Isis / Jesu / These Arms Are Snakes / Tim Hecker

Voilà une bien belle affiche pour cette soirée organisée par le Kab. La plupart sont des groupes du label Hydra Head Industry, le label d'Aaron Turner d'Isis. Cette affiche nous en montre les différentes facettes du son particulier qui est le sien.

Tim Hecker ouvre la soirée pour une demi-heure de sons ambiantes sombres. Le show a déjà commencé depuis peu quand nous pénétrons dans la salle et, surprise, rien sur scène :pas de lumière et personne face à la scène, plutôt des groupes de gens disséminés par-ci par-là. Certains sont assis en cercle prenant plus cela comme une musique d'ambiance qu'une réelle prestation. C'est probablement le but recherché puisque le show se passe derrière nous, Tim Hecker mixe ses sons juste à côté de la table de l'ingénieur du son dans une tenue un peu à la Dark Vador puisque Tim est recouvert d'une longue aube noire à capuche, avec une grille sur le visage, tel un maître des ténèbres. Mais le style est très bien. Une musique très proche de ce qu'on peut découvrir sur le remix fait par l'artiste sur l'album de remixes d'Isis : sombre et ambiante entre les productions de Project et quelque chose de beaucoup plus saturé. Le maître des ambiances sombres se retire sous las applaudissements des quelques personnes entourant la table de mixage et qui ont compris qu'il ne s'agissait pas de faire patienter mais de nous immerger. Entreprise réussie, une musique vraiment intéressante.

Les concerts classiques débutent avec These Arms Are Snakes, groupe rajouté à l'affiche au dernier moment. Il nous vient de Seattle. Avec lui, on entre dans un univers assez différent (dans lequel nous nous replongerons, passée cette parenthèse) puisque c'est à un groupe très rock'n'roll qu'on a affaire. Evidemment le lien avec la soirée est celui des influences hardcore puisque These Arms Are Snakes est né des cendres du groupe Blotch et des formations Kill Sadie et Nineironspitfire. Mais ici, le passé plus hardcore a cédé la place a quelque chose de clairement plus rock'n'roll. Le t-shirt du chanteur reprend le fameux logo à croix de Guns N' Roses n'est donc pas un hasard. Le groupe est là pour promouvoir son premier CD au nom étrange d'Oxeeners or the lion sleeps its antelope go home. Celui-ci reflète bien le côté déjanté de cette formation rock'n'roll dans l'âme avec le côté destroy assorti à un chanteur assez déjanté qui se défoule sur scène en se tordant et en faisant des bonds, peut-être un peu à la Iggy Pop ? Un concert appréciable même s'il s'agit plus là d'une parenthèse. Le meilleur moyen de découvrir ce groupe est de se rendre sur leur page Facebook.

Passée cette parenthèse rock'n'roll, c'est le moment de se replonger dans une ambiance profonde avec Jesu dont j'attendais la prestation avec impatience après avoir découvert l'excellent premier album de ce nouveau projet principal de Justin Brodvick. Ce dernier a mis un terme à la carrière du très culte Godflesh pour l'indus. Il faut reconnaître que ce nouveau projet lui est supérieur et explore une autre voie avec un côté atmosphérique fortement mis en avant. Ces 45 minutes sont donc parfaites du début à la fin. Le groupe entre sur scène sous forme de quatuor au lieu du trio habituel (...) puisque le leader d'Isis (décidément Isis est partout ce soir) s'occupe de la seconde guitare pour le premier titre et il reviendra discrètement sur le titre de clôture. Des musiciens très sobres, peut-être trop (enfin comprendre classique sans style : jean, t-shirt...) mais cette musique si intense n'a pas besoin d'apparat pour immerger son auditeur dans cette ambiance froide et atmosphérique. C'est donc dans son premier album éponyme que Jesu va piocher (les titres du mini-CD de 20 minutes étant trop long pour le peu de temps alloué). La prestation débute avec le titre d'ouverture de l'album Your path to divinity et viennent les Friends are evil, le très atmosphérique et doomTired of me puis le godfleshien Man / Woman pour finir. Dommage que l'excellent Walk on water n'ai pas été fait mais bon il est évident qu'en 45 minutes tout ne pouvait être fait sachant que les morceaux durent tous plus de 9 minutes. Même si ce premier album est réellement excellent, vu qu'il fallait choisir, j'aurais juste remplacé Your path to divinity et Man / Woman par des morceaux plus excellents n'ayant pu être faits par manque de temps... Enfin bon, Jesu a très bien su retranscrire sur scène l'atmosphère froide et atmosphérique de l'album avec cette rencontre de doom atmosphérique et de metal indus. De toute manière, la scène, Justin Broadwick la connaît depuis le temps qu'il parcourt le monde pour s'exprimer par la musique que ce soit par Godflesh ou ses débuts dans Napalm Death et ces autres side-projets...

La salle déjà bien remplie progressivement (ce qui était le cas pour Jesu) depuis le début des concerts est cette fois à son comble pour la tête d'affiche Isis, formée en 1998 et dont la notoriété en trois albums seulement (Celestial en 2000, Oceanic en 2002 et Panopticon en 2004 et la compil Oceanic : Remixes / Interpretations en 2005) semble être très grande. Pour ma part, c'est bien ce soir-là que j'ai réellement pu découvrir ce groupe car je ne le connaissaissurtout de nom, mainte-fois cité en comparaison de groupes de la vague postcore mélodique et également par le biais de leur album de remixes de l'album Oceanic. Les fans étaient nombreux. Il y avait d'ailleurs devant moi une bande de jeunes réellement fans qui attendaient impatiemment certains morceaux. Ils se regardaient quand le morceau voulu tombait et étaient en extase du début à la fin. Autant dire qu'Isis est une référence qui me manquait. Et il faut reconnaître que même si c'était assez différent de ce que je connaissais à ce moment-là (donc la face atmosphérique avec les remix), ça a été une sacrée bonne surprise que de découvrir quelque chose de si excellent. L'organisation définissait le style d'Isis comme une rencontre entre Pink Floyd et Neurosis. Finalement une bonne description avec le côté postcore de Neurosis et un côté vraiment planant également, progressif dans leur musique. Je retrouvais ce que je connaissais d'Isis finalement dans les intermèdes entre les titres avec des vagues de synthé planantes assez proches de Tim Hecker. Une prestation vraiment pro et efficace avec un chant écorché, des musiciens passionnés. C'était parfait du début à la fin même si la prestation s'est terminée sans le bassiste, énervé par un ampli qui a rendu l'âme un titre avant le rappel (le même a été excédé par un gugus du public tentant de faire du stage diving et qui déguerpilla rapidement lorsque le bassiste le gicla lui-même de la scène...). Evidemment, pas mal de titres de Panopticon ont été joués car si la dernière sortie en date était l'album de remixes. Celui-ci n'était pas au programme puisque c'était du pur Isis avec des titres comme le très bon In fiction qui ont été joués. Une longue prestation parfaite cependant du début à la fin.

Une soirée axée plutôt Hydra Head donc vraiment excellente !

Adnauseam