08/11/2007
Lyon's Hall, Lyon
The Moon And The Nightspirit est une jeune formation hongroise menée par Agnes Toth et Mihaly Szabo. En 2004, par le biais de leur demo, ils purent signer un contrat avec le label portugais Equilibrium Music et enregistrèrent leur premier album Of Dreams Forgotten and Fables Untold . Cet excellent album nous propose un voyage onirique sous la forme de poèmes et de chants, inspiré par les fables païennes, la nature ainsi que l'ancienne musique populaire hongroise. En 2006, ils enregistrèrent leur second album Regõ Rejtem , plus chamanique, coloré et dynamique que son prédécesseur, tout en conservant l'esprit et l'authenticité du duo. Ce fut également l'occasion pour le duo de retourner vers leurs racines avec une utilisation plus soutenue d'instruments folk comme la harpe ou la cithare, ainsi que l'abandon total de l'anglais. Ce soir, on retrouve donc sur scène le duo complété par deux autres musiciens, l'un s'occupant des percussions et de la flûte, et le second uniquement de la grosse caisse. Au travers du set, on retrouva toute l'essence du groupe, à savoir des compositions acoustiques enivrantes sur lesquelles vient se poser le chant féminin et cristallin d'Agnes, entrecoupé par le chant nettement plus cru et râpeux de Mihaly.
Après une brève introduction, le quatuor commença avec « Szarvaslélek » du dernier album Regõ Rejtem et enchaîna avec « Pagan », issu lui du premier album Of Dreams Forgotten and Fables Untold . Le dernier album en date fut mis plus en avant ce soir avec « Regö Rejtem », « Rögbõl Élet » et « Örökké ». « Égi Táltos » sans doute le meilleur morceau de Of Dreams Forgotten and Fables Untold entrecoupa momentanément la série Regõ Rejtem qui fut reprise avec « Föld Szíve Dobban » et « Éjköszöntõ ». Toutefois le groupe termina par « Secret Path » tiré de Of Dreams Forgotten and Fables Untold , nous invitant ainsi à quitter les villes pour rejoindre l'appel de Dame Nature, clôturant un set fort agréable et pas pompeux pour un sou. En effet, la véritable force de The Moon And The Nightspirit est sa faculté à capter l'attention avec sa musique riche et variée, sans jamais tourner en rond ce qui arrive à certains groupes jouant dans le même registre, et cela en toute simplicité.
Corvus Corax est un groupe allemand interprétant une musique folk, principalement d'inspiration médiévale et celtique. Formé à l'aube de la réunion RFA-RDA par Castus et Wim, ils furent rejoint par Teufel, Hatz, Harmann, Patrick, Ardor et récemment par Jordon. Tout ce joli monde se retrouve sur scène au nombre de huit avec un quintette à vent (cornemuses, chalémies, flûtiaux et bombardes), parfois accompagné par une cithare et toujours appuyé par trois percussionnistes. Il est intéressant de noté le travail accompli sur leurs instruments : en effet ils sont méticuleusement construits et développés par Wim. A coté de cela ils ont d'autres projets musicaux, à savoir TANZWUT, version electro-metal et CANTUS BURANUS, qui est un autre projet plus récent et assez proche de Corvus Corax : il s'agit d'un opéra reprenant les thèmes du Carmina Burana de Carl Orff, interprété par le groupe et accompagné d'un orchestre symphonique.
Vint le moment où Corvus Corax assiégea la petite scène, véritable tohu-bohu avec son empilement d'instruments. Je me demandais bien comment les huit protagonistes allaient faire pour la prendre d'assaut. Ils arrivèrent comme à l'accoutumé vêtus de leurs 'habits de lumière', les uns après les autres par la porte d'entrée comme tout le monde - pas de coulisses au Lyon's Hall - et se mirent à entamer leur set acoustique (sans amplification) avec « Bibit Aleum » et « Urmawi », tous deux du dernier CD. Suivirent « Mazedonischer », « Balade de Mercy » (avec un seul 'L') - Seikilos . A l'image de ces premiers titres, on perçoit un set varié et de qualité. Bien entendu Venus Vina Musica fut un peu plus mis en avant avec justement « Venus Vina Musica », « Feralis Saltare » et « Sanyogita ». Mais les précédents albums ne furent pas en reste grâce à « Nominalto » et « In Taberna » de Mille Anni Passi Sunt , tout comme Ante Casu Peccati (« Platerspiel » et « Saltarello ») et « Titenka » de Seikilos . Le tout fut entrecoupé par « Ductia » et « Albanischer Tanz », morceaux très 'Live', donnant par moment une ambiance Fête de la Bière, renforcée par les fréquentes communications du groupe avec le public. Public par ailleurs assez hétéroclite, dont une partie hélas pas des plus fine se croyait purement et simplement à un concert de grind ( Venus Vina Musica , version rétro du 'Sex Drug Rock'n'Roll'pour ces junkies ? !) avec pogo bête et méchant, stage-diving alors qu'il n'y avait déjà pas de place sur scène, méprisant le peu d'espace qu'avait le groupe... Comme quoi on retrouve toujours des cons même dans ce genre de concerts. La première partie fut achevée par une étonnante interprétation de percussions, lors de laquelle les musiciens n'hésitèrent pas à s'échanger les instruments. Une première série de rappels fut entamée avec « Suam Elle Ires » - Seikilos , « Fili Neidhardi » - Viator et « Chou Chou Sheng » - Seikilos . Mais devant l'insistance ?transcendantale'du public, ils revinrent pour une dernière interprétation avec « Lamentatio Coelibatus », morceau clôturant le set tout comme il conclut le dernier album.
Cette opportunité de voir un tel groupe fut excellente, tout comme leur prestation, qui ne fut guère ménagée malgré la petitesse de la salle, comme quoi Corvus Corax met autant d'énergie à s'amuser devant 200 personnes que devant des salles bien plus grandes ; une preuve de leur grande passion et de leur professionnalisme.
