07/10/2007
Sedel, Lucerne (Suisse alémanique)
IN GOWAN RING inaugura la première partie de ce Pagan Folk Festival organisé par l'association Tempus et Gaudium qui a pour principal but la célébration et la reconstitution de scènes de vie de l'époque médiévale, organisant également des séminaires et des concerts comme celui de ce soir, en ayant l'excellente initiative de capter cette tournée.
IN GOWAN RING propose une musique nomade au sens libre du terme, une musique que l'on ne peut capturer, à l'image de son frontman B'Eirth, vivant et jouant une musique d'un autre temps, combattant ainsi la modernité. On peut classer son répertoire dans le registre psychedelic folk, suivant ainsi le sentier ouvert par son compatriote et précurseur Changes. Pour cette prestation, B'Eirth fut accompagné par trois des membres de FAUN, à savoir Oliver Sa Tyr (guitare, harpe et voix), Fiona Rüggeberg (flûtes, harmonium et voix) et Rüdiger Maul (percussions). Comme précisé, ce festival ne prétend aucunement discriminer ou distinguer un groupe plus qu'un autre, et son principal objectif est de réaliser une expérience musicale particulière favorisant les échanges musicaux en mélangeant ainsi les styles des trois groupes. B'Eirth pour l'occasion arriva pieds nus, avec ses lunettes rose teintées. Malgré ces clichés néo-hippie, il faut se concentrer sur le ton mystique donné à sa prestation, qu'il commença avec Ciphers Strings on the Tree in the Dream of the Queen tiré de The Glinting Spade, enchaîné par Dandelion Wine issu de Love Charms. Vint ensuite deux morceaux de Hazel Steps through a Weathered Home, à savoir Morning Weaking Dream et Hazel Steps. Le show se termina sur un hymne à Pan qui est une reprise de Changes et c'est sous de nombreux applaudissements que le barde laissa sa place à SIEBEN.
SIEBEN est Matt Howden et Matt Howden est SIEBEN. Il est cette figure indissociable de la scène dark folk depuis plusieurs années, notamment grâce à de nombreuses collaborations avec Sol Invictus et Hawthorn pour ne citer qu'eux. Matt arriva sur scène très sobrement vêtu de noir, son violon à la main, à l'image de cette relation presque charnelle avec son instrument : caressé, pincé, frappé puis « embrassé », il naît de cette union inorganique des sonorités grincées, écorchées, pleurées... Il en ressort de cette musique hantée un mélange acoustique évoquant aussi bien l'amer constat de la disparition de la beauté et de l'amour, pleurant un romantisme maudit, que l'atmosphère de sa campagne anglaise, dans laquelle la monotonie des vertes plaines brumeuses est poignardée par de tranchants monuments funèbres s'élevant vers le ciel. L'élaboration de ses magnifiques mélopées est réalisée pièce par pièce à l'aide d'une pédale d'effet selon le schéma suivant : un thème est lancé puis passé en boucle sur d'autres thèmes rajoutés par la suite. Au niveau musical les derniers albums seront logiquement mis en avant ce soir avec pour commencer Ogham the Spirit et Ogham the Sun tirés du de l'album Ogham Inside the Night. Ogham est le nom du plus ancien alphabet celtique . Puis Peterson's Seat de Our Solitary Confinement. Vint ensuite le moment consacré à son nouvel album Desire Rites avec respectivement Rite of Amends, Desire Rite et Missolonghi Sky. Bien que ce dernier fait partie du dernier opus, il était déjà présent sur la compilation Writ in Water. Le set se termina sur un autre titre de Ogham Inside the Night avec Ogham the Blade clôturant une prestation à la fois dynamique et envoûtante, lors de laquelle la magie ne cessa d'opérer.
Arriva le moment le plus attendu par de nombreux fans, celui de l'entrée de FAUN sur cette petite scène, qui pour l'occasion de ce Pagan Folk Festival était joliment décorée par des adjonctions de véritable lierre grimpant en guise de décor, apportant ainsi un coté sylvestre et féerique à l'ensemble. L'interprétation commença avec le mystique Gaia, rituellement renforcé par le texte d'Homer suivi de Rad, tirés du dernier opus Totem. Puis l'album Renaissance fut à son tour mis en avant avec Satyros dont le texte est traduit du Carmina Burana et Rosmarin dans la même thématique médiévale que le précédent, avant qu'un premier titre, Andro, du deuxième album Licht soit interprété. Puis une courte pause dans le répertoire des allemands avec une étonnante mais très bonne reprise issue du Sex and Wildflowers de SIEBEN avec Love's Promise dont le violon était bien entendu assuré par Matt. Ensuite l'avant dernier album Renaissance sera encore une fois à l'honneur avec le tribal Iyansa, Sirena aux relents très Dead Can Dance puis le sacré Da Que Deus. Wind & Geige - Le vent & le violon, Licht - fut repris et ici le morceau pris tout son sens avec justement Matt Howden au violon, avant de terminer sur Tinta du dernier opus, titre particulièrement envoûtant et construit sur le texte de José Melchor Gomis, compositeur romantique espagnol du XVIIIème. Quelques nouveaux titres vinrent se greffer à l'ensemble comme Ai Si et Sahhara avec une influence orientale assez prononcée. C'est toujours très intéressant de voir et d'entendre FAUN sur scène, cela permet de se rendre compte de l'énorme potentiel de cette formation. En effet que cela soit dans l'interprétation versatile de différents répertoires ou bien dans la richesse et la variété des instruments utilisés - en marge des instruments les plus classiques de la musique folk et médiévale, on retrouve ici bouzouki (sorte de luth), nyckelharpa (vielle à archet), guimbarde, harpe celtique, différentes flûtes, riqq (tambourin à cymbales), davul (tambour à deux faces), caxixi (idiophone en forme de panier clôt renfermant des graines) et j'en passe - on ne peut que rester admiratif devant une telle débauche d'énergie et de fraîcheur. Les rappels furent introduits par l'excellent Rhiannon tiré de Renaissance, l'album le plus représenté ce soir, qui tout comme le morceau Andro est un incontournable du répertoire de FAUN, lors de laquelle la vielle à roue et la cornemuse jouent en osmose parfaite, libérant mélodies entraînantes et celtiques. Puis Ne Aludje El - Licht - clôtura cette première série de rappels ; c'est un très beau titre où les mélodies helléniques côtoient le chant hongrois. Sous les nombreuses réclamations du public, tous les membres des groupes composant ce Pagan Folk Festival revinrent pour un dernier rappel. Il s'agira en l'occurrence de la reprise The Trip Goes On de l'album Fortune & Folly de Birch Book, l'autre formation de B'Eirth. Ainsi s'acheva cette édition 2007, en espérant la prochaine toute aussi bonne et surprenante.