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Enslaved / Vreid

13/03/2005

Wigwam, Budapest (Hongrie)

Comment décrire un tel show ? Tout ce qui s'est passé ce soir-là, sur la scène du Wigwam est bien au-delà des mots. Et ce serait manquer de respect aux groupes que de verser dans nos habituels boniments et superficielles logorrhées. Essayons toutefois de dégager quelques éléments d information, puisqu'on nous paye pour cela, après tout...

Plus que convaincante, la première partie est assurée par Vreid qui, dans un esprit très thrash, délivre une musique puissante et agressive. Il propose même deux reprises du plus bel effet : un titre de Windir, sur lequel le vocaliste se heurte à la difficulté du chant clair, et le cultissime As the Eternity Opens d'Immortal, dans une version singulièrement rock'n'roll. Mais ce gig pour le moins traditionnel ne laisse en rien présager ce qui, par la suite, va littéralement nous tomber sur la gueule.

Le concert d' Enslaved fut un moment mystique, magique, merveilleux, dont il semble difficile de déceler les étapes, les détails ou les points faibles. Dans ce luxe de sons planants, d'images oniriques et de braillantes enragées, l'esprit critique se trouvait comme jugulé. Les catégories traditionnelles du live report (" une prestation efficace ", " des musiciens virtuoses ", etc) se révèlent ici vaines et inopérantes. Contentons-nous de dire que tout fut parfait. A la fois black, psychédélique, mystique, rock'n'roll, evil, méditatif... Indicible, en somme. Enslaved mêle tout ce que l'on pensait antithétique dans une sorte de moment onirique où le Temps suspend son vol et les heures propices leur cours (passez-moi ce lyrisme minable, emprunté à je ne sais quel eunuque romantique,mais au souvenir d'un tel événement, les métaphores les plus ronflantes assaillent mon imaginaire !). L'on peut mettre au défi qui que ce soit de songer à sa feuille d'impôt, ou à ses problèmes de coeur, lorsque se joue, sur scène, cette communion " mystico rock'n'roll ". Entre les cinq musiciens semble régner l'entente, le respect et la confiance. Et on croirait presque qu'ils ne jouent que pour leur plaisir, au mépris du public ! C'est justement là que gît la singularité de ce show inoubliable. Une heure durant, le groupe nous jette à la gueule quelque chose d'inimaginable et ne paraît même pas s'en rendre compte ! Toutes les périodes, de Frost à Isa, sont abordées (seul l'album Blodhemn sera mis de côté) dans une débauche d'effets 70's et d'images somptueuses. Et le plus étonnant, dans cette histoire, c'est qu Enslaved, en dépit de tout cet enrichissement musical et visuel (que des fâcheux se plaisent à lui reprocher), n'a rien perdu de sa verve black metal. Les nouvelles influences du groupe n'ôtent rien a la violence et l'ineffable puissance de sa prestation live. Parfait combattant, Enslaved sait aussi bien se livrer à la fureur guerrière que méditer sur les forces qui régissent le monde.

Peu accoutumés à de si stupéfiantes prestations, nous ressortions comme changés de cette salle trop peu peuplée (c'est à n'y rien comprendre...), en constatant que certains dimanches sont tout de même moins chiants que d'autres !

NDR : De notre envoyé spécial en Hongrie, Mesmera !

Mesmera