31/03/2007
Les citrons masqués, Yverdon-les-Bains (Suisse romande)
Soirée organisée par l'association Sonorités Obscures, association très active et qui couvre les événements majeurs de la scène industrielle.
Desiderii Marginis est le projet suédois de Johan Levin appartenant à la famille industrielle et naviguant clairement dans le dark ambiant. C'est un acteur que je qualifierai d'essentiel, au côté de Raison d'Etre dont la musique est proche sans être similaire. Parfois ce rapprochement est injustifié, notamment avec les dernières productions de Desiderii Marginis dont le sixième album va sortir sous peu. Comment retranscrire toute l'émotion, la mélancolie et l'ambiance post-apocalyptique contenues dans les oeuvres de Desiderii Marginis ? Comme beaucoup de prestations dark ambiante, la tâche n'est jamais aisée et le résultat souvent décalé. Capter l'attention du public lorsque l'on est seul sur scène avec ses machines n'est pas chose facile, d'autant plus lorsqu'on a à faire à un public peu disposé. En effet, force est de constater que le public de ce genre de soirée a bien évolué, mais pas toujours dans le bon sens. Une faible partie se déplace pour la musique, une autre est là par erreur ou par curiosité. Ce n'est pas forcément les plus chiants car ils sont attentifs et parfois assez réceptifs à une scène qui n'est pas forcément la leur. Et, hélas, une grande majorité de « je viens pour voir et être vu », ce qui souvent en découle par une attitude assez juvénile avec bruit et rires idiots, ce qui tranche radicalement avec l'atmosphère dark ambiante... C'est bien dommage. De plus ce soir le volume sonore fut un peu faible pour cette première partie, laissant plus croire à un set de DJ. Pour ma part, ce set est excellent malgré sa courte durée (dès notre arrivée tardive, le set de Desiderii Marginis était déjà bien entamé). Nous avons droit à Worlds Appart, morceau issu du fabuleux chef d'oeuvre That which is Tragic and Timeless, que je conseille vivement, avec ses notes froides au piano et sa guitare acoustique qui apporte un son légèrement métallique, ce qui tranche avec les longues nappes de synthé plus feutrées. Puis vint l'excellent Lifeline préfigurant très bien le prochain album tant attendu Seven Sorrows. Pour finir, la dernière offrande fut The Sweet Hereafter, sans doute le meilleur titre de Strife . Toujours est-il qu'une partie du public salua chaleureusement les efforts de Johan.
Ensuite la tête d'affiche Genevieve Pasquier arriva sur scène. Initialement prévue en fin de soirée, j'ai appris que suite à des petits problèmes de voix, l'affiche était permutée. Genevieve Pasquier, né en 2003 du défunt projet Thorofon, officie dans un registre que je qualifierai de minimalist electro cabaret. Après l'introduction, le show commença avec des titres tirés du dernier album en date Virgin Pulses dont le déjà célèbre Blitzkrieg Baby, avec ses samples de « trompettes de Jéricho » typique des bombardements piqués. Puis on enchaîna sur Machine Celebration. La suite se rapprocha de la précédente production Soap Bubble Factory avec Tu es le Star, le détonnant Existance et finalement avec Disappointed Expectations. Les titres et la mise en scène furent excellents avec cette ambiance pin-up des 50's et cette atmosphère rose bonbon. Notons également pas mal d'interactions avec le public ainsi que la mise en place d'un jeu de séduction qui s'installa très rapidement, facilité par ses mimiques érotico-soft. Comme sa façon de caresser le micro avec délicatesse, sa petite danse, ses déhanchés sexy et sans oublier sa voix profonde et voluptueuse, le tout sans tomber dans la facilité et le vulgaire. Puis vient le moment des rappels avec le très bon Remember notamment, avant un long moment d'ovations bien méritées et dont le public ne fut pas avare.
Petite pause puis le set d'OURAKEN commença sur fond d'images rouges et blanches glorifiant l'ancien empire du Japon. Plus perfo que véritable set, il nous permit de nous faire une assez bonne idée de ce qu'il propose au travers de son indus dark ambiant à la fois dérangeant et fascinant, sur le thème des périodes les plus sombres de l'histoire japonaise.
Vient en fin de soirée Dogpop, avec raie sur le coté et chant totalitaire du frontman. Après une entrée sur scène avec Augen, le duo continua avec des titres froids et industriels. Malheureusement pour eux, une grande partie du public déjà bien fatiguée et bonne qu'à des singeries décontenança rapidement le groupe, qui commença à se marrer et comprit que c'était foutu. Il s'adapta rapidement à l'environnement en se mettant au niveau (bien bas) des spectateurs avec transformation du set en ambiance fête du village, avec des reprises comme Popcorn et danse trépanée. Puis l'apothéose du ridicule fut atteinte lors d'une reprise de la Lmbada (si si, vous me lisez bien) dont le groupe fut même l'un des participants les plus actifs en rejoignant la foule pour danser cette danse. Bon la question étant faut-il avoir 3 grammes ou / et 10 lignes de coke pour s'amuser dans ces soirées. Personnellement, je trouve dommage que la prestation musicale soit pénalisée au profit de beuveries juvéniles. Il y a quand même un sacré problème qui, je l'espère, ne deviendra pas récurent.
Dans l'ensemble la soirée fut bonne avec les prestations de Desiderii Marginis et Genevieve Pasquier. Quant à Dogpop, je resterais réservé puisqu'elle ne fut pas à la hauteur de mes attentes, même si pas mal de personnes ont vraiment apprécié.