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Misanthropic Violence II

14/10/2005

Innsbrück, Autriche

L'Autriche... On peut y voir tellement de grands métalleux blonds, boire tellement plus de bières et par-dessus tout écouter tellement plus de black metal qu'on occuperait bien ce froid pays hérissé de montagnes abruptes et sauvages. Aux vues des groupes composant cette putain d'affiche, on se dit qu'on ne pourrait espérer mieux en Rhône-Alpes et en Suisse en plus de trois, quatre années de concerts... et encore. A peine avons-nous eu le temps de poser le pied en sol germano-italien, autrement dit alpin, et apprécier l'odeur des bouteilles de bières déjà vides qu'il nous faut entrer dans l'antre satanique : salle sombre, bientôt enfumée, bientôt collante de sueur et de sang... Le meilleur est à venir.

Vendredi 17h30, lourde tache que d'ouvrir ce Misanthropic Violence II. MISANTHROPIC NIGHT, qui avait sûrement trouvé le nom pour l'occasion, l'a musicalement fait, bien que le jeu scénique eut été aussi brutal qu'un cd dans une platine.

S'ensuit LUGUBRE, premier groupe attendu pour ma part, qui a au moins eu le mérite de réveiller les troupes barbares, descendues des hauteurs des pays frontaliers et même des plaines françaises, représentées par une bande d'alcooliques du 71. Passons sur les futilités géographiques pour préciser que LUGUBRE a totalement rempli son office en offrant une ambiance digne du black metal. Reproduisant la crasse de leurs démos avec une grâce malsaine, ils n'ont cependant pas marqué la foule d'environ 350 personnes qui était plus attachée à ses goulots qu'à la possibilité éthylique d'apprécier un bon groupe.

Enchaînons sur ANDRAS, qui ne pourra laisser aucun souvenir dépérir dans mon cerveau. Premier trou noir.

La première surprise de la soirée fut incarnée par le groupe ETERNITY. Ici la violence du black metal a pris son envol. Sang et tête de porc furent de mise. Musicalement cela paraissait brutal et malsain. Il faut donc se procurer leurs prods pour y entendre plus clair.

Enfin une des premières têtes d'affiche prend place sur l'autel. Invoquons HORNA ! Déjà leur second guitariste arrive comme une tapette pour serrer deux, trois mains, de même pour le bassiste. Puis la sauce est enfin envoyée après cette chiraquerie de mauvais goût. S'ensuit quelques titres ultra-sombres appuyés par la face obscure d'un chanteur en transe et d'un Shatraug ecclésiastique, imperturbable face aux débordements joyeux et star-systemic des bassiste, guitariste et batteur. Bref, un set mi-obscur, mi-joyeux et une set-list dure à apprécier du fait d'une alternance de titres ténébreux et catchy (dans le sens guerrier). Peut-être faut-il assister à une célébration d'HORNA dans un autre contexte ou tout simplement dans un jour moins bien luné...

Débarque, et le mot est faible, les barges de MORTUARY DRAPE. Si j'avais su, je me serais enfilé plus de bières. Effectivement, leur prestation fut probablement aussi intense qu'un tapis de bombes lâché de B-52. La horde a sans cesse martelé une heure durant. Sans quelque sorte d'interruption que ce soit. Le chanteur a couru de long en large, donnant le rythme à son pupitre de cérémonie avec la rage d'un curé sodomite. Quant aux guitaristes, ainsi que le batteur, ils ont tout, tout donné. Côté musique, je fus agréablement surpris. Une espèce de bon vieux death black, imbibé de mélodies " heavysantes ". Certains diront un peu kitsch par moment.

Après les 20 minutes de pause inter-groupes réglementaire, KAMPFAR, vient majestueusement clore cette première soirée. Et de quelle manière ! En adéquation avec MORTUARY DRAPE, le groupe nous tabassa de son viking black de toute violence. Titres rageurs à souhait, énergie froide du grand nord scandinave... tout du moins pour le chanteur et le batteur. Les deux gratteux étaient plus dans la veine de Moby.

Nuit glaciale. Levé. Alcools. Samedi 15h00. LORN se retrouve sur scène et je dois dire que ce fut une meilleur ouverture que le jour précédent. Mais cela reste du domaine de l'ouverture. Bien que la prestation technique fut de taille. Bref cela a pu faire office de réveil pour les plus bourrés.

Viens AMAZEROTH et là, second trou noir. Ce sont les risques du métier !

Amazeroth - Innsbrück, 15/10/2005

Passons à l'unique groupe français du festival : GLORIOR BELLI . Et une bonne claque dans la gueule. Bon batteur, dont j'ai apprécié le style. Riffs glauques et brutaux, chant basique mais néanmoins efficace. Très bonne mise en tronche vu les groupes suivants.

Glorior Belli - Innsbrück, 15/10/2005

S'ensuit DUNKELGRAFEN, qui, si je ne me trompe pas, donne plus dans le heavy metal que dans le metal noir. Ce fut quelque part l'OVNI de la soirée. Rien de spéciale à ajouter.

Dunkelgrafen - Innsbrück, 15/10/2005

Dunkelgrafen - Innsbrück, 15/10/2005

Enfin, un peu de décadence dans ce monde si doux. CAEDES fait son entrée sur scène ! Dans la même veine musicale qu'Eternity mais en plus taré, assurément. Boyaux, feu, fouet et cul de jouvencelle ensanglanté. Que demande le peuple ? Bref un show qui fût intense, une musique vraiment brutale. Parfaite pour alimenter le feu satanique allumé par GLORIOR BELLI. Pour résumer, un black metal des plus violents, doublé d'une folie inhérente au black non-commercial.

Caedes - Innsbrück, 15/10/2005

L'heure de la renaissance approche... Mais écoutons d'abord CORPUS CHRISTII. Que c'est bon ! Leur mélodies se sont reproduites cycliquement dans chaque cervelle un temps soit peu ouvertes à la folie. Leur son irritant les échines les plus habituées, leur aura dévastant les consciences les plus fortes. Les anges noirs nous ont survolé. Mais le set fut toutefois relativement monotone et un peu trop lumineux. Saloperie de spots !

Putain de merde ! Les portes paraissent closes de l'intérieur. Ce n'est plus la peine de fuir. WATAIN est sur scène. Palpitations sataniques des corps, contractions aléatoires des membres, sueurs acides. La fasse de feu noir est prête pour l'holocauste religieux. Incantations et bénédictions d'E. Dieu, Messies et Disciples / Apôtres ne forment plus qu'un. Trinité-une de la troisième Alliance. Celle qui sauve par la combustion obscure. Mélodies morbides descendues des ténèbres en branle. Le sang jaillit sans discontinuer des murs. Ces sons humides et gras sèchent sur nos peaux comme un cadavre crotté sèche au soleil. Hymnes à l'omniscient de l'ombre. Une heure de pur plaisir malsain.

Watain - Innsbrück, 15/10/2005

Après les 20 minutes règlementaires et donc le retour à cette putain de deuxième réalité, il est difficile d'apprécier INQUISITION. Mais bon, on s'y colle avec une certaine joie. Ambiance différente mais d'une grosse efficacité, très pro. Mais uniquement deux mecs sur scène cela casse quelque peu la féérie de la chose, si vous voyez ce que je veux dire.

Inquisition - Innsbrück, 15/10/2005

Inquisition - Innsbrück, 15/10/2005

Vivement le Misanthropic Violence III. D'ici là, espérons que ces Autrichiens et Allemands aurons appris à quoi sert une fosse et que la sécu ne se trouve pas au Stade de France en train d'assurer la survie de Johnny Halliday.

S.N.