07/02/2007
Z7, Bâle (Suisse allemande)
« Wintergewitter » (Orage d'hiver) est le nom de cette tournée comprenant quatre groupes d'electro du label allemand Black Rain. Petit clin d'oeil à l'opération allemande de décembre 1942 du même nom ou pure coïncidence ? Connaissant la tête d'affiche, le doute est bien vite dissipé.
Arrivé à 20h30 pour une ouverture des portes à 20 heures, j'apprends que je viens de rater le passage de Cyborg Attack, qui d'après certaines personnes était loin d'être inoubliable. Pas bien grave puisque je ne suis pas venu spécialement pour eux. Le temps d'avaler une Wurst et voila déjà le début de Supreme Court. Cette jeune formation allemande opère dans un registre dark electro / EBM et dispose seulement d'un album et d'un EP. Ce dernier est préparé justement en collaboration avec la tête d'affiche de ce soir : Feindflug. Même si la prestation reste correcte, force est de constater que Supreme Court n'apporte pas grand chose de nouveau, faute peut-être à sa faible discographie pour le moment ou au manque de personnalité mais qui semble s'améliorer grâce notamment au dernier EP. On notera malgré tout quelques titres sympas comme Never Ending Lie ou encore Never Again.
Entre ensuite le trio Tyske Ludder présent ce soir à l'occasion de leur dernier album Sojus. Entrée remarquée sur l'hymne national russe avec un look paramilitaire et projection vidéo comme leurs prédécesseurs. La vidéo est du même acabit, montrant tout et n'importe quoi, faite d'images rippées à la TV et qui n'est pas du meilleur goût. Sur le premier titre Khaled Aker tiré du dernier album, on pouvait voir les images du 9/11, celles de soldats américains morts au combat, d'autres de combattants fanatiques du Moyen-Orient ou encore Ben Laden et ces larbins. Sur le titre suivant Manipulation toujours des images rippées mêlant manifestations pro-NS, images de guerres et autres conflits, bref un peu fouillis. Sinon le show fût assez physique avec en guest le guitariste de Feindflug lors du dernier morceau.
La dernière partie étant assurée par le très attendu Feindflug. Après une importante mise en place, le public commença à bien se rapprocher de la scène contrairement aux groupes précédents. Les synthés sont disposés en retrait et les percussions placée au devant de la scène dont la plupart sont fixes et montées sur des hérissons tchèques recouverts par des filets de camouflage. On note également la présence d'un mini canon Flak sur le fond avec à coté une chaise électrique. Cette thématique sur 39-45 n'est pas nouvelle car elle est le centre même de l'inspiration musicale depuis la création de ce projet electro indus en 1996. Victimes dès leur début de la bête et redondante chasse aux sorcières, ils n'hésitent d'ailleurs pas à rappeler que chaque forme de glorification et / ou de minimisation de la Deuxième Guerre Mondiale est contre l'intention du projet et qu'il a plutôt pour but de démontrer tout simplement que cette période était le commencement d'un nouveau type de guerre. La guerre technologique dans laquelle l'homme fût, est et restera la victime, bien que ces événements sont à nouveau là chaque jour. D'ailleurs à plusieurs occasions le texte « Use your brain and think about it » apparaissait lors de la projection vidéo pour bien rappeler tout cela. Dès l'arrivée sur scène des sept membres du groupe menés par les charismatiques Banane et Felix, l'introduction démarre sur l'excellent titre Roter Schnee, titre progressif puissant et tragique à la fois avec son sample répétitif (« Alle sieben Sekunden stirbt ein deutscher Soldat. Stalingrad : Massengrab »). Ce morceau est très bien choisi pour chauffer la salle avec ses onze minutes. Puis les titres de périodes variées se succédèrent, notamment B 66883, Machtwechsel , AK 47, Größenwahn, Kalte Unschuld ou encore Neue Sieger. Puis vient le moment des rappels avec Lagerhaft et qui se sont terminés sur le hit Stukas Im Visier, titre tiré du très bon mini CD Im Visier (une version est toutefois plus ancienne et présente sur leur première autoproduction de 1997). A l'époque, celui-ci avait fait couler pas mal d'encre, notamment à cause de la pochette représentant le professeur Hugo Junkers, démis de ses fonctions dès 1933 par le régime NSDAP et père du célèbre Sturzkampfflugzeug qui marqua les esprits lors du Blitzkrieg. Sous de nombreux applaudissements, ils revinrent sur scène pour interpréter Disappointment Overdose, qu'on peut trouver sur le mini CD We'll fuck you up, collaboration entre Supreme Court et Feindflug. Presque le concert parfait, mais à mes oreilles, il manquait quelques gros titres indispensables, je pense notamment à l'incontournable Leitbild, au mythique Kahle Bedrohung, au puissant Sperrfeuer, au martial Truppenschau ou encore à Glaubenskrieg.
Bref très bon concert bénéficiant d'un son très physique et avec une prestation de Feindflug excellente. Saluons au passage l'association Divus Modus de proposer une variante forte intéressante aux classiques concerts metal du Z7, et espérons que les prochains concerts seront tous aussi bien organisés. En résumé, un concert que tout amateur d'« harsch elektro » ne devait rater.