Enslaved / Keep Of Kalessin / The Oath

Lyon, capitale française du metal extrême ? Les concerts, et qui plus est de qualité, s'enchaînent à une vitesse folle depuis quelques semaines. Entre les venues de gros groupes tels que Behemoth, Kataklysm, Aborted, Benighted ou des groupes plus underground comme Horna, Peste Noire ou encore Ataraxie, l'agenda est bien chargé en cette fin d'année 2007. Marduk et Mayhem étaient eux aussi prévu en décembre ! C'est donc au tour d'Enslaved, accompagné de Keep of Kalessin, de venir fouler les planches dans la ville lyonnaise et, selon les dire du chanteur, ce sera la première fois que les norvégiens viennent nous rendre visite à Lyon ! Quel honneur ! Étant passé au Hellfest peu de temps avant à la dernière minute, il m'empressait de les voir jouer dans d'autres circonstances...

C'est le groupe The Oath qui sera chargé d'ouvrir les hostilités avec son dark metal. Arrivant avec un certain retard, j'ai malheureusement quasiment loupé la prestation des lyonnais, il me sera donc difficile, vous en conviendrez, de vous en parler... Les avis que j'ai pu entendre sur eux semblaient relativement mitigés. Soulignons, tout de même, l'actualité du groupe. Même si celui-ci fut privé d'un second guitariste pour cette soirée, ce qui n'a pas dû faciliter les choses, le groupe partira en Allemagne enregistré son second album au Kohlekeller Studio, pas totalement inconnu puisque celui-ci a déjà accueilli des formations tels que Crematory ou encore Benighted...

La soirée continue donc (pour certains) et commencent (pour d'autres) avec le groupe Keep Of Kalessin (je l'aime bien celle là...). J'ai peur de ne pas être des plus objectifs dans les lignes qui vont suivre, voir totalement subjectif ! Ce groupe n'est pour moi qu'un produit formaté, plat et sans réel identité. Après avoir eu au sein de son line-up des figures emblématiques du BM, comme un certain Attila Csihar (Mayhem) ou encore Frost (Satyricon, 1349) - vous en conviendrez, à nouveau, que pour sortir de l'ombre, difficile de faire mieux -, le groupe est devenu LE groupe de BM à la mode avec son album Armada. Je ne suis pas entrain de vous dire que Armada est une daube, loin de là, des bons titres comme Vengeance Rising y sont présents, je dis juste que le groupe a un statut qu'il ne mérite pas. Pour preuve, impossible de lire le moindre truc sur eux sans que l'on nous répète, inlassablement, qu'Attila a été leur chanteur, que l'un des membres joue AUSSI en live chez Satyricon, etc. Et alors ? J'en ai rien à foutre de sa vie et, d'un point de vue plus globale, de ces « arguments de vente ». C'est du business tout ça, on ne prend même pas en compte leur musique. C'est comme pour les Israéliens de Salem, pour ne citer qu'eux et parce que je les ai interviewé récemment : parce qu'UNE FOIS, le même Attila a chanté en live avec eux, ça va les suivre toute leur vie ! Une étiquette pour faire vendre, une de plus ! Pour revenir à Keep Of Kalessin, parce que je me suis (un peu) éloigné, les musiciens sont loin d'être incompétents, je fais principalement allusion au batteur et ses grosses caisses, mais leurs compos sont loin de révolutionner le genre ! La présence, d'une seconde guitare, serait déjà, à mon humble avis, un bon début... Et puis, dernier point et non des moindres à mes yeux, si Enslaved se produisait à Lyon pour la première fois, on ne peut pas en dire autant pour Keep Of Kalessin ! Troisième fois en deux ans (ils étaient déjà venus en compagnie de Satyricon et de Exodus / Hypocrisy), leur venue n'avait rien, mais vraiment rien « d'événementielle » ! Alors après, s'ils ont de la famille dans le coin, c'est autre chose, je peux comprendre...

Passons donc à du VRAI groupe avec les norvégiens cultes d'Enslaved. Leur évolution musicale n'est pas passée inaperçue aux yeux de leur fan, et ce depuis le très bon Isa et, suite logique, l'excellent Ruun. Beaucoup plus « progressif », plus mélodique, mais aussi plus accessible, le groupe semble loin, très loin d'être en manque de créativité. Ils débutent leur set avec As Fire Swept Clean the Earth, issu de Below the Lights. Alors même si un épais nuage de fumée (que dis-je de brouillard !) nous a empêché de les voir immédiatement, le groupe semble en forme et content de jouer ce soir. Le groupe piochera ensuite tout au long de leur set dans les deux petits derniers, principalement, et ce à part égale : Bounded by Allegiance, l'excellent Return to Yggdrasil et le titre éponyme pour Isa et, quant à Runn, le groupe nous jouera à la suite les deux très bons Path To Vanir et Fusion of Sense and Earth et bien entendu, avant le rappel, le titre là encore éponyme. Les amateurs de titres plus anciens n'auront pas grand-chose, malheureusement, à se mettre sous la dent, si ce n'est Gylfaginning issu de Frost (1994) et, là ça fait plaisir, Allfáðr Oðinn issu de Hordanes Land, leur split de 1993 avec les maîtres que sont Emperor, comme l'a rappelé le chanteur. Inutile de préciser que ce dernier morceau, dans les deux sens du terme, ne doit pas être joué des plus souvent ! Vous l'aurez compris, le set des norvégiens est passé extrêmement vite, franchissant de justesse la barre des une heure. Alors, même s'il y a eu un rappel, les plus exigeants, en gros la majorité de la fosse, resteront sur leur faim. De là à dire que le groupe est venu « en coup de vent », il n'y a qu'un pas que je n'oserai franchir. Mais cette remarque s'applique également à la plupart des concerts fait récemment, n'ayez pas peur de mouiller (un peu) le maillot messieurs ! Outre cela, il faut bien avouer qu'Enslaved en live, c'est quelque chose ! Hypnotisant ! Les parties de chant claires du claviériste apportent indéniablement un plus à la musique du groupe, permettant d'accroître encore plus l'identité propre et si singulière des norvégiens. Le public, connaissant a priori principalement Isa et Ruun et, a fortiori, au vue l'accueil des morceaux tels que Ruun et Return to Yggdrasil, a semblé très enthousiaste d'un bout à l'autre du set. Cela n'est qu'une preuve, parmi tant d'autres, qu'Enslaved, avec ce virage artistique, a conquis un public beaucoup plus large. Un succès bien mérité ma foi ! Au plaisir de vous revoir messieurs avec le successeur de Ruun sous le bras...

Caedes