16/11/2007
Le Romandie, Lausanne (Suisse)
Dur dilemme que celui-ci. D'un côté, l'occasion de voir les Japonais d'Envy se présentait enfin. Il faut dire que leurs apparitions sur notre bon vieux continent sont loin d'être fréquentes ! Mais d'un autre côté, quelques kilomètres plus loin, une soirée d'un tout autre genre allait avoir lieu avec la venue de Gorgoroth et d'Enthroned. Et à voir l'actualité des norvégiens, c'était peut-être bien ma dernière occasion de les voir. Un choix a du s'imposer, difficile je dois bien l'avouer, mais avec le recul, aucun regret et c'est bien ça le plus important...
Direction donc Le Romandie et après avoir braver mers et tempêtes (se reporter au chapitre « Grève nationale » pour en savoir plus) j'arrive juste à l'heure pour assister au concert d'Aside From A Day. Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que mes exigences s'accroissent de manière exponentielle à la vue d'une formation de « postcore » (étiquette musicale d'ailleurs renié, à ma grande incompréhension, par la plupart de ces groupes). Il faut dire que, depuis quelques mois maintenant, j'en ai vu des formations vouant un véritable culte (dans leur salle de répète) à Isis et compagnie. Et très peu d'entre elles sortaient véritablement du lot. Concernant Aside From A Day alors ? Je suis mitigé. Je ne peux pas dire que ce soit mauvais. Le groupe a l'air sincère dans sa prestation, des parties plaisantes sont présentes au fil de leurs compos, les arrangements sont plutôt bien foutus, etc. Il y a encore quelques mois, j'aurais foncé acheter leur skeud, sans aucun doute ! Mais là... je ne suis pas il y a quelques mois, il y a cette exigence à présent. Le groupe (ré)utilise avec brio ce qui existe déjà, c'est déjà ça je serai tenté de dire, mais putain, niveau « originalité », je crois qu'on va devoir repasser. C'est « plat », dans le sens ou le groupe ne prend aucun risque ! On nous ressert ce qui a fait le succès de certains groupes, voilà tout. Je ne sais pas d'où ça vient. Manque d'imagination ? De confiance ? De « maturité » ? Peut-être. Tout ça pour dire que, à mon humble avis, ce style, que je serais tenté de qualifier de relativement « récent », commence à rencontrer le même problème que le BM il y a quelques années : on tourne en rond, on n'innove pas, on ne prend pas de risque. On ne joue, malheureusement, que la carte de la sécurité. Comme je l'ai dit en exorde, je suis peut être trop exigeant à présent, le public a eu l'air relativement conquis par la prestation du groupe, mais tout de même, un peu de prise de risque messieurs ne ferait pas de mal... A suivre donc, comme les professionnels disent, car ces gars sont capables d'apporter du neuf, qu'on pourra peut être d'ailleurs retrouver sur leur prochain album en plein enregistrement à l'heure ou j'écris ces quelques lignes !
On enchaîne donc (déjà !) avec la tête d'affiche de cette soirée constituée de seulement deux groupes. Les Japonais d'Envy ont atteint un niveau de notoriété indéniable, et ce depuis quelques temps à présent car, peu de monde le sait, mais le groupe existe tout de même depuis 1992 ! J'avais découvert ce groupe, et par la même occasion le style dans lequel ils évoluent, à savoir le screamo, avec leur venue au Fury Fest. Style musical qui d'ailleurs, sans le renier, a été mis un peu de côté sur leur dernière galette, Insomniac Doze, afin d'y développer un côté plus « post hardcore ». Parlons en d'ailleurs de cette dernière sortie en date, sortie sorti (facile certes...) sur le label Rock Action, tenu par le groupe Mogwai: deux titres (seulement) ont été joué ce soir, étonnamment d'ailleurs, dont le très bon Scène. Il serait intéressant de savoir si la setlist de Toulouse (en compagnie des très bons groupes I Pilot Daemon et Time To Burn) fut la même que ce soir. Privilégiant donc plus les « anciens » titres, le public ne fut pas déstabilisé pour autant au vue de ses différentes réactions. Outre une caractéristique physique faciale indéniable et difficilement discutable, on doit bien avouer que le groupe sur scène surprend ; surprend dans sa manière d'être, surprend dans sa manière de composer et ira même jusqu'à nous surprendre dans son humour (le chanteur nous lâchera un joli Konishua - fautes d'orthographes comprises - sourire aux lèvres). Surpris aussi dans le sens ou Envy, version studio, c'est... planant, atmosphérique, doux, parfois mélancolique. En version live, c'est tout ça réunit mélangé de manière consubstantielle avec intensité et puissance. Car si certains sont allés jusqu'à sortir les briquets (discutable tout de même), à d'autres moments la fosse n'a pas hésité à brasser un peu et quelques slam feront même leur apparition (toujours frustrant de ne pas en faire AU MOINS un dans une salle comme Le Romandie). Le chant japonais de Tetsuya Fukugawa (fautes d'orthographes comprises) sera fidèle et d'une rare intensité ! Le concert passera, comme prévu, beaucoup trop rapidement. Alors même si la chaleur habituelle du Romandie n'encourage pas vraiment les groupes à remonter sur scène, les japonais refouleront néanmoins les planches pour continuer le voyage quelques minutes de plus. Après de nombreux remerciements, qui semblaient vraiment d'une grande sincérité (peut être que le groupe ne mesure pas encore son niveau de notoriété en Europe à sa juste valeur) les cinq musiciens quittent la scène laissant un public, certes conquis d'avance, mais tout de même envoûté. Ce sera un véritable tsunami (mauvais goût vous avez dit ? ) qui aura lieu à leur stand et c'est bien mérité ! Envy n'a qu'un peu plus enfoncé le clou avec cette date. La scène asiatique, avec des groupes comme Corrupted, Mono (qui, coïncidence, se produisent dans la même salle seulement deux semaines après Envy) ou encore Boris, mérite toute notre attention. Véritable bouffé d'oxygène par leur créativité et leur sensibilité, voici des groupes qui ne peuvent que très difficilement laisser de marbre...
