12/04/2008
Le Romandie, Lausanne
Cette salle du Romandie ne cessera donc jamais de me surprendre. Enchaînant à un rythme effréné les soirées, toutes plus intéressantes que les autres, c'est au tour, en ce 12 avril, de Knut et de Year Of No Light de fouler les planches de cette superbe salle. La soirée commença plus tard que prévu, l'affluence n'étant pas exceptionnelle... Mais malgré une salle clairsemée, l'ambiance fût bel et bien au rendez-vous !
Year Of No Light, groupe peut-être pas encore assez connu dans les contrées suisses, a décidé de faire une étape à Lausanne dans sa tournée. Malgré le fait que le groupe n'ait rien à promouvoir, il ne se prive pas de faire une tournée européenne en ce printemps (à mon plus grand bonheur !) avant de jouer dans deux des plus grands festivals d'Europe, à savoir le Hellfest et le Roadburn Festival. J'ai eu le plaisir de les voir la veille à Lyon au Sonic en compagnie de Llorah (qui nous faisait là son dernier concert puisque le groupe a splitté) et de Caldera. Et quel concert bordel ! Totalement freestyle, le groupe a eu très peu de temps pour s'installer, j'ai assisté là à mon meilleur concert de Year Of No Light ! D'une très grande intensité, mais également très court, il m'empressait donc de les revoir le lendemain dans d'autres circonstances.
Les bordelais (et parisiens maintenant) nous ont joué trois nouveaux morceaux, ne figurant pas sur l'excellentissime Nord. Qu'on se rassure, Year Of No Light reste du (putain de) YEAR OF NO LIGHT. Toujours ce chant torturé et ces envolés soniques, ces morceaux ne laissent présager que du bon ! Furent également de la partie les morceaux Traversée, L'angoisse du veilleur de nuit d'autoroute les soirs d'alarme à accident (ouf !) et Les mains de l'empereur avec son début pachydermique. Alors même si ces morceaux restent bien au dessus de la masse par leur qualité, il n'en demeure pas moins que ce soir ne fût pas aussi intense qu'à Lyon. Aidé pourtant par un jeu de lumière très pro, le son n'est cependant pas excellent, trop de basse, les mélodies / envolées soniques (qui tiennent une place centrale dans leur morceaux, comme sur le début de Traversée) sont presque inexistantes, vraiment pas assez mises en avant. Le public m'a parut assez froid également quand on compare avec l'accueil qu'il fera à Knut ! Peut-être que pour pas mal de monde ce concert faisait figure de découverte... Un concert donc en demi-teinte, surtout lorsque je le compare à celui qui a eu lieu la veille. Mais, outre ces exigences tout à fait personnelles, assister à un concert de Year Of No Light reste quelque chose, un voyage dans de hautes (atmo)sphères pleine de pureté... Ces deux concerts n'ont fait qu'un peu plus accroître mon impatience, comme si je ne l'étais pas encore assez d'ailleurs... Ayant de plus appris que le groupe allait sortir deux splits, un avec Rosetta et l'autre avec les excellents Time To Burn (outre le fait d'être potes, Johan, bassiste de Year Of No Light mais également boss de Radar Swarm, s'est occupé de la sortie du monstrueux Is.Land en LP), il m'empresse d'écouter tout ça !
Il y aurait ce soi-disant effet de mode de « post-hardcore », je ne compte plus les concerts pourtant où il n'y avait qu'une poignée de personnes en guise de public, étonnant pour un style à la « mode »... Alors en supposant que l'on puisse définir clairement ce style, et que cette étiquette musicale veuille bien dire quelque chose au final, Knut fait figure de référence, malgré le fait qu'ils ne se sentent pas du tout affiliés à ce mouvement. Référence pour plusieurs raisons. Ça fait déjà un sacré moment qu'ils existent, ils n'ont manifestement pas attendu qu'Isis et autre Cult of Luna se fassent connaître du grand public pour composer. Référence aussi dans le sens où chaque nouvel album, comme le dernier en date, à savoir le monstrueux Terraformer (mon album préféré du groupe), surprend ! En perpétuelle évolution, le groupe surprend, inlassablement, laissant de nombreuses formations soit sur le carreau, soit la bouche grande ouverte. Référence également car ces mecs sont tout de même chez Hydrahead, ce qui, il me semble, en dit long aussi sur les capacités et le potentiel de ce groupe suisse. Et puis il y a pas à chier, dans 90% des cas, Knut est cité comme une influence majeure ! Assisté donc à un concert de ce mastodonte n'est pas une chose anodine. On ne va pas voir du Knut comme on va au ciné ou boire un verre ! Knut sur scène, c'est un rouleau compresseur, qui captive l'auditeur du premier coup de médiator jusqu'au dernier ! Je n'avais eu la chance que de les voir une seule fois, c'était l'année dernière à l'excellent festival qu'est le VnV Rock Altitude. Les conditions n'étaient pas excellentes, et pourtant ce concert avait tout de même fait figure d'un aller-retour !
Ce soir fût encore plus intense, totalement fou même, les musiciens se donnant au maximum d'eux, mention spéciale avec applaudissements du jury pour le batteur, totalement possédé qui, derrière une batterie très sobre, à époustoufler toute la salle par son jeu: impressionnant ! Le groupe a pioché exclusivement dans Terraformer et dans Challenger, outre le dernier morceau joué de la soirée, tout du moins avant le rappel, à savoir The Whip issu de Bastardiser. Le concert débute, après une courte intro, par Torvalds. les premières notes très percutantes déboulent et là le ton est donné ! Les autres morceaux joués ce soir de Terraformer ne baisseront pas en intensité, tels sur Kyoto, l'ultra nerveux Seattle ou encore sur Fallujah ! Le reste de la set-list, on pourrait dire la deuxième partie de la soirée, sera composée de morceaux plus anciens, et non des moindres, tels que El Niño reconnaissable dès la première seconde, Neon guide et Bite The Bullet. Sauf erreur de ma part, deux nouveaux morceaux seront également joués ce soir. Alors devant ce déluge de morceaux cultes, on ne peut que rester fixe, la bouche grande ouverte, en admiration, en se demandant où est-ce qu'ils vont bien chercher tous ces putains de riffs ! Ça ne ressemble à rien de ce que l'on connaît, ces mecs sont arrivés à créer leur propre style, leur propre ambiance. Il y a évidemment cette touche hardcore, mais pour ce qui est du reste, difficile de savoir d'où ça peut bien venir ! La salle leur réserve un accueil chaleureux, la température grimpant de plus en plus au fil de la soirée. Pour rien n'arranger, le groupe n'hésite pas à plaisanter avec la fosse, instaurant une ambiance sympathique. Ambiance qui conduira d'ailleurs à un rappel. N'étant manifestement pas assez rassasiée par cette prestation, la fosse en redemanda, entraînant ipso facto un retour sur les planches de la part des musiciens. Seront joués le morceau Ice Will (si j'avais à le résumer en un mots, je dirais : carnage !) et l'enchaînement de deux titres lents, Solar Flare (de Terraformer) et Crouch (autre morceau tiré de Bastardiser) hypnotisant totalement le public du Romandie, avec ce riff revenant inlassablement... Belle manière que celle-ci de clôturer ce set !
Peu de choses à redire. Knut a rappelé à tout le monde, certes avec gentillesse et bonne humeur, qui était le patron. Ce concert se devait d'être une sorte de préparation avant de partir en tournée en fin avril. En jouant une set-list sans réel temps mort, le groupe a bel et bien confirmé son statut de groupe culte. Pour ma part, peut-être un léger regret de n'avoir pas entendu raisonner l'incroyable Wyriwys concernant Year Of No Light). Dommage également qu'un morceau tel que Tu as fait de moi un homme meilleur n'ait pas été de la partie. Après, il est vrai que lorsque l'on voit tous les putains de morceaux qu'ils ont à leur actif, difficile de tous les jouer ! En somme une excellente soirée, je n'en attendais pas moins venant de ces deux groupes, qui a su concilier jeunesse et expérience ! Merci messieurs !