14/02/2005
Transbordeur, Lyon
A chaque tournée, Dark Tranquillity honore Lyon de sa présence d'une façon ou d'une autre (en tête d'affiche ou pas). Cependant, je n'ai jamais eu l'occasion d'assister auparavant à l'un de leur concert. Je ne comptais donc pas rater cette date.
La soirée débute de bonne heure avec Hatesphere (www.hatesphere.com), un nouveau groupe danois plutôt orienté thrash, formé en 2001. Il en est déjà à son quatrième album mais troisième " véritable " album avec Ballet of the Brute toujours chez Scarlet records. Une prestation honorable.
La place est cédée à Ektomorf (www.ektomorf.com) officiant dans un registre proche de Soulfly, ce qui devrait plaire aux amateurs. Tout comme Hatesphere, Ektomorf a déjà une certaine discographie avec ces cinq albums. En même temps le groupe hongrois a été formé en 1994 et est aujourd'hui chez Nuclear Blast. Pour ma part, ce n'est pas trop mon style mais les adeptes ont dû accroché.
Même si ces deux premiers groupes ont trouvé leur public, il est évident que la plupart était venu pour le reste de l'affiche. Dark Tranquillity (www.darktranquillity.com) qui prend la relève n'est cette fois-ci pas en tête d'affiche et cela a eu pour conséquence un show de quarante minutes seulement, malheureusement. Juste le temps de nous délivrer son death mélodique de référence et précurseur et de présenter le nouvel album Character. Cet album est plus rentre dedans, retour aux sources peut-être, et dans la continuité du précédent Damage Done. Ce qui explique la set-list du groupe qui a passé en revue ses monuments discographiques en remontant jusqu'au cultissime The Gallery avec Punish my heaven. Mais l'impasse a été faite sur un titre comme Lethe ou sur l'album Projector. On notera aussi un titre de The mind's I et puis, bien sûr, des titres de Damage Done ou Haven. Bref, une prestation excellente et évidemment bien trop courte pour un groupe de cette qualité et de cette réputation. On notera le charisme du chanteur et à défaut d'un rappel à cause du timing, des salutations et poignées de mains sans fin. Un show excellent, sobre et efficace. A mon avis, il aurait été mieux d'équilibrer la durée de prestation entre Dark Tranquillity et Kreator puisqu'il me semble que la renommée de Dark Tranquillity est toute aussi grande.
Kreator (kreator-terrorzone.de) va donc clore cette soirée avec une longue prestation de 1h30, le temps d'aborder tous les moments de sa longue carrière. Le concert débute avec le morceau éponyme Enemy of God qui confirme le retour au thrash instigué dès Violent Revolution. Pour une fois, Kreator persiste et va donc privilégier tous les titres ayant marqué sa carrière : Pleasure to kill, People of the lie (Coma of souls), Terrible Certainty, Betrayer, Extreme Aggression, Violent Revolution et bien sûr l'excellent Renewal, même si ironiquement cet album avait été controversé à sa sortie à cause de son côté plus expérimental, mais pas tant que ça finalement. Par contre, les albums plus en rupture avec le thrash classique ont été mis de côté, tout particulièrement l'excellent Endorama et, de même, Black sun rising n'a pas été joué (Phobia également d'Outcast a par contre été joué). Ce n'était pas le cas évidemment lors de la tournée d'Outcast où j'avais pu voir le groupe avec Moonspell à Genève, d'ailleurs pas en tête d'affiche cette fois-là. Le groupe, très motivé visiblement, enchaînait parfois les titres sans pause. Un concert donc axé principalement sur les titres confirmant que Kreator était et est toujours une référence de thrash et que, par delà les modes, seuls les meilleurs survivent. Car de la vague thrash tant à la mode à la fin des années 80, qui reste encore ? On peut être curieux de voir qui restera encore dans 10 ans de la scène black. Le groupe prouve qu'il est un groupe de thrash et et qui plus est, la référence dans le style, en remontant jusqu'à son premier album Endless Pain sorti en 1985, avec deux titres Flag of Hate enchainé avec Tormentor qui était aussi le premier nom du groupe. Et en annonçant justement Flag of Hate, Mille Pettroza a d'ailleurs remis les pendules à l'heure de ceux qui ont tendance à tout mélanger et à mal interpréter les groupes. En effet, Mille nous a annoncé qu'on ressent tous de la haine et que, pour sa part, sa haine est suscitée entre autres par le racisme contre lequel il nous a incité à faire un gros " fuck " et par tous les gouvernements quels qu'ils soient. Bon, ce n'est pas très original aujourd'hui mais ce groupe est né dans les années 80. Cela n'a pas manqué de désappointer les fans de black NS car certains voyaient en Kreator un précurseur du mouvement, juste parce qu'on retrouve la haine dans leurs textes . Il ne s'agit pas ici de désigner les bons et les méchants mais de souligner le côté ironique de la chose. Kreator est un groupe de Kreator (il n'a pas retourné sa veste). Précisons ensuite que Mille n'est pas pour autant affilié à des associations à deux balles évidemment. Et surtout le mot " haine " a souvent une visée misanthropique. Une fin de concert donc ironique pour ceux qui étaient surpris par le non-surprenant ! Au final, une très bonne prestation de Kreator qui s'ajoute ainsi au show de Dark Tranquillity malheureusement trop court. En tout cas, merci à BAD d'avoir organiser cette soirée avec ces deux références.