Ikon / Tat / Joy Disaster

Voilà un concert organisé une fois encore par Neutral Zone qui se présentait comme un événement gothique majeur de l'année avec Ikon le groupe de gothic rock australien culte qui venait enfin nous rendre visite en France pour la première fois de sa carrière et pour 4 dates (Marseille, Lyon, Nancy, Paris). Cette date est organisée sur une péniche amarrée dans une zone industrielle post-apocalyptique. Et bien la cinquantaine d'entrées de cette soirée révèle d'emblée quelque chose : une fois encore le public dit gothic n'a pas répondu à l'appel Cela semblerait confirmer que les « gothiques » n'écoutent pas de vrai gothic rock. Peut-être ils ne s'en tiennent qu'à un ou deux groupes des années 80 très connus sans attrait profond pour la vraie scène ou n'écoutent alors que ce qui est labellisé « gothique » sans en être vraiment par les médias grand public... Enfin s'il est un groupe auquel on ne peut nier le statut de gothic rock, c'est bien Ikon. En tout cas pas de gogoth ce soir là mais qui s'en plaindra en définitive. Simplement des passionnés. Dommage que malgré ce jour de semaine pas plus de gens ne se soit pas bougés, surtout pour ceux vivant sur Lyon même. Car 50 entrées c'est assez peu pour un groupe culte, la péniche étant toutefois limitée à 110 entrées...

Certains étaient d'ailleurs venus pour cette première partie rajoutée qu'est Joy Disaster. Vu la proximité de nom avec Joy Division, on ne sera pas surpris qu'ils officient dans le post punk / cold wave avec un look assez kitsch et cool. Le groupe nous vient de Nancy et accompagne Ikon sur ses quatre dates françaises. Donc excellente occasion pour cette jeune formation de se faire connaître du public gothic rock en présentant son premier album éponyme et des morceaux du prochain. La prestation se révèle tout à fait sympathique. On notera le très bon morceau This is not ainsi que le soutien par le groupe post punk grenoblois Varsovie.

C'est ensuite Tat un groupe de la région lyonnaise qui prend le relais dans un registre complètement différent. Cette date n'est qu'une autre opportunité de se faire connaître dans la région multipliant les prestations. Le groupe est présenté comme de la scène dark folk. On est cependant bien loin de ce que aujourd'hui on entend par dark folk avec tout le côté martial et symphonique. En fait, le groupe oeuvre dans un registre proche de Empyrium, Tenhi et surtout d'Ataraxia à l'époque d'Il fantasma dell'opera, sur fond de projections intéressantes et réfléchis pleine de références à la philosophie et à la médecine. On notera la voix très particulière du guitariste leader, étrange, accompagné d'un chant féminin. La prestation débute à trois puis se finit à et donne l'image au final d'un groupe assez décousu, avec un chanteur gogoth dans tous les sens du terme débarquant sur la fin et ajoute un peu plus de décousu au visuel du groupe. Cependant, la courte prestation de Tat s'est révélée très intéressante et assez mystérieuse surtout sur le début.

Arrive enfin Ikon qui débarque sur la petite scène du Loupeka avec la sobriété propre au groupe sous forme de trio, la batterie et les synthés étant programmés. Certains pourraient trouver ce genre de prestation trop simple autant dans le visuel que le gestuel, les musiciens se contentant de jouer de manière assez statique et limite nonchalante. Je trouve que cette attitude colle parfaitement à l'atmosphère dégagée par Ikon, très sobre et baignant dans une mélancolie contenue, digne, blasée dans le sens sans emphase mais avec beaucoup d'émotion, collant parfaitement avec la voix monocorde de Chris MacCarter qui s'occupe en plus du chant depuis le départ de Michael Carrodus en 1998, toujours dans la veine Ian Curtis de Joy Division et accompagné toujours de Dino Molinaro à la basse et d'un nouveau comparse à la guitare. Ikon est un groupe de gothic rock classique (ni metal ni electro sauf pour les remix). Le groupe a aussi une personnalité bien marquée, une imagerie très sobre, froide et stricte. Cette personnalité vient de Joy Division et aussi de l'intérêt d'Ikon pour Death In June.Une partie du répertoire d'Ikon étant des ballades tendance folk, ayant d'ailleurs repris le Fall Apart de Death In June étrangement demandée en vain par quelques personnes du public. Dernièrement le groupe est étrangement devenu membre de la Church of Satan, plutôt rare pour un groupe de ce style.

Ikon s'est formé en 1991 et mise à part des compilations et de nombreux singles sa carrière se ramène à six albums : In the shadow of an angel en 1994, A moment in time en 1995, Flowers for the gathering en 1996, This quiet earth en 1998, On the edge of forever en 2001 et le tout dernier Destroying the world to save it en 2005.

Concernant le show de ce soir, Ikon entame directement avec des vieux titres de son répertoire avec Reality is lost pour commencer. En troisième titre Echoes of silence. Ces deux morceaus sont sur A moment in time. Plus loin dans le set, on a droit à In a lonely place et l'incontournable Condemnation (d'In the shadow of the angel ), à mon avis l'un des meilleurs morceaux d'Ikon dont le refrain était scandé par une partie du public (dont les Joy Disaster). Etrangement aucun morceau de l'excellent Flowers for the gathering ni étrangement du précédent On the edge of forever n'a été joué. Par contre, on notera un morceau du fade This quiet earth à savoir Subversion néanmoins très bon. Le reste est axé sur des morceaux récents : de Destroying the world to save it avec Rome et la ballade God has fallen from the sky pour clôturer la première partie. Je soupçonne également l'exécution de Never forgive, never forget mais étant absent de leur playlist, le doute s'impose. D'autres morceaux sont tirés du EP de 2004 Psychic vampire : I never wanted you et Blue murder. A quoi s'ajoute un certain nombre de morceaux non identifiés, la plupart étant des nouveaux morceaux ou des titres de singles comme Among the runes, All depths of despair, Garden of the lost, Torn, Alone. Le groupe enchaîne deux rappels, d'abord Black roses d'In the shadows of an angel. Puis Chris Mc Carter revient une dernière fois seul pour un morceau aux synthés et programmations pour clore cette prestation fort sympathique. Certains morceaux excellents ont été oubliés. Enfin, vu le nombre impressionnant de bootlegs que le groupe propose, ils doivent bien figurer sur l'un d'eux ! Très bonne prestation , très bonne soirée !

Site web officiel d'Ikon :www.ikondomain.com

Adnauseam