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Neither / Neither World + Acid Mothers Temple

13/11/2004

L'Usine, Genève

L'affiche de cette soirée était plutôt surprenante : les cultes Neither / Neither World en première partie d'un groupe au style complètement différent, Acid Mothers Temple, un groupe de psyche rock japonais. Les deux publics étaient forcément très différents et chacun n'a pas dû comprendre la présence de l'autre groupe. Acid Mothers Temple est déjà plus intéressant avec ses guitares assez puissantes et parfois un côté stoner rock. C'est vraiment surprenant qu'au Japon il y ait des nostalgiques de cette époque occidentale. Car je ne sais pas mais ça colle pas trop avec leur culture. Les membres étaient d'ailleurs assez bizarres. Le joueur de synthé portait de longs cheveux teints en blond. Ou encore un autre membre ressemblait à un sorcier (probablement le délire mystique hippie) avec une coupe presque à la Messiah Marcolin de Candlemass version japonaise. Bref, je ne m'attarderai pas là-dessus puisque cette affiche était apparemment plus due à la nécessité de caser deux groupes qu'autre chose... Apparemment c'était paradoxalement la deuxième et dernière date ensemble puisque déjà regroupés à Bâle la veille. La divergence de style n'est encore pas insurmontable. Le problème, c'est que Neither / Neither World venant des USA, donc de loin également, pour se retrouver bizarrement avec les japonais en Suisse (oui la Suisse est un pays neutre et pas de différents historiques donc entre USA et Japon !), a dû écourté son show en le réduisant à une demi-heure pour que les autres puissent déverser leur sonorités seventies pendant presque 1 heure et demie. Le plus simple aurait été à mon avis de faire commencer le concert bien plus tôt (au lieu d'attendre 22h30 passés) et de laisser Neither / Neither World jouer alors plus de morceaux. Bon, effectivement la plupart des gens présents étaient là pour le groupe japonais qui semble connu dans cette scène...

Passons aux choses sérieuses, à savoir la prestation de Neither / Neither World, ce groupe vétéran de la scène dark folk indus. Cette tournée sert en fait de promotion à la sortie de leur nouvel album Rewound sur le label suisse indépendant Shayo. Cet album est présenté comme contenant 15 ballades entre la folk apocalyptique de Current 93 (culte !) et la pop éthérée de Mazzy Star (désolé, je ne connais pas...), incluant une version live d'un ancien titre ainsi que des reprises acoustiques de Jesus and Mary Chain, Bauhaus et Love and Rockets. Cela fait des années, en fait, que Neither / Neither World existe. Le projet de Wendy van Dusen a souvent été présenté comme le Sorrow américain, tout comme il était annoncé ce soir-là comme la réponse américaine à Death In June. En effet, Wendy nous a proposé pour cette demi-heure principalement des ballades dépouillées à la guitare sèche exécutée par elle-même avec sa voix désenchantée, accompagnée par un joueur d'harmonica très efficace et un deuxième guitariste acoustique. L'ensemble donne donc une musique sobre et très désenchantée. On notera, entre autres, le morceau Seven Kinds of Sin de l'album Maddening Montagery and Other Fantastic Stories sorti en 1995 chez Dark Vynil. De même, on a également eu droit à un seul morceau industriel / rituel avec une Wendy van Dusen en transe dessus. Neither / Neither World a toujours oscillé entre ballades folk désenchantées et morceaux rituels industriels. Niveau visuel, il y avait un côté un peu décousu entre les deux membres très sobres : une Wendy  (plus toute jeune) sur des talons très haut (elle est déjà grande) la faisant ressortir de la scène, ainsi qu'un look très fétichiste / SM (couettes, habillement sensuel très léger et très moulant). Cela peut paraître surprenant dans un cadre dark folk, mais la chanteuse de Sorrow est comme cela. Probablement une façon de témoigner du désenchantement de notre quotidien et du manque de sens de notre époque car la nostalgie d'une autre époque et d'autres valeurs apparaît bien dans la rune d'Othal tatouée sur le bras droit de Wendy. Une prestation donc fort appréciable et malheureusement écourtée pour céder la place à une seconde partie de soirée bien mal agencée.

Adnauseam