Amenra / Overmars

On va commencer par des remerciements pour une fois, ça nous changera, remerciements adressés à Pierre (ex-Llorah) pour avoir organiser in extremis la venue d'Amenra à Lyon. Merci à lui ! Si je me permets de débuter ce live report comme ceci, c'est parce que j'ai assisté à un grand, très grand moment de musique. La soirée avait débuté de la plus belle des manières avec l'interview d'Amenra, mais j'étais loin de m'imaginer que la suite allait être aussi... éprouvante.

C'est les lyonnais d'Overmars qui vont s'occuper d'ouvrir les hostilités. Ils devaient d'ailleurs déjà jouer il y a quelques mois avec Amenra en Belgique, date qui, sauf erreur de ma part, se verra annulé. Comme Celeste récemment avec leur excellent concert en compagnie d'Esoteric. Revoir le groupe se produire sur Lyon n'était pas « prévu », ils avaient déjà joué au Sonic en début d'année, et quelques mois auparavant pour le vernissage du très bien accueilli, et à juste titre d'ailleurs, Born Again. Mais voilà, il y a ces agréables surprises qui vous tombent parfois sur le coin de la gueule, et mine de rien, ça fait du bien ! Je n'assista malheureusement pas au tout début du set, interview d'Amenra oblige. Mais je pus reconnaître de loin l'excellent Buccolision And The Mistaken One, du non moins excellent Affliction, Endocrine... Vertigo. Le groupe avait annoncé qu'il ne jouerait pas ce soir le morceau issu de Born Again, mais qu'on aurait le droit de jeter une oreille sur les nouveaux morceaux, récemment enregistrés, qui devraient, a priori, se retrouver sur des splits, dont un avec les très respectés Kill the Thrill. Ce ne sera un scoop pour personne, il est (souvent/parfois) difficile de donner un avis réfléchi et construit sur des morceaux écoutés qu'une seule fois, et qui plus est en live. Que les choses soient claires : Overmars continue de faire du Overmars. On retrouve à nouveau les touches d'électronique de Tiphaine (?!), mais également des passages de chant de la part de Marion, bassiste du groupe. C'est lourd, oppressant, comme le groupe nous a habitué. Pour ma part, il m'a semblé néanmoins qu'il manquait un petit quelque chose. À réécouter, comme les pros disent... Concernant la prestation en elle-même, le groupe a décidé de ne pas relever une seconde fois le défi de TOUS jouer sur la scène du Sonic (certaines personnes n'étaient venus que pour voir cet exploit). Tous les musiciens sont pris, hypnotisés par leur musique, mention très bien, comme à son habitude, pour Xavier, chanteur du groupe. Il nous expliquera d'ailleurs, pour le dernier morceau joué, de quoi parle les textes. Témoin conscient de notre époque formidable, je ne peux que vous encouragez à les lire quand celles-ci seront disponibles, ça vous changera de tous ces groupes de screamo qui vous parle de leur rupture amoureuse...

C'est autour des ricains de BATTEFIELDS de monter sur la (petite) scène du Sonic. Je n'ai malheureusement pas pu assisté à leur concert de ce soir, mais les quelques retours que j'ai eu de leur show étaient unanimes : BATTEFIELDS est à suivre de prêt !

Amenra. S'il ne devait en rester qu'un, ce serait ce groupe, toutes scènes et toutes périodes confondues. Pour les avoir vu à deux reprises, dont une fois au Hellfest et une autre fois à Bruxelles (j'étais monté spécialement pour cette date avec les monstrueux Year of No Light), je peux vous dire qu'il me tardait VRAIMENT de les revoir. Étant fan inconditionnel de cette formation belge, il pourrait paraître facile aux premiers abords que je fasse un report de ce concert... mais non. Je ne dois pas être assez cultivé ou assez intelligent, je n'arrive que très difficilement à mettre des mots sur ce que j'ai vécu. Je n'étais plus vraiment sur cette péniche du Sonic quand les amplis ont craché les premières notes de De Dodenakker (putain sa fin tout en crescendo !). J'étais parti depuis bien longtemps. Parti je ne sais où, loin en tous les cas de toutes ces frustrations et ces tracas journaliers, loin de toutes ces considérations matérielles. Mid-tempo, trance, hardcore. Voila comment le groupe se présente sur Myspace et je crois que tout est dit. Amenra m'a littéralement hypnotisé, asphyxié, retourné. Quelques secondes d'accordées pour faire quelques clichés et après... plus rien. Plus rien n'a d'importance. Absorbé par cette énergie, le voyage débute. Le groupe n'omet pas les morceaux du Mass III , on aura le droit ce soir aux jouissifs « The pain it is shapeless we are your shapeless pain » et « Die strafe am kreuz ich schreibe eine bibel in blut » (ce sera Vinc', comme à son habitude, qui fera les parties de chant féminin avec sa guitare), respectivement première et troisième piste de l'album. Deux autres morceaux issus du Mass IIII, en plus de l'interlude Terziele, l'incontournable Razoreater (un clip vidéo de ce morceau est visible sur leur Myspace) et Silver needle golden nail (notons que son début hypnotique enregistré à l'aide d'un E-bow jusqu'à 4'00 leur faisait figure auparavant d'introduction). Alors oui, peut-être un regret, l'excellent morceau Ritual du Mass III aurait pu s'ajouter à la playlist de ce soir. Ce n'est pas moi que ça aurait dérangé ! Mais c'était tellement intense... Le chanteur Colin est tout simplement incroyable ! Tournant le dos au public pendant tout le set, complètement enfermé dans sa bulle, il impressionne. Il impressionne par sa voix et par la sincérité qu'il dégage. Putain ce mec est fantastique ! Quel charisme ! Malgré le fait que ses parties de voix claires seront inexistantes sur les morceaux Razoreater et Silver needle golden nail (il les chantera à la fin sans micro), le set ne baissera JAMAIS en intensité. Souvent les yeux fermés pour apprécier leur musique, d'autres pouvaient à l'inverse se perdre dans les magnifiques visuels projetés. Je n'ai aucune idée de comment a été apprécié le set par le public, je ne sais pas si le public a été aussi réceptif que moi. Je sais juste que, pour ma part, j'ai vécu un moment inoubliable, à un moment à la sensibilité exacerbée qui s'est révélé être mon meilleur concert de ma courte existence, ni plus ni moins. Pas besoin ici de prendre des stupéfiants pour perdre toute notion de la réalité, la musique s'en est merveilleusement bien chargé. Un groupe sans précédent, à des années lumières de cette masse d'ersatz, qui laissera une profonde trace dans l'histoire des musiques extrêmes...

Caedes