28/10/2007
L'Usine, Genève
Depuis quelques temps le magazine suisse Transit délaissant quelque peu le metal extrême semble avoir clairement trouvé son identité dans une fusion entre le metal, le gothic, l'electro et la scène alternative suisse. Cette identité est pleinement évidente avec l'organisation de cette date de Pain, le groupe electro metal de Peter Tätgtren accompagné de deux combos plus ou moins dans le même genre, Zonaria un groupe suédois plus extrême qui accompagne Pain sur sa tournée et Sybreed, groupe cyber metal de suisse romande, également présent avec Pain le lendemain à Paris. Saluons donc la cohérence de cette soirée, car même quand il y en a pour tous les goûts, avouons qu'il est vite lassant de se taper des soirées composées par exemple de groupes de heavy, de thrash et de grind simplement pour voir un groupe de black.
La soirée commence de bonne heure avec Zonaria un jeune groupe suédois qui existe depuis 2001, qui après avoir sorti trois démos, a sorti son premier album Infamy and the breed en septembre. Fait plutôt rare pour être noté, les 3 batteries de chacun des groupes sont disposées sur la scène, chaque groupe jouant avec la sienne, ce qui réduit la taille de la scène. Zonaria m'a un peu fait penser à une formation comme The Kovenant que ce soit par le style visuel, avec un peu leurs " armures futuristes ", les thématiques et un peu la musique même si celle-ci est nettement plus extrême, plus puissante, avec des synthés cyber avec quelques touches electro, moderne. Cela fait qu'on peut désigner leur musique comme du cyber death metal, révélée tout à fait agréable notamment dans le cadre de cette soirée.
Place ensuite à Sybreed qui n'en est évidemment pas à son premier concert ici puisqu'il s'agit d'un groupe local qui s'est exporté, qui a désormais l'expérience de tournées et concerts. Une bonne partie du public semble d'ailleurs venu pour eux, tout du moins en partie, mais avouons aussi que les groupes locaux sont toujours très bien soutenus, peut-être parfois au détriment des groupes de référence qui jouent ici que parfois un public trop encré localement banalise en portant comme des dieux des groupes de seconde zone et en manquant d'attention à des groupes à forte identité, enfin bon c'est un autre problème. Sybreed est venu présenter son deuxième album récemment sorti, cette fois-ci sur Listenable. Le groupe a peut-être déchanté après un premier album sur un label américain mais dont probablement la diffusion et la promotion en Europe devait être réduite. Il n'est cependant pas étonnant que Sybreed mobilise le public suisse car leur style représente assez ce qui se fait en Suisse aujourd'hui avec toujours ce coté electro. L'ensemble qui au final se révèle efficace pourrait être présenté comme un mélange de Meshuggah, donc de thrash moderne avec des parties à la fois groove et froide, cyber et de Him pour le côté voix claire et mélodique avec un coté electro metal. L'ensemble est toutefois intéressant même si ce n'est pas vraiment mon style de prédilection. On notera d'ailleurs le très bon morceau Re-evolution qui a un côté hit, malheureusement le groupe part parfois dans des choses un peu power thrash. La prestation se révèle donc tout à fait honorable.
Pain investit enfin la scène après l'installation d'un décors à l'image du dernier album. J'avais déjà eu l'occasion de voir Pain il y a quelques années en première partie de Tiamat et j'étais curieux de revoir le projet solo de Peter Tätgtren cette fois-ci en tête d'affiche. A l'époque, le groupe n'avait pas brillé par son charisme, malgré une prestation honorable, mais depuis le projet solo de Peter a beaucoup grossi. A l'époque d'ailleurs le groupe était nombreux, 6 membres, incluant un synthé et Peter ne se contentait que de chanter et arborait un look fashion pas terrible avec de grosses chaussures compensées colorées style techno. Le groupe est désormais réduit à 4 membres en live, les synthés sont programmés et Peter assure également la guitare, accompagné entre autres à nouveau par Mathias Kamijo (le cinquième membre de session pour les live dans Hypocrisy, l'ex-Algaion, assez surprenant de le retrouver là. L'autre moitié d'Algaion se trouve dans le groupe martial Arditi) et Peter s'est trouvé désormais un look à la fois clean et rock n'roll avec sa cravate. Et force est de constater que le public était nombreux ce soir pour Pain qui n'est donc plus le simple side-projet de Peter Tätgtren mais un groupe dont la plupart ignore désormais ses activités dans Hypocrisy (très peu, voir un ou deux, t-shirt Hypocrisy). Il n'attire pas le même public et qui a un nombre incroyable de fans (qui n'ont pas hésité à apporter une banderole Pain). Avouons toutefois que Peter a joué au départ sur sa notoriété en étant dans l'un des plus grands groupes de death metal et le producteur de toutes les grosses productions de metal extrême. Autant dire que c'est un personnage incontournable de la scène de ces dernières années, pour développer ce projet solo beaucoup plus léger et basé sur sa personne. Chaque pochette d'album représente d'ailleurs Peter tout comme les nombreux clips qui mette en action sa personne, et surtout le nombre de groupies qui lui sont dévouées dans le public. D'ailleurs Peter semble avoir très conscience de cela à en voir toutes les allusions faite à cela entre les morceaux, du genre A dick in a hole ou sa spéciale dédicace aux filles pour le morceau Bitch ou lors de la clôture du concert avec cet appel aux groupies I hope my balls'll work. On est bien loin du mystérieux Peter du début d'Hypocrisy qui baignait dans un occultisme assez malsain.
Il est évident que Peter a développé Pain dans cette optique rock n'roll, à partir du second album. Car même si depuis le départ le but de Pain est de proposer quelque chose de plus direct et accessible aussi bien au niveau de la musique que de l'imagerie et des textes, le premier album était plus obscur. D'ailleurs ce premier album éponyme est intégré à la playlist de Pain malgré les cinq albums à son actif. Ainsi seront joués deux des meilleurs morceaux de cet album : On your knees avec ses quelques voix à la Hypocrisy et le très bon Greed (qui signifie " gloutonnerie ") qui clôturera la prestation en tant que deuxième rappel (le morceau Learn how to die aurait également été le bienvenu). Et il faut bien reconnaître que l'electro metal de Peter est très efficace et qu'il s'agit là d'une véritable machine à hits, constituée tel des morceaux pop avec la structure couplet / refrain et tous les morceaux hits du groupe y passeront. A commencer en ouverture par le très bon Same old song de Dancing with the dead dont on retrouvera également Stay away et le titre éponyme en rappel. Les 4 derniers albums seront représentés de manière à peu près équivalente. Ainsi on retrouvera pour le dernier album en date Psalms of extinction (sorti chez Roadrunner), les morceaux Nailed to the Ground, Zombie Slam, Clouds of Ecstasy, Walking on Glass et le fameux Bitch durant le rappel. Pour le second album Rebirth (1999), ce seront les morceaux End Of The Line, On And On, Suicide Machine, Crashed pour Nothing remains the same (2002) ; Just Hate Me, Eleanor Rigby (en fait une reprise des Beatles), It's only Them, Injected Paradise et Shut your month lors du rappel. Pain a donc fait le tour de tous ces hits, ajoutant d'ailleurs par ci par là avec un clin d'oeil évident à Hypocrisy des petit cris black discrets ou des petit " ouh ! " sous forme de grunts. A mon avis il manquait cependant cruellement un morceau que j'attendais (peut-être le seul que j'attendais vraiment), Save me de Nothing remains the same utilisé pour le générique de fin de l'excellent film suédois Sleepwalker (dans le genre Lynch). La prestation a été plutôt longue mais jamais ennuyeuse, et bien fournie donc, avec deux rappels : un premier de trois titres avec Dancing with the dead, Bitch, Shut your month et un deuxième rappel avec Greed. Une prestation dans un registre certes léger qui s'est révélée cependant très bonne !
