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Enslaved / Keep Of Kalessin / Watain / Impiety

16/10/2007

La Locomotive, Paris

Bloody tuesday à la Loco

Mardi 16 octobre 2007. La Locomotive, Paris. Une salle de sous-sol, qui peut contenir au maximum 500 personnes, et où l'ambiance est intimiste. Après avoir parcouru le petit dédale de couloirs, bordés d'un petit coin réservé au merchandising, et d'un large bar, j'aboutis à la scène. La salle n'est pas encore remplie. Seuls les abords de la rampe et les balcons sont déjà pris d'assaut. Comme toujours, beaucoup s'attardent au bar, qui ne désemplit jamais. C'est bien légitime !

Nous sommes aux environs de 19h30. Les lumières s'éteignent. Place à la nuit noire. Silence, on va beugler.

Si Impiety a été invité, ce n'est pas sans raison... Et pour cause. Dès les premières notes, le combo made in Singapour met le feu à la salle : un chanteur survolté et à la voix ultra-puissante, une cascade de riffs vrombissants, un bain de sueur. La batterie donne le rythme aux agités qui ont commencé à s'exciter dans la fosse. Beaucoup de slammers s'y donnent à c?ur joie, et mettent à bout les mains fébriles qui les recueillent avec beaucoup (trop) de bonté. Pour ceux qui ne connaissaient pas encore, la performance live surprend agréablement. On en redemande. Bien entendu, le son n'est pas très fin (en fait il est carrément crade), mais l'ambiance est là, et c'est le principal.

Impiety - Paris, 16/10/2007

Entracte. Il est temps pour tous de se tasser vers l'avant-scène. Certains sont déjà à bout de souffle après la performance d'Impiety. Dommage, car ce qui se prépare n'est pas des moins époustouflants. Les yeux rivés sur la scène, les techniciens s'affairent à tout mettre en place. La folie black metal prend alors le dessus. Des bougeoirs sont ornés de longues chandelles rouges, et deux grandes croix renversées sont installées au devant de la scène. Des rats crevés encore ensanglantés pendent des crucifix... L'odeur mortuaire est étouffante, mais n'est pas sans enivrer les premiers rangs. Le décorum est planté. Il ne manque plus que les maîtres de cérémonie.

Quelques minutes d'attente...

Et c'est l'avènement. Watain entre majestueusement sur scène, la foule est amassée dans la fosse, les lumières révèlent la noirceur infernale du frontman. Erik Danielsson parade en corpsepaint, le regard torve et inquiétant. Lancement des hostilités. On est vraiment pris au corps par le charisme dégagé par le groupe. Ils sont ici et ailleurs. Pourtant, ni gestuelles sur-jouées, ni hystérie dans le chant. Le public est conquis, notamment sur Sworn to The Dark dont le refrain est repris en choe?ur. Un hymne à l'éclat du groupe. " Louées soient les ténèbres "... Un message clair. Le show est à son paroxysme. Soudain, les heureux locataires provisoires de la fosse sentent une pluie visqueuse et froide leur dégouliner sur le corps. C'est du sang. Le groupe en prend aussi pour son grade. De même pour les micros de guitare de Pelle Forsberg, ainsi que les retours. Croyant que ça fait partie du show, l'ambiance ne désenfle pas. Le dernier album ressort vraiment bien sur scène. Un pur moment d'osmose, le rendu est vraiment très bon.

Ruée générale vers les chiottes, non pas pour se ?repoudrer le nez mais pour prendre sa douche. Ca sent l'épaule de mouton. Certains sont en pleine crise d'angoisse (s'étant pris du sang dans les yeux ou la bouche), d'autres se cassent carrément, avant même de voir Enslaved. Et pour cause. J'apprends, en montant au balcon, que c'est une débile profonde qui a balancé une bouteille de sang, avant de lâchement se barrer en courant. Or, un organisateur m'explique que Watain est interloqué et que ça ne faisait en rien partie du spectacle. Pas de fine complicité donc. Si cette fille se fait choper, mieux vaut pour elle qu'elle court vite. Très vite. Ca a beau être un concert de black, rien ne nous force à se prendre ses cochoncetés dans la gueule (sang de provenance inconnue, je rappelle...ce qui constitue le hic principal). Surtout quand elles ne viennent pas de la scène. De quoi avoir plus que les flics au cul (le public, les organisateurs, j'en passe et des meilleures).

Watain - Paris, 16/10/2007

Malgré un show dynamique, Keep Of Kalessin n'a pas su conquérir l'ensemble de son auditoire. Pas vraiment d'accroche, ni de réelle présence. L'esthétique lumineuse et stroboscopique, très rock'n'roll finalement, contrastait quelque peu avec le style joué sur scène. On est déçu quand on connaît les performances du groupe en studio. Où est-on ? Et surtout, quand ? L'ensemble est très revival des 90's (et si, on est vieux, ça fait partie du passé tout ça). Moulins capillaires, gratteux excité sur son engin phallique à cordes...tout ça, c'est du déjà vu . L'originalité n'est pas là. Mais ce n'est pas tant l'esthétique qui gêne, c'est plutôt le manque de communication. Tout est rapide, fugace, on n'a pas le temps de s'immerger dans le tout. Quelques accros sont cependant ravis de voir le combo sur scène, et motivent peut-être le groupe à se secouer d'avantage. Je pense à ce gars aux premières loges qui a chopé le micro de Thebon pour hurler quelques bribes de paroles. Il était theureux... hum.

Fin de KOK. Effet soporifique. Je dors à moitié. La salle semble être sous Lexomil. L'odeur pestilentielle est toujours là, mais cette fois la salle est à peu près immunisée.

23h45. Très attendus, les gars d'Enslaved font leur apparition après plus d'un quart d'heure d'attente. Malheureusement trop tard pour certains qui doivent regagner leur humble demeure via le dernier train. Ils auront tout essayé, la réalité de la dure vie en société les a rattrapés. Paris inspire carrément Enslaved, on le sent. Tout est dans la délicatesse. Le chant est juste, le son largement correct, rien n'a été visiblement bâclé. Les lights sont très justement dosées, ce qui apporte un véritable éclat. Les norvégiens nous offrent même une série de rappels à n'en plus finir. Les adeptes étaient ravis.

Enslaved - Paris, 16/10/2007

00h35. Fin des hostilités. En rentrant, j'ai une odeur de sang pourri qui me hante. Mais surtout un très bon concert organisé par Garmonbozia en tête... Sans oublier cette idée fixe : la connerie humaine n'a pas dit son dernier mot.

Un concert ... hautement mémorable.

Myrha