19/04/2008
Lyon, Lyon's Hall
Date très attendue ce soir qui marque le grand retour de Celestia sur scène après plusieurs années sans monter sur scène, le concert de février à Bordeaux ayant été annulé. Soirée également placée sous l'emblème de Drakkar Productions, les deux groupes italiens accompagnant Celestia ayant sorti des productions chez Drakkar et sympathique stand au fond de la petite salle du Lyon's Hall, désormais devenue incontournable pour le black metal underground. Malgré une affiche de qualité, le public n'était pas aussi nombreux qu'on aurait pu le prévoir, cela étant peut-être dû à de vieilles querelles underground, le public NSBM n'étant pas présent et peut-être aussi au concert de Down à Lyon qui aura au moins permis de faire le tri dans le public.
Adnauseam
Noksorg ouvre les hostilités avec un death metal honnête et sans concession. Ils assurent leur set sans problème malgré un son médiocre. On n'est tout de même pas en reste grâce à une double reprise efficace de Morbid Angel : Immortal Rites et Chapel Of Ghoul .
A peine le temps d'avaler une petite bière que Mefitic prend déjà l'assaut de la scène. Ces italiens délivrent alors un black / death froid et malsain emmené par la basse clinquante du frontman dont le chant n'est pas sans rappeler MkM. Mais le groupe dégage une brutalité un ton au-dessous d'Antaeus ce qui n'empêche pas le public de se laisser emporter par un rythme suffisamment puissant.
C'est avec plaisir que l'on a découvert ensuite Imago Mortis, groupe italien signé sur Drakkar également. Le son est intéressant et typé et les membres ne sont pas vraiment ce que l'on pourrait appeler des clichés du black metal. Look plus " sleeze " que black, le chanteur a pu faire rire les poilus fiers à bras de la salle, pas habitués à ce look de " tafiole " (sic). C'est vrai que le tee-shirt minimaliste ne servait pas à montrer le piercing du nombril du chanteur et ses grimaces encore moins à exhiber celui qu'il n'avait pas à la langue. Mais il a su rassurer tout le monde sur sa virilité par la qualité de son son, un chant black puissant et nuancé avec une forte dynamique et un bon marquage rythmique de la mesure. Playlist variée par rapport à la discographie du groupe. Les titres sont issus de toutes les périodes. Plusieurs sont notamment tirés de Mors Triumphalis (mais sonnant mieux que sur le CD). Nous avons droit aussi à la réédition des premières démos et des premiers titres du groupe, trois titres du dernier album, plus moderne et au son plus propre au groupe et deux titres inédits, dans cette veine, à paraître très bientôt chez Drakkar. Un son moderne, puissant et mélodieux, tout en restant sombre et percutant.
Enfin, le très attendu Celestia. Surpris par l'absence de claviériste (les nappes de claviers occupant une bonne place dans ce qui fait la spécificité du " son Celestia "), le show fût cependant bien mené. Nombreux morceaux du premier album, Apparitia Somptuous Spectre (notamment Awakening of the dormant fiancee) et presque en avant première, du moins sur scène, trois ou quatre titres du nouvel album récemment sorti, Frigidiis Apotheosia (notamment Admirable eros abstraction ). Son lancinant, riffs mélodiques et mélancoliques, malgré un line-up un peu décousu, puisque à part Noktu, les musiciens présents sur scène étaient apparemment conviés seulement pour l'occasion (guitariste venant des US où la tournée se poursuivait et bassiste lyonnais, emprunté au premier groupe...). Un set pas mal du tout, marqué par la présence de Noktu, réellement torturé jusqu'au fond de son être. Une prestation peu courante, et pas cliché, pleine de sensibilité, comme la musique que le groupe produit, collant bien à l'ambiance et au concept. Sur les premiers morceaux, le leader est apparu comme masqué d'un voile de deuil, remuant un peu à la manière d'un être mis en spectacle contre son gré, avant de se découvrir, restant digne et profond le reste du set, la main parfois rétractée sur la poitrine. Enfin donc un groupe à la musique profonde qui ne dévoile pas un aspect bide-à-bière mal léché, comme c'est de plus en plus le cas pour de nombreux groupes de la scène black, qui ne se laisse pas gagner par la fièvre " rock'n roll " de la soi-disante grande famille des " métalleux ". Un concert froid, obscure et fidèle à l'esprit du black metal. Gageons que pour un groupe qui n'est pas habituer à se présenter sur scène, la prestation fût bonne, carrée, fidèle au disque (malgré l'absence de claviers...) avec un son propre et tout à fait convenable.