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Laibach / Tidal Wave

14/05/2005

Case à Chocs, Neuchâtel (Suisse Romande)

Cela faisait longtemps que je n'étais pas retourné à la Case à Chocs (mon dernier concert dans cette salle avait été les gothic belges de Swan Death avec Noctule Sorix, Violet Stigmata et S-Tantale. Peu de temps après Kirlian Camera accompagne Criminal Asylum et Leutha. Ce fût encore une fois un plaisir d'y retourner, surtout dans ces circonstances. En effet, quel plaisir de pouvoir revoir Laibach un peu plus d'une année après leur excellente prestation en octobre 2003 à l'Usine à Genève. Par contre, la salle n'était cette fois-ci que moyennement remplie et non comblée comme à Genève. Peut-être qu'Yverdon paraît pour certains le fin fond du monde, tant pis pour les absents !

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Comme à l'accoutumée, Laibach arrive donc sur scène en tenue martiale après une intro : le chanteur avec son traditionnel " look " de prophète, des guitaristes en chemises brunes et bottes paramilitaires. Quoique que le groupe paraît moins martial et " fasciste " (pour reprendre les expressions des gens qui ne comprennent jamais rien à rien...) qu'à ses débuts avec des coupes de cheveux un peu pop rock anglaise. N'oublions pas en effet que Laibach est un vieux groupe du début des années 80. Depuis sa formation, il distille une musique assez avant-gardiste avec des concepts totalitaires. Et pour preuve le groupe est passé d'un industriel expérimental, répétitif et bruitiste les premières années à un industriel symphonique qui a influencé toute la vague actuelle. Puis il s'est engagé dans une étrange période faite de reprises de hits tout cela en version militariste, où les paroles originelles prennent alors une autre signification avant de revenir aujourd'hui à une musique très électronique et dansante et incroyablement martiale en même temps avec Wat.

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Au bout de quatre titres, la prestation prend comme l'ensemble de la tournée un autre tournant avec l'entrée sur scène de deux jeunes femmes exécutant un show militariste incroyable. Ces deux femmes originaires aussi de Lubjana en Slovénie font en fait partie d'un groupe de trois filles assez étonnantes qui s'appelle Make Up 2. C'est à se demander si leur groupe de pop slovène n'est pas aussi lourd de significations que Laibach car malgré l'incroyable différence entre les deux formations, leur recrutement n'est peut-être pas un hasard. Et comme le dit Laibach, ces jeunes femmes présentent lors des concerts du groupe depuis le début de la tournée de l'album Wat sont plus " laibachiennes " que Laibach ne l'a jamais été. Il ne s'agit pas du tout de pompom girls, ni de majorettes, ni de figurantes ou de poseuses mais d'une prestation hautement totalitaire. Deux très belles femmes, en grande forme physique, nous présentent là des exercices militaires avec classe, précision telles des automates avec une froideur imperturbable. Ne cherchez pas ici de pseudo-militarisme sadomaso, bon pour les gogoths. Non, ici il s'agit d'une prestation réellement totalitaire, un clin d'oe?il évident aux exercices physiques des femmes dans les années 40.

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Concernant le contenu musical, Laibach a évidemment orienté le contenu sur l'excellent Wat dont la tournée mondiale semble d'ailleurs ne jamais finir pour notre plus grand plaisir : entre autres titres de l'album presque en intégralité, on notera l'excellent Now you will pay, le hit Tanz mit Laibach ainsi qu'Achtung !, Ende, Hell : Symmetry, Das Spiel ist aus, Wat ici dans des versions un peu différentes de l'album puisqu'avec des effets avec des guitares électriques en plus. On notera aussi la présence de God is God de leur album plus metalJesus Christ Superstar et des fameuses reprises dont seul Laibach a le secret. L'incroyable reprise laibachienne de Life is Life (oui tout comme God is God encore un titre tautologique... Pas un hasard) ne pouvait être oublié, l'occasion d'exécuter également la reprise de Queen, Geburt einer Nation, où nos deux demoiselles disciplinées se permettent de se détacher les cheveux (progressivement au cours de la prestation, le petit chapeau traditionnel slovène a été enlevé puis les cheveux à ce moment-là détachés !) et de les balancer d'une manière incroyablement figée telles des poupées sur ce " hit rock ". L'improbable reprise d'Europe, The final coutdown, ne pouvait manquer à l'appel. Ceux qui ont vu le clip ne douterons pas de la différence entre les deux versions, des reprises enchainées sur la fin du concert et dans le rappel. En rappel, on aura d'ailleurs droit à Mama Leoni, un hymne européen à la base, avec nos deux demoiselles armées de cymbales. Tout comme à Genève, la prestation se termine avec le remix dansant de Tanz mit Laibach au cours duquel le groupe nous salue et nous applaudit. Puis comme à Genève l'an dernier, une vieille chanson allemande sert de clôture. Tout cela, le visuel et le concept totalitaire développés avec les années, rappelle évidemment toute la vague indus martial actuelle dont Laibach et Death in June sont les principales références. Evidemment, cette imagerie totalitaire que Laibach développe depuis ses débuts et dont il ne s'est jamais séparé, quelque soit son évolution musicale d'ailleurs, a toujours fait couler beaucoup d'encre. Le lien entre la politique et la musique  pourrait se résumer par cette phrase qui figure dans le livret de leur premier album éponyme : " Politics is the hightest all embracing art and we who create Slovenian art, we consider ourselves to be politicians ". A cela s'ajoute l'appartenance au mouvement du nouvel art slovène dont Laibach n'est que le pendant musical et bien sûr à cet état : le NSK. Ou encore les samples de Tito au début des années 80 et le nom même du groupe qui est le nom allemand pour la ville de Lubjdana, la capitale de la Slovénie. Laibach se révèle donc être un groupe très intéressant qui a su très bien se renouveler avec son nouvel album Wat et qui donne à réfléchir !

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

Laibach - Neuchâtel, 14/05/2005

La fin de la prestation de Laibach ne marque pas cependant la fin de la soirée. Comme indiqué sur les flyers devait venir Tidal Wave qu'on supposait être une première partie à l'origine. Personnellement, je pensais qu'il s'agissait d'une formation liée à l'industriel puisque Laibach refuse les premières parties qui ne sont pas de son cru. Mais là un compromis a été fait puisque cette prestation énigmatique n'aurait lieu qu'une fois le spectacle de Laibach fini comme si deux soirées s'enchainaient. Ici il n'est pas question d'industriel de près ou de loin mais d'un groupe de metal des plus basiques. La Horde Noire étant un webzine plutôt orienté metal, me direz-vous, mon rôle de reporter est donc de rapporter la suite des événements. Franchement ce groupe de metal non seulement n'était pas du tout sensationnel. Surtout il ne cadrait pas du tout avec cette soirée. Reconnaissons cependant que succéder à un tel spectacle rendait la tâche d'être à la hauteur difficile voire impossible. Cette seconde partie de soirée d'abord inattendue, puisqu'elle était censée finir avec Laibach, se révèle plutôt déconcertante et pas du tout approprié à l'indus martial. Tidal Wave est en fait un groupe de la région parisienne mais qui ne fera pas cependant apprécier le metal aux amateurs de musique industrielle n'accrochant déjà pas trop au dark metal. Alors imaginez du metal aucunement lié aux scènes indus, folk ou goth... Surtout qu'il s'agit ici d'un groupe plutôt heavy thrash sans grande personnalité ni maîtrise. Le concept est ici plutôt orienté BD / heroïc fantasy avec un début de prestation franchement déconcertant voir ridicule. Avec cette impression inefficace de vouloir faire peur, le chanteur en " aube noire " rappelle un peu Gloomy Grim lors de leur passage à Grenoble en 1998 avec baskets blanches non assorties, mais ici en pire avec un jogging dessous ! Il s'agit donc d'une prestation très cool, assez faux méchant. Et puis tout n'est pas maîtrisé par ce groupe malgré ses dix ans d'existence. On appréciera évidemment la présence de chanteuses qui peut-être voulaient faire goth. Il y en aura en effet deux. La première, plutôt mignonne, assurera sur deux titres avant de céder sa place à une deuxième chanteuse. Mais franchement il y a un truc qui ne collait pas dans l'ensemble. En fait, ces voies féminines non lyriques ne s'imposaient pas dans leur musique. On aurait plutôt dit que les musiciens voulaient surtout faire chanter leurs copines. Certes c'est sympa mais ça n'apportait rien du point de vue musical. Passons cependant au point positif : des musiciens au final sympathiques qui puisaient en fait leur source dans Iron Maiden. Et c'est probablement en pensant que le groupe voulait être dans une optique " dark metal " (cherchant des liens plus ou moins éloignés avec Laibach...) que j'ai été dur. Peut-être que ça ne collait tout simplement pas avec la soirée du tout. Et puis vu l'heure tardive, ça n'a pas non plus aider. Ca m'a fait plutôt penser à un groupe metal de la fête de la musique. Le public venu pour eux était de toute manière très minoritaire... mais satisfait ! Le groupe proposait cependant quelques mélodies sympathiques à la Maiden, en plus thrash peut-être... On notera la reprise justement de Hallowed be thy name qui semble avoir ravi le public restant (peu nombreux) et qui clôtura cette soirée.

Tidal Wave - Neuchâtel, 14/05/2005

Tidal Wave - Neuchâtel, 14/05/2005

Pour conclure, cette soirée était peut-être divisée en deux. Mais les deux parties n'allaient pas ensemble et provoquaient un déséquilibre qui n'a pas joué en faveur de Tidal Wave qui aurait mieux leur place dans un cadre rock ou metal. Après la prestation charismatique et totalitaire de Laibach, il était bien difficile de trouver sa place. Peu importe, puisque la prestation de Laibach était définitivement excellente et l'on peut remercier l'initiative de la Case à Chocs de faire passer les Slovènes !

Adnauseam (Article) / Cyril (Photos)