme Cleansed in pestilence ou encore Chapel of gouls. Steve Tucker apporte plus de brutalité au groupe et les solos des guitaristes nous envoûtent par leur beauté insondable et irréelle propre au groupe. On a affaire à une légende du metal et on le ressent par leur présence et leur prestation. Je regrette malgré tout, étant adepte des premiers albums qu'ils n'aient pas joués des titres comme Angel of Disease, Abomination ou Unholy Blasphemies et aussi la voix autrement charismatique de David Vincent (j'ai en effet appris le soir même qu'il n'était plus dans le groupe !). Mais bon les groupes et leurs musiques évoluent inévitablement.
Donc un concert qu'il ne fallait pas manquer avec une ambiance et un public (750 entrées !) à la hauteur de l'affiche.