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Dimmu Borgir / Amon Amarth / Engel

04/10/2007

Elysée Montmartre, Paris

Les idoles des jeunes

Un concert placé sous les bons auspices du public. Public jeune par ailleurs, qui s'est déplacé en masse pour venir admirer le groupe de tête, l'indétrônable, le fabuleux Dimmu Borgir. Vous l'aurez peut-être deviné oui, il y a une note d'ironie et d'amertume dans tout cela. Pourquoi deux dates pour ce passage par Paris (dont une le vendredi, quand y a pas école) ? Que vaut donc un concert de Dimmu Borgirr en 2007 ? DIMMU et Amon Amarth sont-ils inconciliables, l'un entassé sur l'autre ? Ce sont un peu les questions qui ont, de façon malsaine, piqué ma curiosité distante et moqueuse. Car l'idéal aurait été d'aller à ce concert avec un état d'esprit impartial, stoïque, sans distinction ni a priori sur aucun des groupes de l'affiche. Mettre tous les protagonistes à égalité, les poser sur une table et faire le compte de façon équitable et juste.

Seulement, là où le bas blesse, c'est que l'équilibre du spectacle était loin d'être établi. Des performances très inégales...

Pas besoin de courir...

Il est à peine 19h, que le spectacle commence. En avance, oui. Et là, on a peur. Très peur. Que nous a-t-on réservé en guise d'entrée ? Et bien, c'est Engel, un groupe de death mélodique qui se présente à nous. Death mélodique ? Non... ça sonne carrément néo-métal. Kss, kss, Vade Retro! Un patchwork de tout ce qu'on peut trouver de plus classique : il y a du Slayer, un peu de Pantera et une touche de baba-coolisme altermondialiste et électronique. Et, chose éblouissante et inédite: le bassiste manie un instrument à...2 cordes ! Ca n'est vraiment pas sérieux, ça fait poussin, c'est ridicule, décousu, et surtout décalé par rapport aux deux mastodontes de la soirée.Si l'Elysée Montmartre s'est transformée ce soir en restaurant, Engel est une entrée amère, une malheureuse feuille d'endive. Molle et amère, avec une touche de vinaigrette pour relever le goût de façon très cellulaire.

Engel - Paris, 04/10/2007

Nobles mets Vikings et bouc braisé

Puis vient le tour d'Amon Amarth. Ou ceux qui sauvèrent la soirée du cataclysme. Dynamiques, grandiloquents et près à tout donner au niveau sonore pour époustoufler leur auditoire. En piochant dans l'ensemble de leur répertoire discographique, ils enrichissent le show d'une manière agréable. Disons-le de suite, un concert d'Amon Amarth, c'est plutôt festif. Pour éviter tout abus de langage, j'ajouterai : « du moins, enjoué ». C'est pourquoi l'ambiance est largement enflammée. Nous sommes à la table des Vikings. Les hôtes nous servent de vrais délices. Des amuses-bouche, mais aussi des gros calibres. Ainsi, se succèdent quelques morceaux de l'excellent Fate of Norns et un tonitruant Valhalla awaits me qui ne pouvait que nous mettre l'eau à la bouche. Puisqu'on ne fait pas de bon festin sans dessert, The Victorious March vient couronner la prestation. Amon Amarth nous accorde un peu plus de temps, avec un ou deux rappels. Le temps d'aller chercher son calice viking : une corne naturelle, à l'ancienne. Que contient-elle ? Sans doute de la bière. Trop loin pour renifler. Quand bien même ce serait une supercherie, j'ai envie d'y croire. Jusqu'au bout, le coffre de Johan Hegg ne nous décevra pas. Le groupe a de la présence, et maîtrise parfaitement son sujet. Ce soir, les Suédois d'Amon Amarth nous ont prouvé qu'ils n'avaient rien à envier à leurs compatriotes et qu'ils savaient gérer sur scène autant qu'en studio. Avec, oserai-je dire, un poil d'originalité en plus (j'offre un pin's à qui comprendra la référence).

Amon Amarth - Paris, 04/10/2007

Jus de boudin

Ceux qui admirent encore Dimmu Borgir me reprocheront sans doute mon incommensurable partialité. Je vais jouer la briseuse de rêves. Je ne m'en excuse pas par avance. Eu égard des bons albums qu'ils nous ont pondu avant de devenir séniles, je m'attendais quand même à une performance sombre et puissante... Et, j'ai été déçue, naïve que je suis. Voilà. Dimmu Borgir, c'était...rigolo. C'était Kiss, c'était Cradle, c'était Jojo Lapin.

Le groupe a-t-il eu une prise à laquelle se suspendre, pour éviter de chuter de la vertigineuse falaise à laquelle il a choisi de se percher? Hellhammer absent (remplacé par Tony Laureano de Nile), un Vortex quasi-muet (dommage pour son chant de sirène sur The Insight and The Catharsis)... Le manque s'en ressent largement, et donne une impression d'inachevé. Et, summum de l'incompréhension, Shagrath qui adresse cette dédicace « aux filles présentes dans la salle » . On se croirait en Californie. Certes, l'initiative est galante. Mais le cadre du concert de black (sic) s'y prête peu. Un point en moins pour le combo.

Niveau sonore, le retour est tout de même très bon. Les parties symphoniques sont restituées avec un tact certain... Mais Shagrath se sent faible sans effets vocaux. Et avec un vilain embonpoint - la soupe au caviar ? - qui n'arrange rien à l'allure du groupe. Certains vont jusqu'à le soupçonner de se livrer à un avilissant playback. J'en pleurerais presque.

Le menu reste fade. Pas de viande saignante, pas de robustesse... Et beaucoup de morceaux de la dernière atrocité en date, In Sorte Diaboli.

Je noie mon chagrin au bar, avec quelques acolytes. Nous nous réjouissons alors d'avoir une meilleure acoustique. Une ébauche de bouquet final vient titiller nos yeux : Puritania, le tube du succès, le macaron spécial framboise-curry de chez Fouquet's. Du faste et des paillettes, en veux-tu, en voilà. Le transistor ne m'aura pas fait exploser les tympans, simplement conforté dans l'idée que Dimmu Borgir (notamment le frontman) se plaît mieux dans l'hypermédiatisation et la récupération d'une imagerie sataniste détournée.

Dimmu Borgir - Paris, 04/10/2007

Au final, le raffinement du repas n'était que de courte durée. Il est 22h30, l'heure pour l'Elysée Montmartre d'évacuer ses occupants, et de fermer ses portes, voisins oblige. Et non, la vie parisienne n'est pas aussi palpitante que l'on pense...

Myrha