03/12/2005
Transbordeur, Lyon
L'affiche de cette soirée organisée par la dynamique association Hammer of Gones était hétéroclite avec par conséquent un public varié, des vieux thrasheurs venus pour Exodus au public metal extrême mais aussi plus large pour Hypocrisy, et aux black metalleux venus juste pour Keep Of Kalessin. Je pense les derniers plus minoritaires mais il y en avait cependant. Ce qui explique un public peu nombreux en début de soirée et le choix de la petite salle du Transbordeur et non de la grande mais qui s'est rapidement remplie pour atteindre les 400 personnes au final !
Khold, initialement programmé, avait été remplacé depuis quelques temps par les norvégiens de Keep Of Kalessin. Ce groupe n'en est pas à ses premiers pas et a compté en ses rangs de nombreux musiciens déjà connus comme des membres de Bloodthorn ou encore les fameux musiciens live de Satyricon dont le leader, Obsidian Claw, qui a été bassement inculpé de viol (no comment, mais bon le black metal devient bien urbain on dirait, après Gorgoroth...) pendant la tournée de Satyricon aux USA... Enfin, bref. Le line-up présent sur la tournée est différent du trio qui a enregistré le dernier EP en date Reclaim, le successeur d'Agmen en 1999 et de Through times of war en 1997 puisqu'il ne comporte rien moins qu'Attila Czihar au chant et Frost de Satyricon et 1349 à la batterie. Ceci explique aussi le côté un peu plat sur scène pour cette prestation. Keep Of Kalessin est apparu comme un groupe très typé black norvégien, aussi bien dans le look que dans l'attitude. On a droit à un groupe sérieux, cependant avec un petit moins, puisqu'on n'a pas ici une musique de vrai black metal norvégien mais un black metal qui se cherche parfois dans le thrash. Le morceau de clôture était probablement le meilleur titre du set qui nous laisse un peu sur notre faim du coup.
Le groupe cède la place à Exodus. Etrange de voir ce vieux groupe d'une autre époque du metal sur scène aujourd'hui et pour lequel de nombreux métalleux de l'époque s'étaient déplacés. Exodus aura marqué à l'époque le thrash mais personnellement je trouve que le meilleur se situe à leur début. Pour ceux qui l'aurait oublié, Exodus comportait Kirk Hammet de Metallica au tout début (il semble que cette soirée ne propose que des groupes dans lesquels ont été des personnages cultes de la scène metal). Que dire sur cette prestation ? Un bon show de thrash typé " Bay Area ", efficace quoiqu'au final un peu monotone. Le groupe semble en tout cas très motivé et s'est surtout focalisé sur les titres les plus thrash de son répertoire. Le fait d'avoir commencé avec le titre Bonded by blood de l'album du même nom n'est pas un hasard. D'ailleurs avec le temps c'est bien cet album qui est le plus resté enregistré à l'époque avec Paul Baloff qui a quitté le groupe en 1986, revenu en 1997 lors de la reformation et malheureusement décédé en 2002. Ce n'est d'ailleurs pas non plus leur second chanteur, Steve Souza, qui a assuré la prestation. Car lui aussi de retour pour remplacer Baloff à nouveau en 2002, a été évincé en 2004. Personnellement je n'ai jamais trop accroché la voix de Souza et j'ai justement trouvé le nouveau chanteur, Rob Dukes, bien plus efficace, assurant sur les titres des deux albums de la reformation Tempo of the damned (2004) et Shovel headed kill machine (2005) mais surtout sur tous leurs vieux hits thrash comme Fabulous disaster ou A lesson in violence. Une bonne prestation de thrash metal pour un groupe en pleine forme apparemment.
Viens enfin le tour de Hypocrisy, que j'attendais avec impatience et que je n'avais jamais eu l'occasion de voir auparavant. Lors de leur précédent passage à Lyon en 2002 avec Immortal, la prestation d'Hypocrisy avait été écourtée à cause de fouteurs de merde, ce que rappelle Peter Tägtgren juste après le premier titre, tout en précisant que cette fois ils vont jouer plus longtemps. Ce sera, en effet, une longue prestation d'une heure avec un rappel de deux titres devant un public apparemment adepte. Evidemment, le set a été parfait en tout point. Peter Tägtgren, producteur incontournable de la scène metal extrême, affine quelques réglages entre les morceaux pour atteindre la perfection. La playlist a été excellemment choisie un peu comme le best of d'HYPOCRISY. Et après deux titres plus rentre-dedans du dernier album, le combo va balancer le meilleur de chaque album à savoir leurs excellents titres à la fois puissants et mélodiques avec la voix black si particulière (à l'image de sa physionomie) de Peter Tägtgren. Sont ainsi joués les excellent Fire in the sky (d'Into the abyss), le hit Roswell 47 (d'Abducted), Born dead, buried alive et Erased (avec son There si no god on earth) du précédent album The arrival, Until the end d'HYPOCRISY (1999) tout comme Fractured millenium en rappel pour achever avec l'excellent Final chapter de l'album du même nom. On notera aussi un équilibre entre les morceaux qu'HYPOCRISY a toujours su faire dans ses albums. Puis, des morceaux de la vieille époque ont été honorés comme l'excellent titre à consonance doomApocalypse de The fourth dimension. Dommage que Reincarnation et Black forest ne soient plus au programme depuis longtemps. Et encore plus ancien, de leur époque dark death occulte (où le groupe entretenait un certain mystère, précisant même sur The fourth dimension qu'aucun texte de quelques albums que ce soit n'étaient disponibles), Hypocrisy exécutera Inferior devoties d'Osculum obscenum, le deuxième album de 1994. A l'époque, le chanteur de Dark Funeral occupait encore le poste de chanteur. Dommage que l'excellent Left to rot de Penetralia (morceau qui m'a fait découvrir Hypocrisy, il y a plus de 10 ans !) n'ait pas été joué. Une prestation excellente donc du début à la fin, à la hauteur de mes espérances, nettement supérieure à la prestation à laquelle j'ai pu assister de Pain, le groupe electro metal de Peter Tägtgren, qui montre qu'Hypocrisy est une entité. Malgré un important changement de line-up avec le départ de Lars Szöke à la batterie, qui formait le noyau de toujours avec Mickaël Hedlund et Peter Tägtgren (qui avaient aussi fait ensemble deux albums en inversant les rôles sous le nom de The Abyss), Hypocrisy est au meilleur de sa forme et a vraiment prouvé si on en doutait qu'à travers les évolutions tant musicales que conceptuelles (passage de l'occultisme des débuts à cet étrange concept de science-fiction), c'est vraiment une référence du metal extrême.