17/02/2007
Ebullition, Bulle (Suisse)
La récente association Helvetic Manifest se lance ce soir dans un challenge intéressant : investir le temps d'un soir cette paisible bourgade proche de Fribourg pour y produire une affiche 100% black metal !
Les portes ouvrent à 20h40 et la salle se remplit vite des 120 personnes venues ce soir, dont une dizaine de Français. Les locaux d'Asag attaquent. Il s'agit de leur premier concert, coïncidant avec la sortie de leur mini-CD. Imaginez une sorte de Marduk hystérique, servant un black hyper rapide et brutal destructeur, quoique répétitif et somme toute traditionnel. Le look des quatre musiciens est sans compromis avec une tonne de clous et " corpse paints " de rigueur. Un bon set qui aura chauffé la salle en la mettant directement dans le vif du sujet !
Arrivent les Français d'Orthanc. Relativement discrets dans l'UG français, ils nous montrent qu'ils savent tout de même faire du bruit. Tois énergumènes, dont un bassiste cagoulé, entament les morceaux emblématiques de leur démo Sept ans de réflexion et leur mini-CD Aux Enfants de Thulé. Il s'agit d'un black metal très rapide. Le batteur assure une grande partie du chant avec un cri écorché totalement barré qui donne une identité au groupe. Le son s'est peaufiné, toujours très puissant, et le set est très bien accueilli. Une reprise d'Iron Maiden, Access High, leur met le public dans la poche. Et malgré un ramollissement du public sur la fin, un rappel est effectué.
Leurs compatriotes d'Osirion entrent en piste à leur tour avec leur nouveau line-up (ils partagent avec Orthanc le bassiste Hrafnagud, ex-Destinity). Les terres helvétiques ne leurs sont point inconnues et l'accueil du public est au rendez-vous pour ces guerriers du black " old school ", grimés des " corpse paints " traditionnels (le nouveau batteur arborant même une lourde cote de maille). Les classiques de leur album Har Sabbat sont égrenés un à un, avec quelques retour aux démos (Misanthropia, Jack the ripper) et une reprise de Sodom, Baptism Of Fire. L'attention du public a été très soutenue et le set bien puissant.
Les Allemands de Darkened Nocturn Slaughtercult, peu connus en France, ne sont pas des débutants avec 4 albums à leur actif. J'avais bien été prévenu : la chanteuse serait totalement timbrée ! Cette grande blonde taciturne de 1 mètre 80 et sa chevelure presque aussi longue faisait déjà sourire les nombreux machos métalleux... Erreur ! Une fois montée sur scène, cette femelle se transforme en succube assurant chant / guitare avec un hargne et une présence époustouflante. Trois autres démons masculins l'aident à décharger un set d'une violence inouïe dont j'ai rarement été témoin : puisant aux sources du BM des années 1990, Gorgoroth en tête, . Avec une ambiance de souffre à l'Antaeus, la musique de Darkened Nocturn Slaughtercult n'est que blasts, orgie de double-pédale et riffs minimalistes grattés ! Et l'imagerie du groupe tape dans toute l'artillerie disponible sur la " planète BM ". Clous, corpse paints, sang crachés tout le long du set (le public se vengera à la fin en lui recrachant de la bière !), cranes de boucs, pentacles et crucifix inversés peuplent la scène. Une cérémonie blasphématoire aère même le show en son milieu : les quatre membres posent les instruments et se livrent à des incantations en dégueulant du sang sur une croix qui se transforme en pentacle ! Le jeu de scène de ce groupe expérimenté est donc parfaitement réglé : c'est une véritable tuerie musicale ! Vous l'aurez compris. Soit on déteste immédiatement cette musique " clichée " ou, au contraire, on entre fanatiquement dans son univers, headbangant frénétiquement jusqu'à s'en rompre le coup, faisant le signe du diable entre les titres, et tout cela, indifférent au sang qui vous est déversé dessus ! Avec un set 666% evil et old school, Darkened Nocturn Slaughtercult aura en tout cas marqué les esprits !
A 1h30 du matin, la salle se vide lentement. L'affiche était donc parfaitement calibrée, et l'ambiance assurément au rendez-vous ! Helvetic Manifest ? Une asso de soutien au BM UG dont il faut guetter les prochains événements.