The Vision Bleak / Jacquy Bitch

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y avait pas foule malgré une très bonne affiche. D'autant plus que les groupes internationaux intéressants sont rares à Grenoble. On peut remercier Hors Norm de tenter de faire bouger les choses et surtout de faire passer des groupes qu'on ne verrait probablement pas ailleurs comme Tanzwut dernièrement ou The Vision Bleak cette fois-ci. Certes, le pari est audacieux, tenter de mélanger des groupes et des publics cloisonnés mais c'est plutôt intéressant. L'organisation avait prévenu : c'est soit on venait au concert soit on était condamné à se coltiner des " stars à conneries " à la télé. Malgré une telle alternative certains ont choisi la pire. En effet, quelles occupations peuvent bien trouver les publics de ces scènes hormis de se rendre aux rares concerts de la mouvance ?

Que faisait donc le public gothic / batcave de la région ce soir là plutôt que de se rendre à la prestation d'un des meilleurs groupes de batcave français à savoir Jacquy Bitch originaire de Saint-Quentin dans le nord de la France ? On se le demande. La réponse, c'est probablement la soirée " gogoth " à Lyon pour voir et se faire voir. Les gothiques préfèrent s'amuser à danser dans des soirées plutôt que venir voir la prestation de vrais bons groupes leaders du mouvement même si pas l'un des plus connus à l'extérieur de la mouvance. Car il faut savoir que Jacquy Bitch n'est pas un énième nouveau venu mais qu'il écume la scène goth depuis 1984. Il est aussi le leader du groupe Neva dont le CD a été réédité dernièrement. Il faut reconnaître que les titres de Jacquy Bitch enregistrés entre 1983 et 1989 (la démo Frustration) sont cultes et en avance sur beaucoup de groupes, de même que l'autoproduction Les mains du mal. Depuis ces premières cassettes, Jacquy Bitch a sorti deux albums au format CD succédant au très bon mini-CD éponyme sorti chez Vynil Humide en 1995. Un premier CD intitulé Coram sorti chez Darkside Distribution que j'avais trouvé plutôt décevant étant donné l'énorme potentiel du groupe. Et un deuxième sorti cette année chez Manic Depression (même label que Violet Stigmata) qui m'a l'air assez bon à l'écoute des titres joués. En effet, Jacquy Bitch a entrepris une tournée pour promouvoir ce nouvel album. J'avais déjà eu l'occasion d'assister à l'une de leur vieilles prestations exactement au même endroit en octobre 1997 (avec Digital Factor) . Le visuel était parfois un peu kitsch pour un ensemble cependant très bon. On regrettera ici l'absence de vieux titres (ce qui n'était pas le cas en 1997). Pourtant le titre Suicide semble être un remix du titre qui figurait sur le mini-CD. On notera également un malheureux problème avec les programmations que le groupe a du se résigner à laisser tomber pour passer à la deuxième partie du set accompagné d'un batteur. Dommage puisque les programmations de JACQUY, notamment la boîte à rythme, sont particulièrement bien faites. Mais même sans les programmations, le groupe a très bien assuré, rendant les titres peut-être plus typés goth / batcave / deathrock. On a même eu droit à un petit rappel avec une nouvelle exécution du titre Suicide, les programmations par ordinateur étant définitivement inutilisables ce soir-là.

Le deuxième volet de la soirée, c'est le groupe The Vision Bleak qui nous vient d'Allemagne pour une première date en France. Le groupe compte en ses rangs un membre du défunt Empyrium (culte...) dans un registre totalement différent puisqu'il s'agit d'une musique " gothic horror metal " (cf ma chronique CD) avec donc forcément un petit côté kitsch mais ici très bien réalisé. Le groupe monte donc sur scène revêtu d'une panoplie élégante très 19^ème siècle. Le personnel présent ne se limite pas au duo originel puisqu'on retrouve un violoniste, un violoncelliste ainsi qu'un batteur en supplément. Pas de bassiste présent par contre. Le groupe nous déversera donc le contenu de son unique premier album The Deathship has a New Captain, à savoir leur 9 songs of death, doom and horror très bien restituées sur scène notamment avec le violon et le violoncelliste en supplément, incluant également les narrations entre les morceaux exécutées ici par le chanteur (sauf la première...). Les 9 titres épuisés, le groupe nous proposa toutefois un rappel avec un titre forcément déjà exécuté, Elizabeth Dane, qui clôt donc une prestation dynamique (même les deux instrumentistes classiques headbangaient) et confirme l'énorme potentiel de ce groupe dont on attend avec impatience un prochain album.

Adnauseam