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Anathema / Demians

Anathema + Demians

31/10/2008

Les Docks, Lausanne

Les passages des anglais de Anathema ont toujours su susciter mon intérêt. Ayant découvert le groupe assez jeune avec l'album de référence Serenades, j'ai toujours éprouvé à la fois une grande curiosité doublée d'une énorme fascination pour cette formation au fur et à mesure de ses différents albums. La question ne fut même pas posée quant à assister une nouvelle fois à une de leurs représentations. Ce fut par la même occasion l'opportunité de découvrir la salle Les Docks fort agréable dont la scène est immense comparée à la fosse.

Arrivé pour ce qui était annoncé comme l'ouverture des portes (21:00), je fus surpris d'entendre que Demians venait d'entamer sa prestation. Une fois entré, je me présente pour la fouille obligatoire et là j'apprends que je suis « camera non grata ». Après une tentative de discussion et quelques minutes d'attente devant la porte, je peux enfin rentrer mais sans l'appareil photo. J'arrivai donc sur le dernier morceau de Demians, qu'ils dédicacèrent pour l'occasion à la tête d'affiche de ce soir. Ce ne fut pas facile donc de se faire une idée des français sur un seul titre, mais ayant pu écouter rapidement leur premier album Building an Empire , ils officient dans un metal gothique assez glam qui ne m'a guère convaincu, bien que leurs compositions soient techniquement très propres et qu'ils aient l'air à l'aise sur scène, un petit quelque chose qui leur permettrait de se démarquer de la scène gothic metal hyper saturée serait un plus. Bon c'est un groupe encore jeune, laissons leur du temps.

Après une grosse pause, vint le moment de retrouver Anathema, formation doom culte du début des années 90 que l'on ne présente plus. Bien que les frères Cavanagh ont évolué musicalement vers un rock progressif à teinte atmosphérique, il faut reconnaître qu'ils ont toujours su garder ce coté à la fois émotionnel et authentique qui est retranscrit dans leur musique, inspirant leurs compositions tantôt explosives tantôt mélancoliques. Mais ces dernières années n'ont pas été des plus productives et joyeuses pour la famille Cavanagh - rappelons juste que trois des membres imminents d'Anathema sont unis par les liens du sang : Daniel (guitare) étant le frère aîné, Vincent (voix et guitare) et Jamie (basse) quant à eux sont jumeaux. Après l'achat par Sony BMG du label Music for Nations qui ferma ce dernier par la même occasion, Anathema se retrouva sans label à la fin de la tournée 2006. Ils furent donc obligés de recourir à l'autoproduction tout en en continuant la recherche d'un nouveau label pour financer un nouveau disque et supporter une nouvelle tournée et également en diffusant gratuitement leurs nouvelles compositions via leur site internet - toutefois le groupe appelait leurs fans à faire un don d'un montant de leur choix. A cette période, nous pûmes même entendre tout et n'importe quoi sur l'avenir du groupe. Au jour d'aujourd'hui, la machine semble être bien relancée avec Hindsight le dernier album en date chez Kscope Music. Bien qu'il s'agisse d'une compilation regroupant des morceaux déjà connus, ceux-ci furent pour l'occasion retravaillés d'une manière semi acoustique, apportant ainsi une nouvelle approche intéressante et alternative.

Contrairement à certaines formations qui perdent leurs fans comme tombent les feuilles en ce moment, on remarqua ce soir beaucoup de fans de la première heure présents ce soir, quelque peu trahis par leurs ages légèrement plus avancé que la moyenne (j'assume), preuve que cette formation a su garder son authenticité, et ce malgré l'évolution musicale du doom metal au rock progressif à la sauce Pink Floyd.

Au niveau musical pas de surprise, à savoir un set basé principalement sur les albums de la deuxième période qui a démarrée avec Eternity et c'est avec l'album Judgement qu'ils débutèrent et arrivèrent sur scène avec Parisienne Moonlight en guise d'introduction avec la voix profonde de Lee Douglas en fond. Lee ne semble pas être présente lors de cette tournée. Par ailleurs les albums A Fine Day to Exit et A Natural Disaster furent moins mis en avant ce soir que par le passé. Est-ce un lien avec l'absence de Lee qui participa en tant que second vocaliste sur bon nombre de titres de ces deux albums ? La suite s'accorda parfaitement à l'ensemble avec pas mal de morceaux de la période 98-99 et des titres plus récents. Lors du dernier morceau avant les rappels, Daniel fut « abandonné » par le groupe pour interpréter le très intimiste et merveilleux Are You There en solitaire. Malheureusement écourté par des moqueries d'attardés préalablement prévenus dès le début puisqu'ils couvraient déjà à eux seuls l'interprétation acoustique. De rage il quitta la scène sans prévenir, laissant planer un sentiment de fin doublé d'écoeurement. Certains feraient mieux d'aller noyer leur bêtise dans l'alcool bon marché de bars anonymes plutôt que de gêner les artistes et le public. Cette réaction, bien qu'assez sanguine est justifiée à mon sens, puisque ayant passé la majorité du concert non loin du bar, il m'était vraiment insupportable de subir leurs commentaires débiles genre « maintenant c'est de la merde ce qu'ils font », surtout quand cela vient de gamins qui souillaient encore leurs couches lors de la sortie des premiers opus des anglais. En effet, il est bien difficile de se concentrer devant des clowns qui ne comprennent rien à rien. Toujours est-il qu'ils sont revenus pour effectuer deux rappels au plus grand plaisir des fans qui aurait subi l'imbécillité d'une minorité de ploucs, en s'excusant même de leur coup de gueule. Personnellement je pense qu'ils n'ont pas eu tort et qu'ils ont bien fait de marquer le coup, certains passages atmosphériques et intimistes demandent vraiment du calme pour pouvoir apprécier les grandes envolés progressives. Ces deux rappels furent l'excellente occasion de réécouter Sleepless, un bon vieux titre très bien servi et suivi du non moindre Fragile Dreams, tous deux nous invitant à ne pas aller se coucher et d'assister à l'after electro dark ?

Set-list : Intro (Parisienne Moonlight) - Deep - Closer - Far Away - Angels Walk Among Us - A Simple Mistake - Anyone, Anywhere - Empty - Judgement - Shroud of False - Regret - Hope - Temporary Peace - Flying - Are You There - Sleepless - Fragile Dreams .

Une fois le concert terminé, les fans ont même pu approcher les musiciens, preuve de leur grande disponibilité pour des dédicaces, des photos ou discussions, alors qu'ils pourraient tranquillement siroter leurs bières en coulisses comme beaucoup d'autres formations. Ce fut une nouvelle fois un excellent concert.

A lire : Anathema + PORCUPINE TREE, Pratteln le 22/04/2005

Cyril