08/12/2006
Château Rouge, Annemasse (74)
Voilà une date surprenante ! C'est plutôt rare d'avoir des concerts intéressants à Annemasse. Le Château Rouge est une salle accueillante mais très peu underground il faut bien le dire (on notera cependant un passage d'After Forever il y a 2 ans). On y sent d'ailleurs un service de sécurité à l'affût ce soir là notamment de... la cigarette ! C'est assez marrant de voir à Annemasse ce public composé de punks, de hardos (les fameux ados des petites villes avec les éternels t-shirt Iron Maiden...), goth, métalleux. Laffiche de ce soir proposait des groupes plutôt hétéroclite.
Cette sympathique soirée commence avec une grande déception puisque très étrangement la tête d'affiche, à savoir Punish Yourself, commence son set à 20h30... Ce que pas grand monde n'a compris puisque de nombreuses personnes comme moi, venues pour eux, sont arrivées à la fin du set. Je n'ai donc pu assisté qu'à 2 titres, ceux du rappel même si au début je pensais encore être arrivé pile poil au tout début. Grosse erreur en effet... Et bien il faut dire que Punish Yourself qui multiplie les dates à travers la France, et la Suisse également, attire pas mal de monde, notamment des gens qui souhaite les revoir. Ce concert rejoindra donc le cimetière des concerts ratés... Enfin les deux titres de cette longue prestation de plus d'1 heure, comme d'habitude, seront suffisants pour voir qu'il s'agit vraiment d'un groupe de scène, avec ce metal indus electro toujours aussi déjanté. Punish Yourself semble très à l'aise sur scène, sur cette grande scène du Château Rouge. Ce qui change de la petite scène de l'espace DracOuest à Fontaine un an auparavant... Les derniers titres sont très metal indus violent, extraits des. Et pour le dernier titre une performeuse nous propose une auto-soudure si on peut dire ! Il s'agissait donc là d'une bonne prestation.
La présence d'un public punk n'était pas exclusive à Punish Yourself car beaucoup était là pour Banane Mecanik. Au premier abord, déçu de cet ordre de passage inattendu, je ne misais pas grand-chose sur Banane Mecanik. A voir les images, on ne pouvait que craindre un groupe à la Gwar, ce genre metal grand guignol et fade. J'ai cependant pu apprendre en quelques minutes ce qui allait m'attendre : du PSYCHO-BILLY ! Voilà enfin l'occasion de découvrir cette mouvance qui m'est totalement inconnue et dont j'ai découvert l'existence très récemment suscitant évidemment la curiosité. Comment présenter cette mouvance ? Un mix de punk, d'imagerie horreur très kitsch (d'ailleurs comme le dit le chanteur, les contes de la crypte est l'une de leur référence) et surtout de... rockabilly. Autant dire du Elvis Pretsley, du rock'n'roll des années 60 ! Cela peut paraître absurde... et pourtant. Pour preuve, par exemple, la présence d'un fan monté sur scène avec la banane de rigueur qui nous fit une danse très rock'n'roll, mélangeant sauts et danse ou encore de ces deux demoiselles à la fois très pin-up rock'n'roll (tatouages) venu danser avec le chanteur ! N'oublions pas la grande caractéristique du psycho-billy : la contrebasse, exécutée par un personnage déguisé en femme de chambre mort-vivante. Mort-vivante toute autant que les autres : un espèce de charcutier au visage à moitié décomposé ou un chanteur à tête de diable, le corps déchiqueté. Cela évoque un peu un film comme La Nuit des morts-vivants (où les morts reviennent à la vie peu après leur mort, encore dans leur habit et la tête à moitié tranchée)... Et aussi le folklore de Notre Dame mais dont le coté kitsch serait encore plus poussé. Et la musique concrètement ? Et bien du punk rock dansant, un mélange entre pogo et danse. Le chanteur en appela plus d'une fois à " foutre le bordel " et salua l'audience présente qui malgré sa diversité est unie contre la daube formatée grand public. Certains semblaient bien connaître ce groupe reformé en fait en 2005 après un split de 10 ans mais qui a commencé sa carrière en 1989. Il a sorti trois enregistrements dont un premier album dont quelques titres ont été joués en plus des morceaux du dernier album Sex, Blood and Gore'n'roll comme le morceau éponyme avec son hymne Sex and blood !. Le public a eu droit aussi à des morceaux kitschs, limite comiques comme 666% gore'n'roll ou Opus 666. A noter en plus le décor avec croix en carton avec la présence d'un personnage comique affublé d'un déguisement tel un nain diabolique ou avec tête de monstre. On notera aussi un personnage filmant sur le côté avec cagoule de terroriste de rigueur... Il s'agissait en fait de la troisième date en commun avec Punish Yourself dont un membre a fait un petit passage avec cannette de bière et accolade avec le chanteur. Bien délirant tout ça !
Cette soirée semblait avancer à reculons. Après la tête d'affiche en premier, voici donc le groupe local pour finir, sur la petite scène (la salle de concert étant alors fermé à 23h30) : WÄks qui nous vient d'Evian-les-bains et oui... Alors autant vous dire que je n'ai pas du tout aimé la composante visuelle de la performance de WÄks ... Je dirais même que toute cette mouvance de new goth commence à flirter dangereusement avec le ridicule... Commençons cependant d'abord par la musique : un mélange de grosses guitares et de sons electro sons mais ici electro très cool (pas des beats durs), du metal indus electro. Punish Yourself n'est pas très loin, d'ailleurs le chanteur VX69 a masterisé l'album Elektro sucks (sorti chez Urgence Disk), avec comme originalité une chanteuse avec une voix trafiquée ce qui était intéressant. Par contre, dès le début, j'ai senti un manque d'inspiration évident avec leurs blouses blanches portant chacun une lettre du groupe, formant ainsi le mot WÄks. Celles-ci étaient finalement quittées laissant apparaître un look très fashion goth, plus précisément new goth donc très cool et un peu techno en noir si on peut dire ainsi. La chanteuse a un look volontairement de jeunette : couette, chaussettes roses et noires, noirs mais très skate sur les bords et tout cela dans la bonne humeur et avec des mimiques limite hip hop ! Il semblerait que la thématique de la soirée et qui liait les 3 groupes au-delà du côté punk chacun mis à leur sauce soit " je montre mon cul " : Punish Yourself avec ses tendances à baisser le pantalon mais qui va bien avec leur délire " sex ,drugs and rock'n'roll, BANANE METALIK avec un " je montre mon cul " là encore qui collait avec leur délire " on est les rockeurs-à-billy de cimetière ". Mais là ,avec WÄCKS, eh bien là c'est très lourd, pas choquant du tout, évidemment, et puis vraiment bon enfant. Alors sur un titre très " dance " où seul le joueur de synthé s'occupe pendant que les autres dansent, la chanteuse s'amuse à enlever le pantalon du guitariste qui fait alors comme s'il luttait et à tenter de lui baisser son slip. Celui-ci continuera le show en slip à moitié baissé (avec la mention " Elektro sucks "). Bah, vraiment, on se demande comment les " news goths" font pour être subversifs. Probablement qu'ils ont peur d'être confondus avec les méchants protagonistes des reportages de M6 et se cherchent une subversion toujours plus bon enfant. Mais s'ajoute à cela (il s'en passe des choses quand même), la montée sur scène d'un ami hardos du groupe qui lui a baissé direct son pantalon un instant et s'est retrouvé donc complètement nu. C'était sensé choquer : " attention les goths vont loin, on ne refera plus de concert si c'est comme ça !". Je résumerai tout ça par une formule : ambiance très cool + musique pas sombre du tout + plus fausse subversion = déception... Pourtant, musicalement, la musique est plutôt sympathique. A retravailler un peu le visuel, on ne pourrait qu'être plus réceptif... Mais stop au ridicule dans le gothic (terme à prendre dans sa nouvelle acception élargie)... Le public a toutefois été bien réceptif.
