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Esoteric / Celeste

Esoteric - 30.05.08

30/05/2008

Sonic, Lyon

Ce passage d'Esoteric à Lyon organisé par Myreferencevents était prévu de longue date puisque le groupe devait initialement passer à Lyon lors de leur venue en France en juin 2007 (entre autres au festival parisien Dooom over the world). Ce n'est pas sans difficulté que cette date a finalement eu lieu puisqu'elle a changé du tout au tout. Initialement c'est Forgotten Tomb qui devait assurer la première partie avec son black / doom suicidaire. Le groupe a annulé sa participation (comme à Milan à l'automne, même si Forgotten Tomb a fait plusieurs dates en compagnie d'Esoteric), deux variantes du doom qu'il aurait été intéressant de voir ensemble. C'est finalement Celeste, groupe lyonnais de post-core, qui assurera la première partie. Et là encore, quelques bouleversements : changement de salle un jour avant, la soirée passant du Marché Gare à la petite salle de la péniche du Sonic, une salle alternative au cadre très agréable pour cette soirée. A soutenir d'autant que celle-ci a actuellement d'absurdes problèmes judiciaires pour un histoire d'affichage non libre dans la ville, avec suppression de One Second Riot qui devait assurer le début de soirée avec leur postcore. La présence de Forgotten Tomb aurait probablement attirer plus de monde. Car même si Esoteric pratique un style peu accessible qui ne déplace pas les foules - le doom - en étant assez extrême dans son genre, et peu exposé médiatiquement, il est surprenant que le public présent ce soir ait été aussi réduit pour une formation si vieille, formée en 1992 avec 5 albums à son actif. Ce n'est pas pour rien que le groupe se prénommait du temps de sa première démo (d'où l'origine mystérieuse de son patronyme) Esoteric Emotions. Cette affiche mélangeant doom metal et post-core pouvait surprendre et rebuter certains. Pourtant elle ne pouvait qu'être fort réussite et des plus intéressante, le postcore étant à la croisée de plusieurs styles tout comme le doom d'Esoteric. Le groupe a d'ailleurs sorti son troisième album sur Eibon, le label de dark ambient tenu par le leader de Canaan. Cette soirée était en tout cas incontournable pour tout adepte de doom (quelques uns portaient des t-shirt Esoteric d'ailleurs), même si je reconnais pour ma part un dilemme puisqu'à Bern en Suisse allemande se déroulait une mystérieuse prestation (sur préventes auprès du label uniquement) des suisses déjà cultes dans l'underground de Darkspace pour le vernissage de leur troisième album.

Et voici que l'occasion de revoir Celeste - à Lyon s'il vous plait - se profile, quelques semaines à peine après le vernissage de Nihiliste(s) en compagnie des Time to Burn et des Maïno. Les lyonnais se devaient en effet, à la base, d'ouvrir pour les deux dates françaises d'Esoteric. Un problème d'organisation sur Paris mettra cependant un terme à la venue de Celeste dans la capitale. Pas dépourvus pour autant, les quatre lyonnais se rattraperont (grandement) sur cette date au Sonic. Éclaircissons un point non négligeable : si la prestation de Celeste fût un réel succès au vu de l'engouement du public, ce n'était pas gagné par avance ! En effet, si jouer devant un public qui vous connaît et qui apprécie le style dans lequel vous évoluez est une chose qui parait, à priori, évidente, l'inverse est par ailleurs tout de suite plus compliqué. C'est un public très « metal » ce soir, et/mais également ouvert et curieux, l'étiquette « core » aurait pu en faire fuir plus d'un ! C'est donc avec curiosité qu'il s'est enfoncé dans la péniche, dès la traditionnelle extinction des feux... Car oui, Celeste intrigue. Celeste joue quasiment dans le noir, hormis des flashs stroboscopiques et des frontales rouges. Et dès les premières notes, et une présentation sous le pseudonyme d'Assassin of Youth (groupe étant, en réalité, celui de leur bassiste remplaçant qui effectuera ce soir sa dernière date avec eux) les choses furent fixées. Véritable électrochoc, véritable rouleau compresseur, les novices découvrant Celeste ce soir ont été... assommés. Assommés par la puissance de feux de ces quatre affreux, assommés par cette voix écorchée (qui s'est révélée, étonnamment par rapport à l'écoute de l'album, presque black) hurlant des paroles à la sensibilité exacerbée. Assommés et abasourdis par la noirceur des riffs de Guillaume... Le son est dantesque, le meilleur auquel j'ai pu assisté de la part des lyonnais ! Agréablement surpris. La salle du Sonic se verra submergée par un élan d'enthousiasme dès la fin du premier morceau, et cela, jusqu'au dernier ! Enchaînant les « classiques » de Nihiliste(s), tels que On pendra les femmes et les enfants en premier ou encore Mais va vendre ton dédain (petit regret pour ma part : ce fut la même playlist qu'à la Marquise). Le groupe va petit à petit se mettre l'ensemble du public dans la poche. Ce n'est pas l'excellent morceau Au feu le savoir avec son passage à la double qui me contredira ! Après avoir joué ses cinq morceaux, le groupe sera bel et bien obligé d'en remettre une couche face à un public pas encore rassasié ! Alors même si ce rappel se verra un peu pénalisé par quelques bafouillements, cela n'entachera en rien la prestation du groupe. Les lumières se rallument et bon nombre dans la salle se frotte la joue. Ce fut pendant presque une demi-heure une distribution de baffes comme peu de groupes savent le faire !

Pari gagné donc pour le groupe, ce type de prestation ne pouvant qu'effacer par la suite cette dichotomie totalement absurde opposant les fans de « true metal extrême » et cette scène « postcore » de si grande qualité. Celeste n'a pas eu besoin ce soir de maquillage (souvent risible) et de tête de porc empalés sur scène pour convaincre. Leur musique étant bien plus brutale / sombre et surtout efficace que bon nombre de formations de BM risibles. Ils ne viennent peut être pas d'une culture « metal », mais eux, et des groupes tels qu'Amenra, Forceed ou encore Time to Burn, vont obligatoirement rencontrer un franc succès au près d'un public plus large dans les mois à venir car celui-ci ne sera pas toujours dupe. Certains ont fait le choix de privilégier les séances de photos promos sanguinolentes, d'autres ont par ailleurs préféré se focaliser sur la musique et laisser de côté tous ces artifices qui se révèlent être, pour moi et en fin de contre, que du marketing pour ados boutonneux. Croyez-moi, c'est un ex-adepte qui vous parle, qui ne jurait à une époque que pour / par le black. Mais pour en avoir fréquenté quelques-uns et voyant ce qui se trame en fait derrière le / leur décor de pseudo-misanthrope intègre via mon poste de rédacteur adjoint, ces « comédiens » ne méritent pas qu'on s'attarde à leur cas de frustrés, illustration parfaite des rebuts de la société...

fr-fr.facebook.com/celesteband

Après une prestation des plus appréciables de Celeste relatée avec précision par Caedes (la seconde pour ma part, la première m'ayant déjà enthousiasmé lors du Fjord Festival), vient Esoteric, groupe en marge de la scène metal extrême. Pour preuve le public restreint venu ce soir pour assister à un des plus vieux groupes de doom, présenté par quelqu'un dans le public à un curieux comme le groupe "le plus lent de la terre", à savoir le plus extrême dans son genre. Je n'en suis plus sûr aujourd'hui (pensons à Until Death Overtakes Me). Mais en tout cas, les ancêtres du funeral doom actuels avec Thergothon pour sûr. Changement de style, le postcore de Celeste ne fait pas dans l'atmosphérique mais plutôt dans l'écorché, le torturé, malgré quelques passages furtifs sonnant doom, là où Esoteric fait dans le lent, le lourd, l'atmosphérique, l'ambient. Ecrasant donc mais pas de la même façon.

Les 6 musiciens se répartiront la petite scène de la péniche, avec trois musiciens sur la scène, la session batterie-basse-synthé, et les trois guitaristes (oui trois guitares...) au devant. Visuellement, on est évidemment pas dans la déviante goth fashion de certains héritiers du doom. Les membres du groupe portent simplement des t-shirts à l'effigie de formations qui ont eu un impact à un moment donné dans le cheminement des musiciens. Evoken pour le chanteur, vieux groupe de doom américain assez proche dans lequel le leader de Krohm jouait du synthé (comme quoi tout se rejoint). Bolt Thrower puisque le groupe appartient à la scène doom / death, d'ailleurs quelques rares passages death mal placés, inattendus, fades, ont fait taches sur l'ensemble Et Mötorhead qui ne se ressent absolument pas dans la musique du groupe ni l'attitude. En effet, et fort heureusement, Esoteric n'a rien de rock n'roll. Les occasions de voir des groupes de doom sur scène sont assez rares, outre les maîtres et instigateurs du genre (MBD, Paradise Lost, Katatonia, Cathedral) qui chacuns ont évolué. J'ai étrangement rarement pu voir des groupes de doom / death si ce n'est Ataraxie avec son side-projet Funerarium. Et c'est justement un point qui avait fait ombre au tableau, que le côté festif du leader. Concernant Esoteric, celui-ci ne tombe pas pour autant dans une théâtralité inutile (qui peut-être parfaite chez une formation comme MDB ou affligeante chez d'autres). Non, plutôt une sobriété associée à un sérieux permanent : pas de communication avec le public si ce n'est simplement l'annonce des titres. Mais un sérieux des musiciens qui ressentent la musique mais qui également sont concentrés et semblent fort soucieux de la qualité de leur musique. Pour preuve, tout le matériel scénique : le groupe possède un système incroyable de pédaliers. Le chanteur guitariste a d'ailleurs un micro casque afin de pouvoir se concentrer sur la guitare. Je rappelle qu'il y a trois guitaristes et chaque instrument a de nombreux effets. A commencer par les voix et énormément de reverb et d'écho, à tel point que dans la petite salle du Sonic ça s'est transformé un moment en chaos de vibrations (le groupe n'a pas peur des salles de ce genre, ayant joué la veille à Bern avec ShEver dans une salle initialement squat). Le son était d'ailleurs réglé extrêmement fort, probablement là aussi pour bien tout distingué.

Concernant les morceaux joués ce soir, Esoteric excelle particulièrement dans la longueur. A tel point que les deux premiers albums du groupe (Epistemological Despondency et The Pernicious Enigmaactuellement introuvables) sont des doubles CD. Et après deux albums à la longueur traditionnelle (45 minutes, pour Metamorphosismais en 3 titres), avec The Maniacal Valersorti en mai, le deuxième chez Season of Mist, le groupe renoue d'ailleurs avec le format double CD. Ce qui signifie de long morceaux pour un peu plus d'une heure de concert. Après une intro ambiante au synthé, la prestation débute avec le long morceau Circle (initialement 20 minutes), premier titre du dernier album. On notera entre autres Dissident de l'album Metamorphosis (également sold-out, sorti chez Eibon, mais disponible ce soir au stand du groupe). Et un titre de Subconcious Dissolution into the Continuumsorti en 2004. Les morceaux d'Esoteric sont particulièrement longs, comportant des parties internes et ne respectant pas le format couplet / refrain. Et les albums forment cependant un bloc, un doom / death très lourd et atmosphérique avec voix tendance black. Il n'est pas forcément évident de distinguer les titres qui se ressemblent tant ils sont longs et variés sur la longueur. Quoiqu'il en soit, cette prestation d'Esoteric fût massive, atmosphérique et prenante. Il est évident qu'en live ce n'est pas forcément évident, s'agissant à la base d'une musique inhibante et monotone (au bon sens du terme) mais cette prestation fût réussie. Ce n'est d'ailleurs que depuis fin 2005 que le groupe fait des concerts. Une très bonne soirée loin d'être anodine.

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

Esoteric - Lyon, 30/05/2008

www.esotericuk.net

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